La liberté en étendard, des femmes de tous pays écrivent une pluralité de phrases culturelles enrichissant un féminisme universaliste désindexé de sa matrice occidentale.

Rose-Marie Lagrave • 15 mars 2023

Article paru
dans l’hebdo N° 1749 Acheter ce numéro

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Femme, Vie, Liberté, notre destin commun
Marche féministe à Paris, le 8 mars 2023.
© Lily Chavance

Ces trois mots n’ont l’air de rien, mais ils tintinnabulent dans le monde entier. Par leur détermination et leurs chants à arracher le cœur, les Iraniennes ont redonné au 8 Mars ses lettres de noblesse pour continuer une lutte sans fin, sans merci, sans frontières.

Femmes arrachant leur voile, se coupant une mèche de cheveux, dansant échevelées sur les places publiques, femmes emprisonnées et torturées, toutes attestent qu’il ne fait pas beau être une femme, et plus encore quand on naît noire, que l’on est lesbienne, transgenre, âgée, vivant parmi les gens de peu et dans un pays théocratique. Ces femmes stigmatisées mais mobilisées, ces Afghanes invisibilisées et silencisées, secouent nos privilèges.

N’en déplaise à celles et ceux qui font dans la nuance, il y a bien un « nous les femmes ».

N’en déplaise à celles et ceux qui font dans la nuance, il y a bien un « nous les femmes ». Dans nos pays dits démocratiques, les rues continuent d’être des lieux d’arraisonnement des femmes quand le vote de lois en faveur de l’égalité femmes-hommes reste lettre morte. Existe un continuum de la violence patriarcale, du domestique au public, de pays à pays, alors que persiste le droit de tuer les filles pour cause de déshonneur des familles.

Car la vie, pour les femmes, n’est jamais totalement assurée. Le cortège des féminicides, les viols restés impunis et ceux érigés en armes de guerre, la vie sous cloche des Afghanes, les enlèvements d’adolescentes dans certains pays de l’Afrique subsaharienne, les exilées dormant dans la rue nous rappellent que la vie des femmes est soumise à une violence patriarcale et politique qui franchit les frontières.

D’un côté elles donnent la vie, de l’autre elles sont des mortes en puissance. La vie, pour beaucoup, c’est aussi refuser de l’engendrer. Les réfractaires sont criminalisées quand la vie excède le pouvoir de donner la vie. Elle exulte, elle s’exhale dans des désirs mis sous le boisseau ou jaillit de corps redressés pour devenir de glorieuses combativités dessinant des chemins vers la liberté.

Liberté, je n’écris plus seulement ton nom, je combats pour elle, je meurs pour elle ; tel est le message qui fleurit sur les lèvres. Liberté d’envoyer son voile par-dessus les moulins ou de s’en parer, liberté d’expression pour inventer poèmes et slogans subversifs, liberté de manifester face aux États policiers.

Ces poussières de liberté cumulées construisent les femmes en sujets politiques, en tête des manifestations, fortes et puissantes, ne lâchant pas la main des plus démunies. Ces femmes, luttant pour le renversement des régimes autocratiques en Iran et ailleurs, cisèlent une statue de la Liberté aux mille bras, désignant à la vindicte les violences étatiques.

Ces poussières de liberté cumulées construisent les femmes en sujets politiques.

La liberté en étendard, ces femmes de tous pays et de toutes couleurs écrivent une pluralité de phrases culturelles enrichissant un féminisme universaliste désindexé de sa matrice occidentale. Oui, « Femme, Vie, Liberté » est notre passeport, notre radicalité, notre destin commun. Debout les femmes, le chant du MLF, reprend du service. Et si une nouvelle internationale doit pointer son nez, elle sera féministe ou ne sera pas ; on l’entend, on l’attend.

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Rose-Marie Lagrave

Par Rose-Marie Lagrave

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