En raison d’une organisation défaillante, le sommet pour le climat de Glasgow est très difficile d’accès, en particulier pour les représentants des pays les plus affectés par le réchauffement.

Par Cécile Ducourtieux(Glasgow, Ecosse, envoyée spéciale) Publié hier à 10h18, mis à jour hier à 10h38

Des participants patientent avant d’accéder au sommet de la COP26 à Glasgow (Ecosse), le 1er novembre 2021.
Des participants patientent avant d’accéder au sommet de la COP26 à Glasgow (Ecosse), le 1er novembre 2021. FRANK JORDANS / AP

« C’est la COP la moins inclusive que j’ai connue et j’en ai connu huit ! », a lancé d’emblée Dorothy Grace Guerrero, de l’association Global Justice, au début du sommet sur le climat, le 1er novembre. Cette frustration était toujours très présente à l’issue d’une frénétique première semaine de négociations, pour les milliers d’observateurs, membres de délégations et représentants de la société civile qui ont convergé à Glasgow (Ecosse) pour faire entendre leur voix.

De gros problèmes d’organisation ont rajouté au stress d’une conférence hors norme – 30 000 personnes accréditées, venues d’au moins 120 pays différents, des dizaines de tables rondes, conférences de presse ou ateliers pédagogiques simultanés. Les participants ont dû patienter quotidiennement pendant plusieurs heures, sans aucune distanciation physique possible, pour entrer dans l’unique enceinte du Scottish Event Campus, un espace de conférences sans âme le long du fleuve Clyde. La réponse des organisateurs, le gouvernement britannique, au désagrément ? Un mail d’excuses, et des conseils : « En cas de mauvais temps, munissez-vous d’un vêtement approprié. »

Encore plus rude : Karine Elharrar, la ministre de l’énergie israélienne, n’a pas pu accéder à la COP, lundi, les organisateurs ayant refusé que la voiture qui conduisait cette responsable politique se déplaçant en fauteuil roulant entre dans l’enceinte de la conférence. A l’intérieur de cette dernière, il a fallu aussi faire la queue partout. Notamment aux stands de restauration, où les cafés sont facturés 3 livres sterling (3,50 euros) et la portion de soupe cinq livres – des frais qui grèvent les budgets les plus serrés, déjà très éprouvés par les prix délirants pratiqués sans scrupule par nombre d’hôteliers et de loueurs privés sur la plate-forme Airbnb le temps de la COP26.

Contraintes sanitaires

Certains ont même taxé Glasgow de « sommet pour VIP » – on y a croisé le prince Charles, l’acteur Leonardo DiCaprio, ou le patron d’Amazon, Jeff Bezos. Dimanche 31 octobre, le MailOnline a comptabilisé au moins 52 jets à l’aéroport de Glasgow. « Cette COP est un événement de relations presse, une célébration du business comme d’habitude », a tancé l’activiste Greta Thunberg, lors de la manifestation pour le climat qui a rassemblé des milliers de jeunes dans les rues de Glasgow, vendredi 5 novembre.

Le gouvernent britannique s’est défendu en invoquant les contraintes sanitaires liées à la pandémie de Covid-19 : « Il s’agit de la plus grande conférence jamais organisée par notre pays », a plaidé Alok Sharma, le président de la COP26. « Les lieux sont vastes, mais nous avons dû drastiquement limiter le nombre de places dans les salles de réunion, à cause du coronavirus », s’est justifiée Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

Ces contraintes ont tout particulièrement affecté les délégués (négociateurs) et observateurs (membres de la société civile) des pays les plus pauvres et souvent les plus vulnérables au réchauffement climatique, pour qui le déplacement jusqu’à Glasgow s’est avéré très complexe. Croisée dans les allées du sommet, Hilda Flavia Nakabuye, 24 ans, jeune activiste ougandaise et cofondatrice de Fridays for Future Uganda, est très en colère : « Les organisateurs nous avaient promis des vaccins, mais on ne les a pas eus. J’ai dû aller à Nairobi [au Kenya] pour me faire vacciner et, comme les règles pour entrer au Royaume-Uni changeaient tout le temps, je ne savais pas s’il me fallait un visa ou pas. Franchement, cela a été très difficile de venir jusqu’ici pour beaucoup d’entre nous venant des endroits les plus affectés par le réchauffement. »

Egalement rencontrée dans la « zone bleue » du sommet (réservée aux détenteurs d’une accréditation), Estefania McDermot, 19 ans, une activiste venue des îles Caïmans, a bataillé pour aider des représentants des Etats caribéens et des peuples indigènes à entreprendre le voyage. « Heureusement, nous étions très organisés. On a envoyé des milliers de courriels, on a lancé une opération de financement coopératif et on a réussi à décrocher des accréditations à la COP pour 22 personnes. Mais, finalement, on n’a pas pu amener de traducteurs avec nous, on n’avait pas le budget. Et c’est très dommage », regrette la jeune femme

Cécile Ducourtieux(Glasgow, Ecosse, envoyée spéciale)

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