Arrêté en 2012 puis condamné fin 2014, il était devenu un symbole de la liberté d’expression dans le monde.

Le Monde avec AFP Publié hier à 22h05

Action de militants d’Amnesty International devant l’ambassade d’Arabie saoudite à Bruxelles, en janvier 2021.
Action de militants d’Amnesty International devant l’ambassade d’Arabie saoudite à Bruxelles, en janvier 2021. KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Après dix ans de prison pour « insulte à l’islam », le blogueur saoudien et militant des droits humains Raif Badawi, devenu un symbole de la liberté d’expression dans le monde, a été libéré vendredi 11 mars.

« Raif m’a appelée, il est libre », a déclaré à l’Agence France-Presse sa femme, Ensaf Haidar, très émue. Une nouvelle confirmée par un responsable de la sécurité saoudienne sous le couvert de l’anonymat.

L’ancien lauréat du prix Reporters sans frontières pour la liberté de la presse, âgé de 38 ans aujourd’hui, avait été arrêté en 2012, puis condamné fin 2014 à dix ans de prison et à 50 coups de fouet par semaine pendant vingt semaines pour avoir plaidé, notamment, pour la fin de l’influence de la religion sur la vie publique. La première séance de flagellation sur une place publique en Arabie saoudite, en 2015, avait choqué le monde pour son caractère « médiéval », selon l’expression d’une ministre suédoise à l’époque. Il n’a plus été fouetté par la suite.

Pour Colette Lelièvre, qui a suivi le dossier pour Amnistie internationale au Canada, c’est un « grand soulagement ». Ensaf Haidar, devenue citoyenne canadienne, vit au Québec, à 150 kilomètres de Montréal, avec leurs trois enfants. Elle racontait en février avoir pu maintenir le contact avec son mari en lui parlant « jusqu’à trois fois par semaine » par téléphone.

Elle se bat depuis des années pour sa libération et pour qu’il puisse les rejoindre. Le Canada a ouvert la voie à l’exil de Raif Badawi en le plaçant sur une liste prioritaire d’immigrants potentiels pour raisons humanitaires.

Interdiction de quitter l’Arabie saoudite

Mais Amnistie rappelle que le blogueur saoudien reste pour l’instant soumis à une interdiction de quitter le royaume pendant dix ans une fois sa peine purgée.

La répression brutale des voix dissidentes et l’emprisonnement des militants en Arabie saoudite sont à ce jour dénoncés par des ONG internationales et l’ONU, même si le royaume cherche à améliorer son image internationale en entreprenant certaines réformes.

Musulman sunnite comme la majorité des Saoudiens, Raif Badawi a fait des études d’économie et dirigé un institut d’apprentissage de l’anglais et des techniques informatiques, selon son épouse. Il aime lire et s’est fait connaître par ses écrits en faveur de la liberté d’expression. Le blogueur est lauréat du prix RSF 2014 dans la catégorie « Net-citoyen ». Il a aussi été choisi en 2015 par les chefs de file des groupes politiques du Parlement européen comme lauréat du prix Sakharov pour la liberté d’expression. En 2015 et 2016, il figurait parmi les nominés pour le prix Nobel de la paix.

Le Monde avec AFP

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