L’ancienne garde des sceaux hésiterait pour 2022, mais le temps presse, et au moins huit candidats de gauche se sont déjà déclarés. Pour l’instant, elle reste muette, et terriblement secrète quant à ses intentions.

Par Laurent Telo Publié aujourd’hui à 10h07, mis à jour à 11h33

Christiane Taubira, en 2016 à New York.
Christiane Taubira, en 2016 à New York. JEWEL SAMAD / AFP

Christiane Taubira hésiterait à présenter sa candidature à l’élection présidentielle. A gauche, on ne parle que de cela. Il a suffi d’un article sur le site de BFM-TV, mardi 7 décembre, rapportant des confidences de l’entourage de l’ancienne garde des sceaux sur ses possibles intentions, pour que le cœur d’une partie des électeurs socialistes, humanistes, et au-delà, s’embrase. Ils sont persuadés que seule Christiane Taubira peut réveiller dare-dare la campagne à gauche et unifier celle-ci, morcelée, divisée entre trois principaux candidats : Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, qui clament qu’ils iront au bout coûte que coûte, sans qu’aucun décolle dans les intentions de vote.

Cependant, pour l’instant, Christiane Taubira reste muette et terriblement secrète quant à ses intentions finales. « Personne ne sait. A part elle », résume Guillaume Lacroix, patron du Parti radical de gauche (PRG), dont est issue Christiane Taubira. Ce que l’on sait avec plus ou moins de certitudes, c’est qu’elle est à Paris, qu’elle a concédé quelques apparitions médiatiques, que, de manière plus confidentielle, elle multiplierait les coups de fil ou les entrevues avec les dirigeants des différents partis de gauche, et que son état d’esprit a changé. Il y a quelques semaines, poussée par son entourage proche, qui la suppliait, jusqu’à désespérer, de se présenter, elle avait opposé un « non » catégorique. Le peu d’envie et le souvenir amer de l’élection présidentielle de 2002 – elle s’était présentée, contribuant à l’élimination de Lionel Jospin au premier tour – la dissuadaient de franchir le pas. Mais l’atonie de la précampagne de la gauche, son incapacité à imposer ses thèmes, au contraire de la droite ou de l’extrême droite, et la percée d’Eric Zemmour dans les sondages l’auraient incitée à réfléchir.

Un savoir-faire de la répétition

On sait aussi qu’elle entretient d’excellentes relations avec la Primaire populaire, ce collectif citoyen qui veut unifier la gauche derrière un candidat unique choisi par la société civile. A ce jour, 220 000 participants se sont inscrits et choisiront, au début de 2022, leur candidat parmi ceux qui sont présélectionnés. Pour l’instant, l’ancienne ministre est en tête. Si aucun des candidats officiels n’a décidé de se soumettre à ce vote, Christiane Taubira n’a jamais fermé la porte. « La Primaire populaire est peut-être une échéance de discussion », a t-elle lâché sur le plateau de « Quotidien », sur TMC, dont elle était l’invitée. De là à se présenter… Car sa candidature vient buter sur un principe de réalité incompressible. A quel parti politique pourrait-elle s’adosser, qui lui fournirait équipe de campagne et moyens financiers ? Le parti socialiste ? EELV ? Il faudrait qu’Anne Hidalgo et Yannick Jadot soient d’accord pour se retirer. Dans l’entourage de Christiane Taubira, on craint qu’il ne soit trop tard. D’ici à la mi-décembre, elle devrait se fendre d’une lettre ouverte et solennelle pour affiner ses positions.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas la première fois que Christiane Taubira se fait ainsi désirer. Depuis deux ans, en laissant planer le doute au détour d’une déclaration ou d’une prise de position, elle use d’un savoir-faire de la répétition qui la replace, par intermittence, au centre des débats à gauche. Une manière de peser – sa voix et sa puissance politique portent – et aussi une façon d’exister. Si jamais Christiane Taubira se présente, il y aurait neuf candidats de gauche sur la ligne de départ pour la présidentielle. Le compte est bon ? Le 22 janvier 2022, Jean-Christophe Cambadélis, ancien premier secrétaire du PS et candidat à la candidature de recours si Anne Hidalgo reste encalminée, devrait publier un ouvrage politique, Hier, aujourd’hui et demain (VA éditions). Trois jours plus tôt, Bernard Cazeneuve, l’ancien premier ministre de François Hollande, qui jure ses grands dieux qu’il ne songe pas une seconde à se présenter, devrait publier le sien, intitulé Le sens de notre nation (Stock). Sûrement tout un programme.

Laurent Telo

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