Dordogne : un agriculteur forcé de vendre son bétail aux enchères pour rembourser ses dettes
Charlie a dû se résoudre à accepter la vente aux enchères de ses 29 vaches pour éponger ses dettes. © Crédit photo : Émilie Delpeyrat

Par Emilie Delpeyrat – e.delpeyrat@sudouest.fr

29 vaches limousines seront mises à l’encan, jeudi 30 juin à 14 heures, sur la ferme de Corinne et Charlie, à Goûts-Rossignol, aux confins de la Dordogne et de la Charente

Corinne a quitté la pièce pour aller chercher un mouchoir. Elle a du mal à contenir son émotion à l’évocation du drame qui touche l’exploitation agricole de son mari Charlie, située à Goûts-Rossignol (Dordogne). Jeudi 30 juin, à 14 heures, un commissaire-priseur ordonnera la vente aux enchères du troupeau de bovins saisi dans le cadre de la liquidation judiciaire de la ferme des Ages. 29 limousines au total, mises à prix 500 euros chacune. « Rien, ce serait la même chose », soupire Charlie, écœuré de voir le fruit de son labeur ramené à un chapelet de chiffres indécents. « Ces vaches sont comme mes filles. Elles s’approchent de l’entrée de l’enclos dès qu’elles reconnaissent ma voiture », confie l’éleveur retraité de 65 ans.

« Inacceptable »

D’un naturel combatif, le sexagénaire aura tout fait pour tenter de conserver son bétail. En vain. Les créanciers, à commencer par la coopérative et les banques auxquelles il devait encore de l’argent, étaient trop pressés de récupérer leurs billes pour lui laisser une chance de s’en sortir. « Le mandataire judiciaire, qui suit les finances depuis la liquidation prononcée par le tribunal de commerce en 2019, a fait en sorte d’attendre la fin de l’épisode de la tuberculose bovine pour éviter que les bêtes ne soient vendues pour rien. Mais il n’a pas pu aller au-delà de ce délai. »

« Les vaches s’approchent de l’entrée de l’enclos dès qu’elles reconnaissent ma voiture »

Acculé par les dettes, Charlie a dû accepter « l’inacceptable ». « Demain [jeudi 30 juin], mon mari va prendre sur lui, mais rien ne l’énerverait plus que la présence de vautours sur son exploitation », prédit Corinne, qui garde un goût amer de la vente à l’encan de matériel organisée dans sa propre cour il y a deux ans. « Des dizaines de personnes sont arrivées d’on ne sait où avec leurs plateformes pour se partager les machines et les véhicules à des prix dérisoires », se souvient avec dégoût l’épouse de l’agriculteur. « On a touché un cinquième de la valeur totale. »

À peine de quoi rembourser un dixième des dettes contractées par l’exploitant.

Le fruit de la vente aux enchères du bétail ne suffira sans doute pas à recouvrir l’intégralité des sommes empruntées. Mais au moins aura-t-elle l’effet d’un appel d’air pour le couple, qui avait l’impression de perdre pied jour après jour. « Depuis 2010, le moral n’était plus au beau fixe à cause d’une série de problèmes. Cela nous a coûté beaucoup d’argent, pour rien, déplore Corinne. Pendant ce temps, il fallait continuer à payer les emprunts pour s’assurer de pouvoir financer l’achat de matériel dont on avait besoin pour faire marcher l’exploitation. »

Maraîchage bio

Les déboires de ses parents ne l’ont pas découragée. Il y a un an, Perrine a lancé sa propre activité de maraîchage bio sur un terrain voisin de la ferme. Soutenue par sa sœur, Mylène, et son frère, Guillaume, elle a pu développer suffisamment sa production de fruits et légumes pour pouvoir en vendre tous les mercredis matin sur le marché de Périgueux. De quoi donner du baume au cœur à Charlie, qui ne ménage pas sa peine pour « aider [sa] fille » à transformer l’essai.

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