Cette librairie, véritable institution dans la bande de Gaza, a été totalement détruite par une frappe israélienne le 18 mai dernier. Grâce aux dons de nombreux anonymes sur internet, Samir Mansour a pu construire un nouveau magasin et s’apprête à ouvrir à la fin du mois.

Marion Lagardère Radio France Publié le 06/12/2021 08:59 Mis à jour le 06/12/2021 09:43 Temps de lecture : 2 min.

Samir Mansour devant sa librairie bombardée à Gaza, le 22 mai 2021. (EMMANUEL DUNAND / AFP)
Samir Mansour devant sa librairie bombardée à Gaza, le 22 mai 2021. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

C’est à Gaza, en Territoire palestinien, que Samir Mansour, 54 ans, va donc ouvrir sa deuxième librairie. Deuxième, parce que la première a disparu, bombardée par l’aviation israélienne le 18 mai dernier lors du dernier conflit israélo-palestinien, réduite à l’état de gravas en quelques secondes. Ce jour-là, à six heures du matin, Samir Mansour était encore chez lui. Il venait de se lever, et en allumant la télé il a vu que le quartier où se situait sa boutique venait d’être visé par plusieurs frappes. Il fonce immédiatement sur place mais ne découvre que ruines et poussière, et des dizaines de milliers de livres partis en fumée. “Vingt ans de ma vie, dit-il au journal The Guardian, tout ce pour quoi j’avais travaillé, je l’ai vu détruit devant mes yeux.

Cela a a été un choc de réaliser que je pouvais être une cible, j’ai travaillé au milieu des livres toute ma vie, j’ai commencé avec mon père à 12 ans, je ne suis affilié à aucun groupe politique, bien sûr j’ai grandi dans un territoire en guerre mais je ne m’étais pas préparé à ça.Samir Mansour, libraire à Gaza

au Guardian

Samir Mansour n’est pas le seul à pleurer ses livres puisque sa librairie était la plus grande de Gaza, une institution, connue de tous, rassemblant romans, poésie, philosophie, ouvrages pour enfants, un des rares endroits où les lecteurs pouvaient se retrouver, prendre un café en lisant, oublier la guerre. Oublier la violence. C’est ce qu’a fait d’ailleurs le libraire lui-même, Samir Mansour, qui a fini par oublier qu’il pouvait être touché. L’autre chose à laquelle il n’était pas préparé, c’est immense élan de solidarité qui s’est levé. En quelques heures, il a vu ses clients arriver, l’aider à retourner les gravats, sortir les livres, sauver l’essentiel.

Très vite, la nouvelle a traversé les frontières. Si bien que, dès le lendemain, une cagnotte de soutien a été ouverte sur internet et des anonymes du monde entier ont fait des dons : 243 000 dollars au total pour l’aider à reconstruire. D’autres ont envoyé des livres pour refaire le stock. Et sept mois plus tard, après de nombreuses difficultés pour trouver de quoi bâtir une nouvelle boutique en plein blocus, Samir Mansour va enfin pouvoir ouvrir, là dans quelques jours, en trois fois plus grand. Il l’annonce au Guardian, plein d’espoir et de reconnaissance, “parce que malgré l’embargo, conclue-t-il, on gère et on survit.”

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