Mort le 22 septembre 2007, il est l’un des artistes français les plus connus dans le monde. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Marcel Mangel et sa famille se réfugient à Limoges. C’est là qu’il s’engage dans la Résistance et choisi son nom, Marceau, qui deviendra son nom de scène : le mime Marceau.

Publié le 22/09/2021 à 11h00 • Mis à jour le 22/09/2021 à 11h40

Le mime Marceau se prépare avant son spectacle “Les matadors” sur la scène de l’Ambigu, le 19 septembre 1958 à Paris. • © AFP

Haute-Vienne Limoges

Il y a quatorze ans jour pour jour, le 22 septembre 2007, mourrait, à l’âge de 84 ans, l’un des artistes français les plus connus à travers le monde : Marcel Marceau, dit le mime Marceau. Célèbre pour son emblématique personnage silencieux de Bip, créé en 1947, il permettra de remettre sur le devant de la scène l’art du mime.

Avant de devenir l’acteur français que l’on connaît, le mime Marceau était Marcel Mangel. Et ce que l’on sait moins, c’est son histoire, profondément liée à celle de Limoges. La ville haut-viennoise fut, durant quatre ans, un lieu de refuge pour lui ainsi que pour sa famille. C’est à Limoges où il passe de l’adolescence à la maturité, imposée par la dureté de la guerre. Derrière lui, Marcel Mangel a laissé des traces discrètes, mais réelles, tout comme l’art qu’il choisira quelques années plus tard.

1940-1941 : installation des Mangel à Limoges

Marcel Mangel, né le 22 mars 1923 à Strasbourg, vit avec son père Charles Mangel, sa mère Anne, née Werzberg et son frère Simon. Au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1939, Marcel est âgé de 16 ans et doit, avec sa famille juive, d’origine polonaise, quitter sa ville natale. La famille s’installe un temps à Périgueux (Dordogne), plus précisément à Chancelade, comme le révèlent les recherches de Bernard Pommaret des archives départementales de la Haute-Vienne. C’est l’année suivante, le 9 mars 1940 que le père de Marcel, s’installe à Limoges et devient salarié d’une boucherie (boucherie Buchinger), rue Jules Guesde.

Rue Jules Guesde aujourd’hui : aucune trace de la boucherie où travaillait Charles Mangel, père de Marcel Mangel. • © Olfa Ayed – France Télévisions

Marcel et Anne le rejoignent en 1941. Ils emménagent à Beaumoulin ou Beau de moulin, un lieu-dit situé dans la partie de l’actuelle avenue Baudin, parallèle à la rivière (précédemment nommée Nouvelle route d’Aixe), informe Bernard Pommaret. Plusieurs familles juives y ont résidé durant l’Occupation en 1941. Son frère Simon, alors résistant, membre de l’organisation Front National, Francs-tireurs et partisans (FTP) Dordogne Nord, semble être resté, lui, à Périgueux.

Marcel entre au Lycée Gay-Lussac, au deuxième trimestre soit au début de l’année 1941. Il est un élève avec du potentiel mais avec trop d’absences, comme le révèlent ses bulletins scolaires des années solaires 1940-1941 et 1941-1942, préservés aux archives départementales de la Haute-Vienne.

Marcel Mangel a intégré le lycée Gay-Lussac en cours d’année, dès le deuxième trimestre, probablement en janvier 1941, au moment de son installation dans la ville. • © Cote Archives départementales de la Haute-Vienne 1590 W 19

Marcel Mangel n’a étudié qu’un trimestre au lycée durant l’année 1941-1942. Bon élève mais trop absent, le jeune homme, âgé de 18-19 ans était en parallèle élève à l’école des arts décoratifs de Limoges et commence, en 1942 son engagement dans la Résistance. • © Cotes Archives départementales de la Haute-Vienne 1590 W 20

En 1941, Marcel Mangel franchissait les marches de ce lycée. • © Olfa Ayed – France Télévisions

En parallèle, dès son arrivée à Limoges, Marcel intègre l’école des arts décoratifs de Limoges, dont les locaux étaient autrefois au sein du Musée de la céramique Adrien Dubouché. Il l’intègre en 1941, comme le révèle un registre, retrouvé par l’Ecole national Supérieur d’art (ENSA), où est inscrit son nom et prénom ainsi que sa date et lieu de naissance et son adresse.

Photo de la page du registre des anciens étudiants de l’année 1941-1942. Le nom de Marcel Mangel y est inscrit, preuve de son passage. • © École Nationale Supérieure d’Art

Jusqu’à l’année 1943, l’élève Mangel s’exerce à la céramique. Le Musée Adrien Dubouché, qui abritait autrefois l’école des arts décoratifs et donc lieu où il a étudié, a retrouvé une œuvre du futur mime Marceau : une plaque de porcelaine (d’une dimension de 19,5 x 12 cm), au décor en relief, représentant un accordéoniste et une danseuse.

Photo d’une pièce signée Marcel Mangel. Il s’agit d’une plaque de porcelaine (d’une dimension de 19,5 x 12 cm), au décor en relief, représentant un accordéoniste et une danseuse. Au dos, la signature de Marcel Mangel et la date de création • © Musée national Adrien Dubouché

C’est par cette porte que les élèves, dont Marcel Mangel, effectuaient leur entrée à l’école. • © Olfa Ayed – France Télévisions

L’ancienne salle d’émaillage des élèves, un lieu où a dû passer Marcel Mangel, alors élève à l’école. • © Olfa Ayed – France Télévisions

1942 : entrée dans la Résistance de Marcel “Marceau”

A côté de sa vie de lycéen et d’élève en arts, Marcel Mangel devient, en 1942 moniteur de théâtre à Montintin. Ce château, situé en Haute-Vienne, a été un haut lieu d’hospitalité d’une centaine d’enfants juifs, menacés par les nazis entre 1940 et 1942.

Et en autres activités, les enfants recevaient des cours de théâtre de Marcel Mangel. Il participa même à la fuite d’une trentaine d’enfants vers la frontière Suisse avec son cousin germain, Georges Loinger (1910-2018), grand résistant. Grâce à son talent d’acteur, Marcel Mangel permet aux enfants, confrontés à la peur, de rire et de dédramatiser une situation tendue.

Des enfants au château de Montintin pendant la Seconde Guerre mondiale • © Mémorial de la Shoah
 

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