31 janvier 2022 Le 13 décembre dernier, La Cimade à Mayotte célébrait la victoire d’une dizaine de requérant∙e∙s menacé∙e∙s d’expulsion de leur habitat qui étaient parvenu∙e∙s à faire suspendre un arrêté préfectoral. Le même jour, des personnes se revendiquant du Comité de Défense des Intérêts de Mayotte (CODIM) organisaient une manifestation sauvage devant nos locaux, contraignant bénévoles et salariées à se retrancher à l’intérieur.

Depuis lors, nos locaux sont inaccessibles – chaque jour, des personnes campent devant, menaçant toute personne qui s’y présente, y compris des personnes étrangères en quête d’informations.

Une poignée de manifestant∙e∙s qui, au mépris de nos engagements, de nos valeurs, de notre fonctionnement, nous accusent d’être responsables de l’insécurité et de la pauvreté à Mayotte, oubliant les carences des services publics que notre association dénonce pourtant depuis de nombreuses années ; et alimentant les fantasmes rendant les étrangers responsables d’injustices et d’inégalités sociales qui en réalité ne se résoudront pas par la haine et les divisions mais par davantage de solidarité.

A deux reprises, les bénévoles ont tenté de réinvestir  nos locaux. A deux reprises ils en ont été empêché∙e∙s, insulté∙e∙s et accusé∙e∙s d’être complices de trafic d’êtres humains dans l’archipel des Comores. Des accusations sans aucun fondement et, n’en déplaisent aux politicien∙ne∙s qui les reprennent dans leurs communications, sont le fruit des fantasmes véhiculés par les sphères d’extrême droite.

La Cimade a porté plainte contre X, pour diffamations publiques et menaces envers les biens et membres de notre association.

Les autorités publiques, par la voix du préfet de Mayotte, se refusent à intervenir, considérant qu’il n’y aurait pas de trouble à l’ordre public, et que dans ce cadre, l’obstruction pourtant constatée de l’accès à notre local ne légitimerait pas une action des forces de l’ordre. Rien n’est donc fait au quotidien face aux intimidations dont sont victimes nos membres, au blocage illégal de l’entrée de nos bureaux et à l’atteinte à notre liberté associative. Cette situation, qui nous apparaît comme un  aveu d’impuissance de l’Etat et une marque de délégitimation de notre mission pourtant d’intérêt général, est pour nous inacceptable.

Nous demandons aux représentant∙e∙s des pouvoirs publics à Mayotte qu’ils assurent sans attendre la protection de nos membres et qu’ils leurs garantissent les conditions minimales de sécurité nécessaires à leurs engagements.

Malgré cette stratégie d’intimidation et de harcèlement qui vise à délégitimer nos actions et à nous chasser du territoire, les équipiers et équipières de La Cimade sont toujours engagé∙e∙s sur le terrain. Les permanences téléphoniques continuent d’informer celles et ceux qui font appel à nous pour connaître leurs droits. Les séances d’ateliers sociolinguistiques (ASL) sont toujours dispensées. Les formations des acteurs sociaux et partenaires associatifs sont assurées. Les actions en matière de contentieux se poursuivent, afin de faire respecter les droits fondamentaux de chacun∙e de manière inconditionnelle.

Ces derniers événements ne font que démontrer l’importance de la présence des associations à Mayotte, qui ensemble œuvrent pour répondre aux besoins de l’ensemble des habitant∙e∙s, encore trop souvent délaissé∙e∙s par les politiques publiques. Nous démontrons ainsi qu’une autre société, plus hospitalière, plus juste, plus solidaire, est non seulement souhaitable, mais possible.

Auteur: Service communication

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