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Dans un contexte de forte augmentation de l’effectif des mineurs non accompagnés (MNA) sur l’ensemble du territoire national, la Gironde constituait, à la fin de 2017, le deuxième département en termes de progression de leur nombre. Une large majorité de ces mineurs est originaire d’Afrique occidentale (Guinée, Mali, Côte d’Ivoire, Cameroun) ou centrale (République démocratique du Congo). Si nombre d’entre eux déclarent fuir des situations de violence dans leur pays, beaucoup justifient également leur projet migratoire dans le but de poursuivre leur scolarité et de se former. Les questions éducatives font ainsi partie de celles qui mobilisent les acteurs institutionnels et associatifs. L’institution scolaire tente d’adapter son offre de dispositifs pour élèves allophones nouvellement arrivés (EANA) à ce public souvent peu voire non scolarisé antérieurement (NSA). Pour leur part, les acteurs associatifs se mobilisent à la fois en tentant de presser l’accès à la scolarisation lorsque les situations paraissent bloquées, démarchent des écoles privées lorsque la scolarisation dans le secteur public semble dans l’impasse, ou encore dispensent des cours de français à ceux qui ne sont pas inclus dans des établissements. Par ailleurs, la scolarisation et la formation de ces jeunes dépend également de leur accès à un logement et de la possibilité de se nourrir correctement, avec des aliments aux qualités nutritives permettant la concentration et les apprentissages. Les problématiques de l’accès des MNA à la scolarisation, à la formation et à une alimentation choisie et de « qualité », fonctionnent ainsi comme un spectre permettant d’appréhender les enjeux politiques liés à l’inclusion sociale des MNA tout autant que les enjeux de pouvoir qui animent les différents acteurs (collectivités territoriales, institution scolaire, professionnels de l’enseignement et du travail social, bénévoles et militants associatifs…). Notre recherche porte ainsi sur l’analyse des relations de pouvoir entre ces différents acteurs sur le territoire girondin, à travers les prismes de l’accès à la scolarisation et à la formation, ainsi que de celui à une alimentation choisie en contexte migratoire.

Chantal Crenn est professeure en anthropologie à l’Université Paul Valéry de Montpellier et chercheure à l’UMR SENS de Montpellier. Elle est membre du comité directeur de la revue internationale Anthropology of Food. Ses travaux portent sur les liens qui unissent migration, alimentation et globalisation à partir de terrains situés en France, au Maroc, à Madagascar et au Sénégal. Elle approfondit actuellement ces recherches dans le cadre d’un projet européen Food2gather exploring foodscapes as public spaces for « intégration ».

chantal.crenn@univ-montp3.fr

Isabelle Rigoni est maître de conférences en sociologie à l’INSHEA et chercheure au Grhapes. Elle est également chercheure associée dans les UMR Centre Émile Durkheim et MIGRINTER. Ses travaux portent sur les questions éducatives en contexte migratoire, à la fois du point de vue des politiques publiques, des acteurs éducatifs, et des enfants et jeunes en situation de migration. Elle est co-responsable de formations universitaires ainsi que de programmes de recherche liés aux problématiques éducatives et migratoires.

isabelle.rigoni@inshea.fr

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