Par La rédaction d’Infomigrants Publié le : 22/11/2022

La Commission européenne a présenté, lundi, un plan d’action en 20 points destiné à faire face à l’augmentation des arrivées de migrants en Europe par la Méditerranée. L’exécutif européen préconise notamment de renforcer la coopération avec les pays de passage des exilés, dont la Libye. Les conditions de vie des migrants y sont pourtant constamment dénoncées par les ONG de défense des droits humains.

Face à la hausse des arrivées de migrants en Europe par la Méditerranée, la Commission européenne a présenté, lundi 21 novembre, un nouveau plan d’action en 20 points. La réponse de la Commission repose en grande partie sur une augmentation de la coopération avec des pays tiers par lesquels passent les exilés avant d’atteindre l’Union européenne (UE).

La Tunisie, l’Égypte et la Libye sont cités comme devant être des partenaires privilégiés de l’UE pour réduire le nombre d’arrivées. Leur contribution doit notamment passer par une prévention “des départs irréguliers” et une “gestion plus efficace des frontières”, selon le nouveau plan européen. Des efforts en échange desquels l’UE prévoit de dépenser 580 millions d’euros entre 2021 et 2023 pour soutenir les pays d’Afrique du Nord et contribuer à stimuler la croissance économique et l’emploi dans la région.

Selon l’exécutif européen, la plupart des migrants quittent les côtes de la Libye et de la Tunisie, principalement en provenance d’Égypte, de Tunisie et du Bangladesh. “Une grosse majorité de personnes qui arrivent par cette route aujourd’hui n’ont pas besoin d’une protection internationale”, a affirmé la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson lors de la présentation du plan, lundi.

Une meilleure répartition

La Suédoise a également déclaré que Bruxelles devait renforcer la coordination des activités de recherche et de sauvetage, notamment entre les États côtiers et les États du pavillon -ceux qui ont immatriculé les navires -, tout en soulignant que l’assistance aux personnes en détresse en mer est une obligation légale.

Elle a également souligné l’importance de l’accord européen conclu en juin dernier sur un système de relocalisation volontaire des migrants et les contributions financières des pays du bloc qui ne sont pas en première ligne pour gérer les arrivées irrégulières sur le territoire de l’UE.

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Dans le cadre d’une démarche volontaire, une douzaine de pays européens (dont la France et l’Allemagne) s’étaient engagés à accueillir sur un an 8 000 demandeurs d’asile arrivés dans des pays méditerranéens, mais seules 117 relocalisations ont eu lieu jusqu’à présent. “Nous devons accélérer la cadence”, a déclaré Ylva Johansson, appelant à la mise en œuvre de “mesures alternatives de solidarité”. À défaut d’accueillir des candidats à l’asile, certains pays européens s’étaient engagés à apporter une aide, notamment financière, aux pays de première arrivée.

Tensions autour du sort de l’Ocean Viking

Les tensions sont montées d’un cran au début du mois entre la France et l’Italie après le refus de Rome d’accueillir le navire humanitaire “Ocean Viking”, qui a finalement accosté au port militaire de Toulon (Var) avec 234 migrants à son bord.

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Le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, a qualifié la proposition de “bon départ”, saluant l’accent mis sur une coopération accrue avec les pays d’origine et de transit et une meilleure coordination des activités de sauvetage en mer.

La présentation de ce nouveau plan européen survient un petit peu plus d’un an après la publication de 20 préconisations pour une meilleure prise en charge des exilés en Méditerranée, publiées en juin 2021, par Amnesty international, Human rights watch et le European council on Refugees and exiles (ECRE).

Plus de 2 000 morts 2022

Le deux textes s’accordent sur la nécessité de renforcer les moyens de recherche et sauvetage d’embarcations en Méditerranée mais, pour le reste, leur points de vue divergent radicalement. “Alors que les ONG recommandent de mettre fin à la coopération qui piège les gens en Libye, où ils courent un grave danger, la Commission se concentre sur la dépense de plus d’argent pour empêcher les départs, peu importe ce qui arrive aux personnes renvoyées dans les célèbres centres de détention libyens”, a dénoncé, lundi soir, sur Twitter le chercheur Matteo de Bellis, spécialiste des questions migratoires auprès d’Amnesty international.

Le chercheur pointe également la contestation des activités des navires humanitaires par la Commission qui préfèrerait voir l’agence de contrôle des frontières Frontex jouer un rôle plus important.

Depuis le début de l’année 2022, plus de 2 300 personnes sont mortes ou portées disparues en Méditerranée, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Sur la même période, plus de 20 800 personnes ont été interceptées en mer par les garde-côtes libyens et renvoyés dans le pays, la plupart du temps pour être détenus dans des centres de détention où les abus et violences sont monnaie courante.

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