Par Bertrand Morain – gironde@sudouest.fr
Publié le 15/05/2023 à 16h28
Mis à jour le 16/05/2023 à 19h15
Dans le cadre de la Semaine de la mémoire, la mission de préfiguration de la Maison esclavages et résistances a rendu son rapport au maire de Bordeaux, Pierre Hurmic. Le texte propose de l’implanter sur l’ancien site Borifer
Bordeaux poursuit son chemin mémoriel sur la question de l’esclavage. Le 9 mai 2022, le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, confiait à Karfa Diallo la présidence d’une mission de préfiguration chargée de rédiger un rapport, afin de dessiner les contours d’une Maison contre l’esclavage.
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Un comité composé d’une trentaine de personnes issues de la diversité sociale et politique locale a planché dessus. Au cours d’une dizaine de séances, une quarantaine d’experts et d’expertes, allant de l’historienne Julie Duprat à l’ancien footballeur Lilian Thuram en passant par Alain David, député de Gironde, ont été entendus. En parallèle, une consultation citoyenne a aussi été lancée. Un an plus tard, vendredi 12 mai, à l’occasion des Journées de la mémoire, l’équipe de cette mission a officiellement rendu à Pierre Hurmic un rapport rassemblant leurs premières conclusions et les grands axes de leur projet. « Désormais, il faut nous laisser le temps de l’analyser », a indiqué le maire de Bordeaux.
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Une trentaine de personnes ont participé, samedi 28 janvier au Musée Mer Marine, à la première consultation citoyenne pour l’ouverture à Bordeaux d’un lieu de réflexion sur les différentes formes d’esclavage. Une dizaine d’autres sessions de travail sont prévues jusqu’au 28 avril
« Sur le nom, nous étions partis sur la Maison contre les esclavages. La consultation nous a révélé que le terme ‘‘contre’’ suscitait quelques interrogations. Le projet a évolué et c’est comme ça que nous sommes arrivés à l’appellation Maison esclavages et résistances. Des personnes se sont battues dès le départ contre le système esclavagiste. On peut citer la résistance de Victor Schœlcher, fondée sur celle de Toussaint Louverture », raconte Karfa Diallo.
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Des travaux à 5,6 millions
Loin de se cantonner à une dimension historique, le terme « résistance » vise aussi à dénoncer toutes les formes modernes d’esclavage. Pour rappel, en 2017, une équipe de la chaîne de télévision américaine CNN avait filmé, en Libye, une vente aux enchères de migrants réduits en esclavage. Plus récemment, la Chine est au cœur d’accusations concernant le travail forcé de la communauté ouïghoure. « La création de cette maison est aussi un outil de résistance sur les formes d’exploitation contemporaine », souligne Karfa Diallo.
« La création de cette maison est aussi un outil de résistance sur les formes d’exploitation contemporaine »
Le rapport propose aussi d’implanter cette Maison esclavages et résistances sur l’ancien site Borifer, dans le quartier de la Bastide. Le montant estimé des travaux, pour un lieu de 900 mètres carrés, est estimé à près de 5,6 millions d’euros. Le terrain appartient au port de Bordeaux qui, selon Karfa Diallo, reste très ouvert à la discussion.
Pas de validation municipale pour l’heure. À l’instar du reste du projet, la Ville devra étudier la question de la localisation de cette potentielle Maison esclavages et résistances. La mission de préfiguration propose de mettre en place un comité de pilotage technique, d’ici septembre. « La réponse de la mairie me paraît évidente. Maintenant, nous devons savoir à quel rythme nous allons travailler, comment va se construire notre agenda », avance Karfa Diallo.