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Dégradation « raciste » d’une statue à Bordeaux : c’était en fait un moulage par un étudiant en art
La statue à l’effigie de Modeste Testas avait été découverte lundi matin badigeonnée de couleur blanche jusqu’au buste. © Crédit photo : Thomas Dusseau Par Sudouest.fr


Publié le 14/09/2021 à 13h55
Mis à jour le 14/09/2021 à 21h49 Considérée comme un acte à caractère raciste, la dégradation de la statue de l’ancienne esclave Modeste Testas s’est révélée « être un moulage effectué par un étudiant en art », informe la mairie de Bordeaux. Elle a retiré sa plainte tout en soulignant « le caractère inviolable des monuments et œuvres d’art »

La dégradation de la statue de l’ancienne esclave Al Pouessi, également nommée Modeste Testas, s’est révélée « être un moulage effectué par un étudiant en art, sans aucune autorisation préalable de la Ville », a informé ce mardi midi la mairie de Bordeaux dans un communiqué de presse.

Lundi matin, la découverte sur les bords de Garonne de l’œuvre d’art badigeonnée de couleur blanche jusqu’au buste avait suscité une vague de réactions et d’indignations, notamment chez plusieurs élus qui dénonçaient un acte « raciste » ou encore « profondément révoltant ». Sur le même sujet

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Sur les réseaux sociaux, l’association Mémoires et partages utilisait quant à elle le terme « sabotage » et annonçait son intention de porter plainte contre X. La mairie avait également saisi la justice

« L’étudiant a fait savoir qu’aucune motivation raciste n’avait dicté cette action. Pour autant, on ne saurait accepter et cautionner cette initiative isolée et pour le moins malheureuse qui a heurté nombre d’observateurs attachés à la mémoire que représente cette statue », poursuit la mairie. Joint par nos confrères de Rue89Bordeaux.com, l’étudiant en art, qui a souhaité rester anonyme, a affirmé qu’il réalisait un travail sur « l’héritage colonial et esclavagiste de la ville ».

« Ils étaient trois »

Cette thèse est corroborée par le témoignage d’un couple de Bordelais qui dit avoir observé plusieurs jeunes dimanche soir autour de l’œuvre de Woodly Caymitte : « Ils étaient trois, autour de 20 ans, plutôt très jeunes. Deux filles et un garçon », précise Chloé. « En passant à vélo, nous les suspections déjà un peu, alors dans le doute nous avons fait demi-tour pour demander ‘‘naïvement’‘ ce qu’ils faisaient. Ils nous ont répondu qu’ils faisaient un moulage, qu’ils avaient encore plusieurs couches à mettre et voulaient répliquer la statue », témoigne-t-elle.

« La plainte déposée hier a été retirée », informe la Ville, soulignant « le caractère inviolable des monuments et œuvres d’art présents dans l’espace public et le strict respect qui leur est dû, en particulier ceux honorant la mémoire de victimes de crimes contre l’humanité ».

De son côté, l’association Mémoires & Partages ne compte pas passer l’éponge sur cette affaire : « Cet acte nauséabond, dans son intention comme dans les formes de sa réalisation, démontre s’il en était besoin à la fois la faible conscience de l’importance de la mémoire de ce crime contre l’humanité et le manque de signalisation municipale dans une ville qui fut le premier port colonial français et qui a persisté dans son amnésie pendant très longtemps. On ose à peine imaginer un tel acte à l’endroit d’autres lieux de mémoire de crimes contre l’humanité ! 

Mémoires & Partages annonce qu’elle maintient sa plainte contre l’auteur de la dégradation « car nous sommes là en présence d’un délit, malgré le caractère « artistique » avancé par l’auteur ». L’association demande à la Ville de Bordeaux de « renforcer la sanctuarisation de cette statue par une signalétique et une délimitation suffisamment informatives sur le sens de ce lieu de mémoire »

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