La reprise des marches du Hirak fin février, après un an de suspension en raison de la crise sanitaire, s’est accompagnée d’une intensification des interpellations de militants, en particulier depuis une semaine.

Vendredi 30 avril, les manifestants ont répété leur rejet des élections législatives anticipées convoquées en juin. RYAD KRAMDI / AFP

Le Monde avec AFP

Publié aujourd’hui à 19h50, mis à jour à 19h56

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté, vendredi 30 avril, à Alger pour dénoncer la recrudescence de la répression policière et judiciaire contre les militants du mouvement populaire antirégime algérien du Hirak.

« Relâchez nos enfants pour qu’ils jeûnent avec nous pendant ce ramadan », ont scandé les protestataires, en condamnant une « justice aux ordres » des autorités. « Police partout, justice nulle part », pouvait-on lire sur une pancarte brandie par un jeune Algérois. Les manifestants ont également répété leur rejet des élections législatives anticipées convoquées en juin. « Pas d’élections avec le gang [au pouvoir] », a-t-on entendu dans le cortège.

Malgré la chaleur, la foule était nombreuse pour ce « vendredi 115 » (nombre de semaines depuis la naissance du Hirak), un test pour le mouvement après que la police a empêché, mardi, la marche hebdomadaire des étudiants à Alger.

La reprise des marches du Hirak fin février, après un an de suspension en raison de la crise sanitaire, s’est accompagnée d’une intensification des interpellations de militants, en particulier depuis une semaine. Mardi, la police a dispersé les protestataires et procédé à l’interpellation d’une vingtaine de personnes.

« Faire pression »

Quand les manifestants arrêtés sont relâchés, ils doivent signer un document au commissariat dans lequel ils s’engagent à ne plus participer aux marches hebdomadaires, a dit Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme. Ils sont aussi menacés de ne pas être libérés en cas de récidive et de nouvelle arrestation, tandis que ceux qui sont placés sous contrôle judiciaire sont sommés de ne pas parler aux médias. « C’est de l’intimidation et une manière de faire pression pour affaiblir le Hirak », déplore M. Salhi, critiquant « une atteinte aux libertés publiques ».

Selon le Comité national pour la libération des détenus, plus de 70 personnes sont incarcérées, poursuivies pour des faits en lien avec le Hirak ou les libertés individuelles.

Né en février 2019 du rejet massif d’un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika (qui a quitté le pouvoir le 2 avril 2019, après vingt ans à la tête du pays), le Hirak réclame un changement radical du « système politique en place depuis l’indépendance en 1962 ».

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