America Lopez et Marie-Pierre Dabrigeon

Des parents d'élèves ont passé la nuit du 30 novembre au 1er décembre dans l'école élémentaire de la Benauge, à Bordeaux.
Des parents d’élèves ont passé la nuit du 30 novembre au 1er décembre dans l’école élémentaire de la Benauge, à Bordeaux. • © France 3 Aquitaine

Le collectif de parents d’élèves « 1 enfant 1 toit » a occupé de manière symbolique l’école élémentaire de la Benauge à Bordeaux, dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre 2023. L’objectif est d’interpeller les pouvoirs publics et les enjoindre à mettre à l’abri deux familles à la rue et menacées d’expulsion dont les enfants sont scolarisés dans l’école.

“Je ne suis pas d’accord que mes copains soient à la rue, ce n’est pas juste”. Noé est élève à l’école élémentaire de la Benauge et participe avec sa maman à la mobilisation qui a rassemblé une vingtaine de familles bordelaises.

Le collectif de parents d'élèves de l'école élémentaire de la Benauge de Bordeaux "un enfant, un toit" demande à la préfecture de la Gironde la régularisation de deux familles étrangères à la rue.
Le collectif de parents d’élèves de l’école élémentaire de la Benauge de Bordeaux “un enfant, un toit” demande à la préfecture de la Gironde la régularisation de deux familles étrangères à la rue. • © France 3 Aquitaine

Demande de mise à l’abri

La famille de Noé se mobilise pour deux familles étrangères en difficulté. L’une vient d’Albanie : les parents et leurs trois enfants ont dû fuir en raison de menaces de mort de la mafia. L’autre est géorgienne, les parents et leurs deux enfants ont quitté leur pays pour des raisons politiques. Ces deux familles sont désormais en situation irrégulière car elles ont épuisé tous les recours pour être régularisés et se retrouvent à la rue.

“Nous, on est bien au chaud à la maison, on a l’école et plein de trucs, et eux, ils n’ont rien, ce n’est pas juste”, poursuit le petit garçon. Sa maman espère que cette occupation symbolique de l’école va faire avancer les choses.

On a un peu l’impression de jeter un caillou dans l’eau, mais si on en jette plein peut-être qu’au bout d’un moment, ça bougera ! Fiona Gerbaux,

parent d’élève de l’école Benauge Bordeaux

Fiona Gerbaux et son fils Noé lors de l'occupation de l'école de la Benauge à Bordeaux, jeudi 30 novembre 2023.
Fiona Gerbaux et son fils Noé lors de l’occupation de l’école de la Benauge à Bordeaux, jeudi 30 novembre 2023. • © France 3 Aquitaine

Des tapis et des couettes sur le sol, les parents mobilisés ont décidé de partager un repas et de passer une partie de la nuit dans la salle de motricité dans l’espoir d’attirer l’attention des pouvoirs publics et surtout de la préfecture sur le sort de deux familles étrangères qui n’ont pas de papier ni de toit, mais dont les enfants sont scolarisés.

“C’est touchant de voir qu’il y a une mobilisation avec plein d’autres familles de l’école qui se sentent concernées,” explique Caroline Laurans, une des parents d’élève qui héberge en ce moment la famille albanaise.

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Hébergement en familles d’accueil

Depuis la rentrée scolaire de septembre, plusieurs familles d’enfants scolarisés à l’école de la Benauge hébergent les deux familles étrangères à tour de rôle. Leur engagement a été très “spontané et naturel” raconte Florent Lasserand l’un des parents volontaires. “Ça grandit tout le monde, c’est une expérience de vie et ça montre à nos enfants que lorsque l’on peut aider les autres, il faut le faire. C’est une leçon de vie que l’on veut leur transmettre”.

On ne peut pas laisser les enfants jouer au parc et après laisser la famille dormir sur les bancs du parc. Florent Lasserand,

parent d’une famille d’accueil

Notre équipe de journaliste a assisté au goûter des enfants puis à l’heure des devoirs. Florent Lasserand distribue des gâteaux et sert à boire. “Ça se passe assez facilement, un peu comme une grande famille. Le plus dur, ce sont les transitions car la famille change d’hébergement tous les quinze jours. C’est vrai que ce changement est compliqué pour les enfants”. 

La famille albanaise est là en ce moment et ne souhaite pas être filmée pour sa sécurité. La mère et le père ne parlent pas bien le français, mais disent que “ça se passe bien même” s’il faut s’adapter au quotidien de la famille d’accueil, “ils sont contents d’être accueillis ici”.

Lheure des devoirs. Une vingtaine de familles bordelaises accueillent à tour de rôle les deux familles étarngères depuis la rentrée de septembre 2023.
L’heure des devoirs. Une vingtaine de familles bordelaises accueillent à tour de rôle les deux familles étrangères depuis la rentrée de septembre 2023. • © France 3 Aquitaine

La situation des sans-abri s’aggrave

Harmonie Le cerf Meunier, adjointe aux solidarités à la mairie de Bordeaux, était présente jeudi soir lors de l’occupation de l’école. “La mairie prend acte de la situation. Ce n’est pas une revendication, mais une mise à l’abri des familles. Cette occupation fait suite à plusieurs alertes sur la présence d’enfants à la rue. Ici localement, l’état n’a plus de place et d’argent pour héberger en plus des places déjà ouvertes. C’est au gouvernement de prendre en compte que sur l’ensemble du territoire français, il y a un besoin croissant d’hébergement pour les enfants, et peu importe la situation administrative des parents, la loi est claire, il faut les mettre à l’abri”, insiste l’élue bordelaise qui rappelle les chiffres du recensement des sans-abri effectué lors de la nuit de la solidarité en janvier dernier.

“On a compté 550 personnes sans abri à Bordeaux, plus deux cent en squat, y compris 160 enfants dans des bidonvilles,

Ces enfants sont à la rue aujourd’hui et dorment avec leurs parents dans des voitures garées devant l’école ou sous les ponts.Harmonie Le Cerf Meunier,

adjointe aux solidarités mairie de Bordeaux

“La situation s’aggrave et s’amplifie” constate l’adjointe aux solidarités. La mairie de Bordeaux prend en charge des nuits d’hôtel pour des familles, le département aussi, mais on ne peut pas faire à la place de l’état”.

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