Il était un petit village de 13.000 habitants au flan de la colline qu’une brise légère embaumait constamment de la fragrance des pins et de la lavande. Il y faisait si bon vivre et le terroir était si riche que les presque centenaires ne manquaient pas. Puis la grippe vînt… Allégorie de la gestion de la santé publique par l’argent…..

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Il était un petit village de 13.000 habitants au flan de la colline qu’une brise légère embaumait constamment de la fragrance des pins et de la lavande. Il y faisait si bon vivre et le terroir était si riche que les presque centenaires ne manquaient pas.

Certes, les gens tombaient malades ou mourraient mais rien de brutal dont le sens de la nature avait à se plaindre. En fait les gens étaient globalement en bonne santé et donc les productions locales étaient abondantes.

Le vieux Maire s’en faisait une fierté. Il avait un hôpital assez performant de 100 lits (dont 10 en réanimation) qui était de ce fait largement jamais complet. Mais, comme une assurance que l’on paye à vie en espérant de ne jamais en avoir besoin, il estimait, avec son conseil municipal que tout se passait bien dans le meilleur des mondes…

Mais la nature faisant loi, même lui, à 93 ans, finit par mourir alors que, bon gaillard, il était toujours en charge.

Entre-temps, le village étant de plus en plus connu et reconnu, beaucoup de gens de la capitale étaient venu s’installer dans ce petit paradis….Des Môsssieurs, comme on disait dans le coin. Un de cela, d’ailleurs, suite au décès du vieux Maire, persuadé que l’on pouvait encore développer ce lieu, se présenta aux élections. Il était banquier à la ville et donc devait s’y connaître fort bien en chiffres et en gestion (toute ressemblance avec un personnage connu est bien sûr assumé!). Et quel discours !

Cela va changer en mieux, vous allez voir ce que vous allez voir, éructait-il ! Je vais moderniser votre administration, vos services publics, votre hôpital ! Tout sera plus efficace et coûtera moins cher : vos impôts vont baisser ! J’avais du respect pour notre vieux maire mais il était dépassé, il faut faire entrer ce village dans le 21ème siècle, il faut entreprendre des réformes structurelles. Les gens étaient comme hypnotisé par cet orateur au discours si neuf…Enfin on allait sortir des vieilles querelles de gauche et droite et on ne penserait plus qu’au village. Et puis, une baisse d’impôts, c’est toujours bon à prendre non ?

Le banquier fut donc élu Maire…

Il avait de grands projets ! Un hôtel de luxe, une piscine couverte et un golf en était l’ossature mais il voulait aussi faire venir des entreprises pour dynamiser ce vieux village si charmant. Mais pour tous cela, il faut beaucoup d’argent et ce n’est pas avec les finances de la commune qu’il pouvait emprunter. Il fallait donc dégager plus de liquidité sur la gestion de la commune pour démontrer la « bonne gestion » et faire aussi cadeau des diverses charges et taxes que les entreprises doivent en principe payer pour s’installer. Il y aura plus d’emplois moins fatiguant et mieux payés affirmait-il, vous n’aurez qu’à traverser la rue pour vous rendre sur votre lieu de travail….

Ainsi fut fait !

Les cantonniers, ces fainéants, furent réduits de moitiés. Le syndicat d’initiative s’est informatisé et au lieu d’avoir 5 employés, un seul fut gardé : en cas de fermeture et d’absences diverses, il y avait donc 24H/24, un écran tactile à disposition de toutes et tous. C’est beau la « modernisation » !

Et l’hôpital ? Un honte ! Il n’est jamais rempli et cela pèse lourd sur les finances de la commune….Effectivement, les gens constataient cela aussi, ce discours leur semblait cohérent….

Donc à l’aide d’algorithmes très performants, les calculs furent fait : il suffirait de 50 lits et d’un seul en réanimation….

Alors effectivement les entreprise arrivèrent, le chantier de l’hôtel fut commencé. Il y avait de plus en plus de monde dans ce si beau village…..Plus de monde et moins d’Hôpital ne choquait personne tellement la santé de ce lieu était proverbiale. Tout semblait rouler sereinement…Certes, plus de gens, plus de malades, mais l’hôpital était enfin rempli presque en permanence et enfin donc, ces gens là méritaient finalement l’argent qu’il coûtaient à la collectivité. On appelait cela de la bonne gestion…

Et puis la grippe arriva. Pas l’espagnole, non juste la grippe. Comme il manquait de médecin, les gens allaient à l’hôpital…Il fut rapidement plein et la file d’attente grandissait toujours ! Un presque centenaire du être mis en réanimation….Le personnel était épuisé, les malades affluaient toujours, il commençait à manquer de médicaments…

Comme il y avait beaucoup de presque centenaires, peu de lits et 1 seul en réanimation cette année là, une petite grippe « tua » plusieurs dizaines de personnes. Que fît le Maire ? Rien ! Cela arrive à peine tous les 10 ans, regardez les courbes disait-il au conseil municipal. Vous ne vous rendez pas compte du pognon de dingue que représente un hôpital si je le structure pour une crise qui n’arrive que tous les 10 ans….

Le problème c’est qu’avec tout cela, les gens malades n’ont pas été travailler et ceux qui l’on fait on emboucané les autres. Résultat, l’activité économique s’est réduit très fortement. Avec tout cela les gens ont commencé à partir….Il reste un golf et un hôtel à moitiés en friche et pourtant beaucoup plus de dettes qu’avant à honorer. Et, comme il y a moins d’habitants et que les entreprise sont parties, le ratio de la dette a explosé !

Comme quoi, il y a des économies qui finissent par coûter très cher…La santé n’a pas de prix…Les seuls qui le pensent pas ainsi sont soit en bonne santé, soit en très bonne santé financière !

« Il était un petit village de 13.000 habitants au flan de la colline qu’une brise légère embaumait constamment de la fragrance des pins et de la lavande. Il y faisait si bon vivre et le terroir était si riche que les presque centenaires ne manquaient pas. »

Vous voulez connaître le nom de ce village ?

C’est la France : 1 seul lit de réanimation pour plus de 13 000 personnes….(si, si)

Ce n’est pas le covid qui tue l’Hôpital c’est les banquiers qui nous dirigent !

A la prochaine épidémie même la plus petite….l’Hôpital risque d’exploser et nous de mourir par manque de soin !

Les banquier sont juste là pour s’engraisser (c’est leur métier) et les comptables pour compter (c’est leur métier aussi), je ne vois pas en quoi ils sont d’une quelconque compétence pour diriger quoi que ce soit à part une banque ou un cabinet d’experts.

Il serait temps que l’on fasse de la politique, vous ne croyez pas ?

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