C’est au début du mois de février 1939 que les réfugiés espagnols ont été enfermés dans le CAMP DE CONCENTRATION DU VERNET D’ARIÈGE après leur exode, la fuite devant les armées de Franco, appelée « la Retirada », notamment les hommes de la 26ème division qui porte le nom de DURRUTI, de l’armée républicaine

Jusqu’au mois d’août 1939 le camp est sous la tutelle du ministère des armées. Ce n’est qu’en septembre 1939 qu’il passe sous la responsabilité du ministère de l’intérieur.

Il deviendra alors un camp où les « indésirables étrangers » seront internés de façon arbitraire sans possibilité de recours en justice : c’est un internement politique issu d’une décision administrative du gouvernement Daladier. En effet les réfugiés sont innocents aux yeux de la Justice française…

Le camp est principalement divisé en trois : le quartier A pour les internés de droit commun, le quartier B pour les internés politiques, le quartier C pour les internés « suspects » d’un point de vue national.

Pour tout logement les internés s’entassent dans des abris improvisés dans l’urgence, des baraques en bois fichées à même le sol. La surface est de 198mètres carrés sur laquelle peuvent s’entasser entre 180 et 200 personnes, soit un espace vital de 0,66 mètres carrés…. La température descend en février régulièrement sous 0 degré, sous les pluies torrentielles le camp se transforme en marécage, il n’y a pas même un réseau d’égout, d’où l’insalubrité et les nombreux décès pour cause de typhus.

     Les conditions de détention sont déplorables : nourriture insuffisante, hygiène inexistante, très grande promiscuité, le tout encadré par une discipline très stricte. L’absence d’intimité physique alliée à une censure du courrier expédié et reçu s’ajoute au mal être qui règne dans le camp. Les internés sont fichés par des inspecteurs de la Sûreté Nationale et soumis à des peines disciplinaires dont l’issue est parfois fatale. À ces conditions catastrophiques s’adjoignent les souffrances psychologiques liées au fait que les internés ne savent pas de quoi sera fait leur lendemain. Par-dessus tout, les internés subissent des appels quotidiens répétés et interminables où il faut rester debout de nuit comme de jour par tous les temps.

Cela conduira à la révolte du 26 février 1941. (épisode traité sur le panneau 10)

Elle sera durement réprimée et 98 internés seront alors envoyés en déportation vers le camp de concentration de Djelfa en Algérie.

Mais au Vernet comme à Eysses, quelques professeurs organisent une « école » avec au menu enseignement (beaucoup d’internés sont analphabètes) et culture, ceci malgré la défaite, malgré la privation de liberté car le culturel se vit au quotidien mais reste aussi un espoir d’avenir !

Bruno Frei, écrivain interné, décrit cette révolte dans son livre « LES HOMMES DU VERNET ». Beaucoup d’artistes, de peintres, d’intellectuels sont internés dans le camp du Vernet en raison de leurs idées et de leurs engagements politiques comme Arthur Koesler, l’auteur de « LA LIE DE LA TERRE » qui parle de son internement dans ce camp.

Le recueil de nouvelles de Friedrich WOLF, interné lui aussi au Vernet, « Jules », est un tableau saisissant de ces personnalités à qui le combat solidaire a rendu leur dignité d’homme citoyen. Ceux qui « refusent de s’écraser sous la table comme un chien » peuvent être mis au cachot, mais ses copains lui apporteront une fleur en signe d’amitié et de soutien. Ce livre de nouvelles, édité par le Camp du Vernet peut vous être envoyé par courrier.

Pendant l’été 1942, l’État français de Pétain collaborationniste du nazisme, décide de rafler les familles juives dans toute la France, que ce soit dans la zone occupée par les allemands ou en zonz libre. En Ariège, les rafles antisémites ont eu pour cibles des familles juives assignées à résidence à Aulus-les-Bains ainsi que les enfants juifs du CHÂTEAU DE LA HILLE.

 Sur les 96 enfants raflés, les 40 enfants raflés à la Hille seront sauvés grâce à la détermination de madame et monsieur Dubois et de Rösli Naf. Ils interviendront à Vichy auprès de Laval, ministre de l’Intérieur, à Berne au siège de la Croix Rouge Suisse et Rösli Naf ira lui-même se poster à l’entrée du camp du Vernet pour récupérer « ses enfants ». Leur abnégation paiera et les 40 enfants retourneront au Château. Un autre enfant raflé à Aulus-les-Bains, Isi Véléris, sera sauvé de la déportation grâce à sa mère qui le confiera à la colonie de la Hille. Les 46 autres âgés de 2 à 17 ans, mourront tous à Auschwitz.

4679 personnes seront déportées, sur les 30 000 environ qui ont été internées. Nous avons recensé 26 convois entre le 9 mars 1941 et le 30 JUIN 1944, date de la fermeture du camp de concentration du Vernet d’Ariège.

La Troisième République Française, puis l’État Français ont administré ce camp de février 1939 au 10 juin 1944. Puis une unité de l’armée allemande en a pris le commandement pour le vider en 2 convois.

Le 20 juin 1944 une cinquantaine d’internés seront déportés vers Dachau. Le 3 juillet, les 403 dernières personnes internées, 398 hommes et 5 femmes, seront déportées par le convoi tristement célèbre appelé « LE TRAIN FANTÔME », et, parmi eux Gregorio VILLELAS, un Néracais, qui parviendra à s’échapper du train pour rejoindre le maquis dans la vallée du Rhône. D’autres Néracais seront récupérés par ce même train à la prison St Michel de Toulouse, puis au Fort du Hâ de Bordeaux : ce sont Marcel BACQUENOIS (rescapé), Marcel BETTEMBOURG (mort en déportation), Jean GOUX (rescapé). Le train mettra presque 2 mois pour atteindre ses destinations finales : le camp de concentration de Dachau pour les hommes le 28 août, et le camp de concentration de Ravensbrück pour les femmes début septembre.

C’est seulement le 30 juin 1944 que le camp fut officiellement fermé.

Vous découvrirez tout cela et bien plus au fil des 14 tableaux exposés à la médiathèque.

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