Samedi 6 novembre.  Glasgow, Berlin, Paris, Bruxelles, Stockholm, Zurich, New York et où sais-je encore, partout des milliers de personnes défilent pour le climat afin de mettre une pression maximum sur les chefs d’états qui décident, ou pas, plutôt pas hélas, de l’avenir de l’humanité sur la planète dans le cadre de la COP 26.  La planète qui s’en tape bien de la présence de l’homme, voire qui se portera mieux sans lui. J’avais noté cette date sur mon agenda manif climat. A ne pas rater, moins que jamais. Je surveillais fb, mes mails, rien à l’horizon, pas d’appel. Sur le net hier le quotidien Sud Ouest annonce 4 manifs pour le we mais rien sur le climat ; ce samedi les anti vax et les gilets jaunes contre l’augmentation du carburant.

                     La faute aux immigrés

Vérification faîte auprès de quelques ami-e-s écolo, il s’avère qu’il n’y aura rien du tout à Bordeaux. Nous décidons de marcher quand même seul-e-s, autour des ponts. La ville est gavée, les quais sont noirs de monde, il fait un grand soleil, visiblement, le climat paraît bien le dernier souci des promeneurs. Entre vélo, trottinettes, skates, famille à poussettes, nous tentons de soutenir une marche rythmée. Le soleil frappe au centre de la carafe de la Cité du Vin qui renvoie un rayon puissant.  Pause sur le pont Chaban qui vibre sous le passage des véhicules, le fleuve est lumineux comme un miroir. Nous découvrons au niveau des Chartrons un haut bâtiment carré qui nous parait juste sorti de terre. Au-delà du pont sur la rive droite, se dressent des immeubles en chantiers, vraies cages à poule, un bâti très dense, quasiment à l’aplomb du fleuve. Je ne résiste pas à la photo quand une dame, la cinquantaine, m’interpelle en riant et se propose comme modèle. Je fais une réponse idiote du genre, ce sera mieux que ces vilains bâtiments que je m’apprêtais à mettre dans mon portable. J’eus aussitôt droit à un c’est la faute aux émigrés qui font ces saloperies en béton, c’était parti, j’avais appuyé sur le mauvais bouton. J’ai eu droit à tout, ceux-là qui mange notre pain, avec référence à la malheureuse et fameuse phrase de Michel Rocard, nous n’avons pas vocation à accueillir toute la misère du monde, en oubliant comme toujours qu’il concluait par mais nous devons prendre notre part.

Quai de la Garonne rive droite Ph JF Meekel

   Le Covid une invention pour en finir avec les GJ

Puis c’est parti sur le Covid, cette pseudo pandémie créé de toute pièce pour mettre fin au mouvement des Gilets Jaunes. Bien sûr que ce n’est pas la faune sauvage qui en est responsable, d’ailleurs, il n’y a plus d’animaux sauvages, les chasseurs les ont tous tués, et ces pauvres animaux d’élevage qu’on massacrent dans les abattoirs. etc., etc. Je tentais d’argumenter, en vain. Le ton montait, les propos devenaient véhéments souvent, les autres marcheurs se tenaient coi, mais semblaient ne pas en perdre une miette. Puis vint quelque chose qui fut comme un aveu, une explication possible de sa grande colère : elle était au chômage et quand elle était intéressée par un emploi, elle était en concurrence avec des milliers d’autres dit-elle.

                   L’ombre d’un sale type

J’essayais de lire dire de ne pas se tromper d’ennemis, de lui glisser que pauvres et migrants avaient le même adversaire, ceux-là qui pratiquent par dizaines de milliards des évasions fiscales, les mêmes qui ont délocalisé tous les emplois industriels, de faire la différence entre le vaccin indispensable et la passe-sanitaire en effet discutable. Sa colère était trop grande, et sa confusion itou. Je voyais se profiler derrière ses propos l’ombre d’un sale type qui surfe sur le mal-être ambiant, lui et d’autres qui lui suce la roue. Je voyais l’incapacité dans laquelle se trouve les « progressistes » de contrer les discours délirants qui courent le net, l’extrême droite qui phagocyte gilets jaunes et antivax, la fragmentation, la segmentation des luttes. Pourtant je ne vois pas ce qu’il y a de plus important aujourd’hui que de se battre pour la survie de l’Humanité, un combat qui contient tous les autres. C’est pas gagné !

De guerre las, j’ai aussi lâché la partie, à regret mais avec le sentiment qu’elle était perdue, là, dans l’urgence et qu’il faudrait plus de temps et d’autres conditions pour l’aider à changer de logiciel… J’ai accéléré.

              Jean-François Meekel  

Images liées:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.