Jeff Bezos a une nouvelle fois gagné contre les syndicats et contre l’ensemble des médias qui comme je l’ai relayé il y a quelques jours ici même avaient vendu la peau de l’ours et le crane chauve de Bezos avant que les jeux soient fait. En clair, les salariés, 6000,  de la plateforme Amazon de Bessemer, une ville de l’Alabama ont dit majoritairement non à la création d’un syndicat dans leur entreprise. C’eut pourtant été un énorme évènement chez Amazon qui jusque-là a toujours réussi à écarter le spectre du syndicat.  Amazon qui avait sorti l’artillerie lourde contre le RWDSU, (Retail, Wholesale and Department Store Union) le syndicat de la distribution. Campagne de dénigrement, harcèlement sur les téléphones portables, campagnes d’affichage anti-syndicat jusque dans les toilettes et la fameuse affaire du feu de circulation proche de l’entrepôt déplacé pour gêner les distributions de tracts. Bref, alors que les tenants du syndicats avaient obtenu l’accord de 30% des salariés afin d’organiser ce vote, le rejet l’a emporté avec 1700 voix sur 3215 votants.

Le syndicat RWDSU a d’ores et déjà décidé d’un recours auprès du bureau national des relations syndicales, estimant que seule une enquête indépendante pourra ainsi attester du  “climat de confusion, de coercition et de peur de représailles ayant pu interférer avec le libre choix des employés”. “Nous demandons une enquête complète sur le comportement d’Amazon qui a corrompu cette élection (…) Les travailleurs méritent mieux que la façon dont Amazon s’est comporté pendant cette campagne”, ajoute le RWDSU. Joe Biden lui-même avait dénoncé le climat «d’intimidations, de coercition, de menaces et de propagande anti-syndicats»   

                     25 milliards de dollars de bénéfices

Parmi les explications avancées pour comprendre ce vote, celle du correspondant du Monde, Arnaud Leparmentier, outre en effet la campagne féroce d’Amazon, le fait « qu’une majorité des employé-e-s soit des femmes afro-américaines et peut-être ont-elles voulu aussi assurer les arrières pour leurs familles, d’autant que nul n’osait exclure qu’Amazon ferme l’entrepôt géant qui emploie environ 5800 personnes. Toute l’Amérique a en mémoire que, début 2019, la firme de Jeff Bezos a renoncé à installer son second siège dans le quartier populaire du Queens à New York , lorsque les élus locaux, dont le maire démocrate de New York , Bill de Blasio et l’égérie de la gauche américaine Alexandria Occasio-Cortez, ont commencé à demander que le site puisse être syndiqué ».   

Rappelons que les revendications   ne portaient pas sur les salaires, sensiblement  supérieurs aux autres chez Amazon mais plutôt sur les conditions de travail :  cadences infernales,  pressions constantes de la hiérarchie, et ponctuellement mauvaise protection des salariés dans le cadre de la pandémie.

Rappelons enfin que ce groupe monstre, qui  emploie 1.3 millions de salariés dans le monde , 800.000 aux États Unis a vu ses bénéfices s’envoler grâce à la pandémie, avec en 2020, prés de 25 milliards de dollars, le double que l’année précédente. Dommage !

Jean-François Meekel

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