Le contrôle de l’immigration et des frontières de l’UE est au menu de la réunion à Tourcoing des 27 ministres de l’Intérieur européens. Le Danemark se veut déjà le champion de la lutte contre l’immigration en Europe. Beaucoup d’exilés syriens, notamment, voient leurs permis de séjour révoqués.

Marie-Pierre Vérot – franceinfo Radio France

La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, le 31 janvier 2021. (CLAUS BECH / RITZAU SCANPIX / AFP)
La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, le 31 janvier 2021. (CLAUS BECH / RITZAU SCANPIX / AFP)

Plus un seul demandeur d’asile sur le sol danois, c’est le rêve du gouvernement de la Première ministre Mette Frederiksen sociale démocrate qui entend externaliser la procédure, notamment en Afrique. Le Danemark est aussi le premier pays en Europe à autoriser le renvoi de Syriens à Damas, la capitale syrienne, désormais considérée par les autorités danoises comme sûre. Alors qu’Emmanuel Macron a affirmé, mercredi 2 février, son souhait de renforcer les contrôles aux frontières de l’UE, Le Danemark se verrouille de plus en plus.

Des permis de séjour sont révoqués et des familles déchirées, déplore Michala, membre de l’association Refugees Welcome : “Le cas typique, c’est que nous aurons les jeunes hommes et les hommes d’âge adulte qui vont pouvoir rester car ils risqueraient d’être enrôlés dans l’armée s’ils étaient renvoyés, alors que les jeunes filles et les femmes célibataires vont, elles, perdre leur protection car elles n’ont pas de raison politique de demander l’asile. Elles ont juste fui la guerre.”

“Les familles sont séparées. Les parents, par exemple, sont envoyés dans des centres de rétention alors que leurs enfants sont autorisés à rester et à poursuivre leurs études et leur vie au Danemark.”Michala (Refugees Welcome)

C’est le cas de la famille de Nadia Doumani, une jeune syrienne arrivée il y a trois ans : “Ils ont annulé le permis de séjour de ma mère, de mon petit frère, de mon père et le mien. Bien sûr, nous avons fait appel, car nous risquerions d’être tués s’ils nous renvoyaient en Syrie. Nous avons fui le régime d’Assad et sommes venus ici au Danemark pour trouver la paix.”

Des décisions aussi cruelles qu’absurdes puisque faute d’accord avec Damas, le gouvernement danois ne peut expulser ces demandeurs d’asile. Mais ce qu’il souhaite, c’est d’abord décourager toute nouvelle immigration et sur la scène intérieure, prendre des voix à la droite en adoptant sa ligne dure.

Cela fonctionne pour l’instant, avertit Thomas Gammeltoft-Hansen, professeur à la faculté de droit de Copenhague : “Une majorité de Danois soutient une politique d’asile et de migration très restrictive et une majorité de partis politiques au parlement danois aussi souhaite ce tour de vis en matière migratoire. Mais on peut voir des changements. Récemment, par exemple, des voix se sont élevées particulièrement dans les partis de droite pour que l’on assouplisse les règles, car le marché du travail requiert davantage de main d’œuvre étrangère.” Thomas Gammeltoft-Hansen formule une mise en garde : à se dépeindre sous un jour hostile aux étrangers, le Danemark risque de décourager aussi ces travailleurs et travailleuses nécessaires et désirés. C’est peut-être là que le modèle danois de fermeture trouve ses limites.

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