Le pape a aussi confirmé qu’il viendrait au Canada, une visite qui aurait lieu fin juillet.

Le pape en audience publique lit un discours.

Marie-Laure Josselin (accéder à la page de l’auteur)Marie-Laure Josselin11 h 31 | Mis à jour à 13 h 09

Le pape François a présenté ses excuses aux Autochtones canadiens pour les mauvais traitements subis par des membres de l’Église catholique au cours d’une rencontre avec la délégation venue au Vatican.

« Je veux vous dire, de tout mon coeur, je suis vraiment peiné. »— Une citation de  Le pape François en italien aux Autochtones du Canada

Puis a enchaîné : Et je me joins à mes frères évêques du Canada pour vous présenter mes excuses. En septembre 2021, et pour la première fois publiquement, les évêques catholiques du Canada avaient présenté leurs excuses.

Ces excuses ont été plus que bien accueillies par les trois délégations.

« Malgré l’indifférence, les mensonges, le manque de justice pendant plus de 100 ans, le pape François a décidé (…) de dire des mots que les (Autochtones) rêvaient d’entendre depuis des décennies.  »— Une citation de  Natan Obed, président de l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK)

Sur le moment, a-t-il précisé, il n’a pas pu s’empêcher de penser à la façon dont les gens peuvent changer le monde et comment les individus peuvent voir qu’il existe une justice et qu’il existe un chemin vers la justice.

Le chef de la délégation des Premières Nations, Gerald Antoine, a reçu ces excuses comme des traces fraîches d’orignal dans la neige alors qu’il fait mauvais temps et qu’il faut nourrir la famille. Mais que le travail n’est pas fini.

Une venue au Canada cet été

Mais les trois délégués ont néanmoins rappelé qu’ils souhaitent que le pape s’excuse lors de sa venue au Canada.

« C’est un premier pas historique, mais ce n’est qu’un premier pas. Le prochain est qu’il s’excuse à nos familles sur leurs terres.  »— Une citation de  Gerald Antoine, chef de la délégation des Premières Nations.

Le pape a en effet confirmé qu’il viendrait au Canada, sans préciser exactement quand, mais a dit : pas en hiver, sous le ton de l’humour. Le pape a parlé de la période aux alentours de la Sainte-Anne, célébrée le 26 juillet. Il s’agit d’une fête importante pour les Premières Nations, en particulier pour les Innus qui se réunissent au Québec à Sainte-Anne-de Beaupré, y établissant même campement traditionnel.

Se réjouissant de la vénération qui s’est répandue parmi beaucoup d’Autochtones, selon ses mots, il a lancé : cette année, je voudrais être avec vous pendant ces journées.

Les délégués autochtones ont aussi fait part de leur désir d’être impliqués dans la planification de ce voyage. Nous voulons être des partenaires actifs dans la planification mais aussi du choix des sites et lieux que le pape visitera. Pourquoi? Parce que c’est notre maison, a lancé Gerald Antoine.

Si ce n’est pas le cas, ce serait une déception, a-t-il précisé.

La présidente du Ralliement national des Métis, Cassidy Caron, a vu les larmes jaillir des yeux de la survivante de pensionnat, Angie Crerar, quand le pape a présenté ses excuses, un moment très émouvant. Raison pour laquelle, elle va continuer de plaider pour que le pape vienne partager ses mots, ses sentiments au Canada car ces mots vont être importants pour les survivants.

Un pape indigné et honteux

En écoutant les voix des Autochtones venus raconter leurs récits, le pape a dit avoir été profondément attristé par les histoires de souffrance, d’épreuves, de discrimination et de diverses formes d’abus que certains d’entre [eux] ont subies, presque particulièrement dans les pensionnats.

Tout cela m’a fait ressentir très fortement deux choses, l’indignation et la honte, a-t-il répétant plusieurs fois, j’ai honte.

Lors de son discours, il s’est dit frappé par la sagesse traditionnelle qu’il a entendue lors des trois rencontres distinctes avec les Métis, les Inuit et les Premières Nations.

Une belle image revenait sans cesse. Vous vous êtes comparés aux branches d’un arbre. Comme ces branches que vous avez déployées dans différentes directions, vous avez connu différentes époques et saisons et vous avez été secoués par des vents puissants. Pourtant, vous êtes restés solidement ancrés à vos racines, que vous avez gardées fortes, a dit le pape.

À surveiller

Dès 9 heures, notre émission spéciale présente des extraits de l’allocution du pape, la conférence de presse des représentants autochtones et des évêques catholiques canadiens, ainsi que les analyses de nos collaborateurs. L’émission sera également diffusée sur la page Facebook d’Espaces autochtones et sur le compte YouTube Radio-Canada Info.

Néanmoins, il a enchaîné en lançant que cet arbre, riche en fruits, a subi une tragédie qui a été décrite par les Autochtones ces derniers jours : le drame du déracinement.

Par ce fait, a affirmé le pape, un grand tort a été causé à votre identité et à votre culture. De nombreuses familles ont été séparées. La communauté et un grand nombre d’enfants ont été victimes de ces tentatives d’imposer une uniformité basée sur la notion que le progrès passe par la colonisation idéologique.

Malheureusement, cette mentalité coloniale est encore très répandue, a-t-il poursuivi.Un homme joue du tambour devant le pape.

L’Inuit David Serkoak a offert une prestation de ses talents au tambour devant le pape François au Vatican.

Photo : Corey Hobbs

Danses, tambours et violons devant le pape

Près de 200 personnes, en très grande majorité des membres de Premières Nations, des Inuit et des Métis du Canada, ont assisté à l’audience publique avec le pape François. Une audience qui est survenue après une série de rencontres avec chaque délégation et au cours desquelles il a été question des pensionnats pour Autochtones et de leurs impacts.

Elle s’est tenue dans la Sala Clementina, l’une des salles du palais apostolique, située à côté de la basilique Saint-Pierre au Vatican. Cette salle est utilisée par le pape pour des réunions d’une importance particulière, notamment pour le corps diplomatique accrédité.

Des performances de tambour inuit, de danses et de violons ont eu lieu, ainsi qu’une distribution de cadeaux. Des lettres contenant des témoignages ont notamment été remises au souverain pontife. Brianna Lizotte

La Métisse Brianna Lizotte a joué du violon devant le pape.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

Juste avant de rencontrer le pape, la Métisse Brianna Lizotte s’est dite nerveuse et excitée, car elle a joué du violon devant le pape. Je vais imaginer mes ancêtres et ma famille jouer avec moi, a-t-elle lancé.

Organisé par la Conférence des évêques catholiques du Canada, le voyage vise à aborder avec le pape la question de la présentation d’excuses de l’Église catholique pour son rôle dans les mauvais traitements subis par les peuples autochtones ainsi qu’un éventuel voyage au Canada.

Images liées:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.