Soufiane Khabbachi

15 000 médecins algériens exercent déjà en France. © Eric Audras/GettyImages

En pleine crise sanitaire, quelque 1 200 médecins s’apprêteraient à quitter le pays pour aller exercer en France. En cause, des conditions de travail déplorables.

Le chiffre, révélé le 5 février par le docteur Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), a créé la polémique. Au moment où plusieurs régions doivent faire face à un déficit patent en matière d’infrastructures et de médecins, et où l’Algérie subit de plein fouet l’épidémie de Covid-19, 1 200 médecins, de différentes spécialités, s’apprêteraient à quitter le pays après y avoir été formés pour aller exercer en France.

Depuis plusieurs jours, les médias locaux s’alarment et s’interrogent sur les causes de cette hémorragie. Selon le président de l’Ordre national des médecins, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, 15 000 médecins algériens exerceraient en France.

Concours d’équivalence

Cet exode massif peut s’expliquer en partie par le succès que rencontrent les praticiens algériens au concours d’équivalence mis en place par la France. Avec une à deux sessions organisées chaque année, cette épreuve permet à un médecin ayant obtenu son diplôme hors de l’Union européenne de pouvoir pratiquer sa profession dans l’Hexagone.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les 2 000 candidats reçus à l’issue de l’épreuve, issus de plus d’une vingtaine de pays, 1 200 sont de nationalité algérienne.

Autre explication, le grand déséquilibre entre l’offre et la demande. De nombreux médecins fraîchement diplômés se retrouvent au chômage faute de postes disponibles, les secteurs privé et public étant saturés. En outre, la France souffre d’une telle pénurie de médecins hospitaliers qu’elle accueille désormais à bras ouverts les praticiens formés à l’étranger .

Interrogé sur le sujet, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a déclaré que le phénomène n’était pas propre à l’Algérie, citant les exemples de l’Égypte et de l’Inde, qui sont, selon lui, autant touchées par l’exode des praticiens.

Depuis l’annonce du président de la SNPSP, de nombreux médecins ont pris la parole pour dénoncer leurs conditions de travail, qu’il s’agisse du niveau des salaires au regard de l’investissement consenti (en général douze années d’études), ou de l’absence d’infrastructures adaptées pour effectuer correctement leur métier.

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