Le Délégué Départemental de Reconquête, Monsieur Geoffroy Gary, a récemment largement diffusé un tract dans le Marmandais dénonçant l’invitation de l’organisation humanitaire internationale SOS Méditerranée, par l’Association « Nouvelles Confluences », que je préside. Cette rencontre, pour des raisons logistiques et de disponibilité des intervenants, a été reportée il y a plusieurs semaines à une date ultérieure. 
Néanmoins, il convient de rappeler que, dans le cadre de cette invitation, SOS Méditerranée devait venir apporter le témoignage du drame qui se noue en Méditerranée où, depuis 2014, plus de 24 300 personnes ont officiellement perdu la vie en tentant de rejoindre les côtes européennes. Année après année, jour après jour, les naufrages se succèdent et cette tragédie se poursuit. La soirée d’échanges et de débat qui devait suivre la diffusion d’un film de SOS Méditerranée, durant laquelle le Président du Medef 47, la FDSEA 47, un responsable de CFE-BTP, des chefs d’entreprise et des jeunes migrants devaient apporter leur témoignage, avait pour thème « Parcours de jeunes migrants, de l’exil à l’emploi pour une nouvelle vie ». Loin des caricatures véhiculées par Monsieur Gary, cette soirée aurait pu démontrer combien l’accueil de ces jeunes migrants, à travers l’exemple de parcours d’intégration réussis, peut représenter une chance pour notre département et une réponse aux besoins de main d’œuvre de secteurs entiers de notre économie départementale, de l’agriculture au BTP en passant par les activités de services à la personne. Cette soirée aurait également pu illustrer la noblesse de l’action de SOS Méditerranée, dont, depuis février 2016, les équipes de marins sauveteurs ont porté secours à plus de 30 000 personnes, dont près de la moitié sont des enfants ou adolescents, d’abord avec l’Aquarius, son premier navire ambulance, puis avec l’Océan Viking affrété depuis juillet 2019. Les bénévoles de SOS Méditerranée s’inspirent ainsi d’une grande et belle tradition : celle de la solidarité des gens de mer, qui veut qu’un marin ne laisse pas mourir sans agir une personne tombée à l’eau. Ils ont été soutenus dans leur action par de nombreuses autorités morales et spirituelles, au premier rang desquelles le Pape François. Rappelons des mots forts employés par ce dernier, qui, face à l’inaction des autorités devant un énième naufrage, avait dénoncé au mois d’avril 2021 « le moment de la honte » par ces paroles : « Cent trente migrants sont morts en mer. Ce sont des personnes. Ce sont des vies humaines qui, pendant deux jours entiers, ont imploré de l’aide, en vain. Une aide qui n’est pas venue. Frères et sœurs, interrogeons-nous tous sur cette énième tragédie. ». Rappelons-nous que le Pape avait réitéré cette indignation lors d’une visite sur l’île de Lesbos, en Grèce, pour demander le réveil des « cœurs sourds aux besoins des autres », engageant chacun à « surmonter la paralysie de la peur, l’indifférence qui tue, le désintérêt cynique qui, avec ses gants de velours, condamne à mort ceux qui sont en marge » et appelant à « lutter à la racine contre cette pensée dominante, cette pensée qui se concentre sur son propre moi, sur les égoïsmes personnels et nationaux. » Rappelons-nous que ce qui fait la grandeur et le génie de la France, ce sont les principes édictés dans sa Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, qui, par leur portée philosophique, ont inspiré la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 qui déclare : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » Rappelons-nous de l’émotion et de l’indignation internationale provoquée par la photo du corps échoué sur une plage après un naufrage du jeune Aylan, enfant de trois ans seulement. Ce sont ces principes spirituels, moraux et philosophiques dont SOS Méditerranée est l’ambassadeur. C’est le témoignage de cette indignation et de la tradition de solidarité des marins que ses représentants devaient apporter à mon invitation.Face à cela, Reconquête et son représentant départemental préfèrent opposer une concurrence entre le drame vécu par ces migrants et les difficultés vécus par les Lot-et-Garonnais dans un contexte de difficultés et d’incertitudes économiques.Leur énergie aurait été plus utilement dépensée s’ils s’étaient mobilisées à nos côtés pour lutter contre la réforme des retraites, qui menace de précariser une part croissante de nos concitoyens. Leur rhétorique aurait été plus honnête s’ils avaient rappelé que, bien que SOS Méditerranée bénéficie, à l’échelle nationale, d’un million d’euros de subventions publiques, ce sont cette année plus de 263 M€ qui seront mobilisés par le Conseil départemental pour ses politiques de solidarité au bénéfice de tous les Lot-et-Garonnais. Chacun jugera, avec sa conscience, de la pertinence des arguments nauséabonds diffusés par Reconquête. Chacun méditera, avec ses scrupules, les mots de la poétesse britannique Warsan Shire : « Nul ne pousse ses enfants sur un bateau à moins que l’eau ne soit plus sûre que la terre-ferme ». Pour notre part, la tradition séculaire d’accueil et d’ouverture du Lot-et-Garonne, qui a su intégrer plusieurs générations d’immigrés venus d’Europe ou d’ailleurs, nous incitera, avec les membres de Nouvelles Confluences, à réorganiser ce débat à l’occasion de nos traditionnelles rencontres d’août prochain. Sophie Borderie Présidente de l’association « Nouvelles Confluences »Présidente du Conseil départemental
   
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