Engagée depuis plus de dix ans auprès des jeunes étrangers, Marie-Pierre Barrière partage, dans un premier ouvrage, sa vision du militantisme, de l’humanisme et de l’accueil de l’autre. Un témoignage précieux, loin des plaidoyers moralisateurs ou ultra-philosophiques. Marie-Pierre Barrière livre son expérience de militante et le combat des jeunes exilés dans son premier ouvrage. Marie-Pierre Barrière livre son expérience de militante et le combat des jeunes exilés dans son premier ouvrage. (© l’Hebdo du Vendredi) C’est en juillet dernier, à un moment difficile, mais crucial de son expérience militante, que Marie-Pierre Barrière s’est lancée dans l’écriture de son premier ouvrage, Au pied du mur. « C’est exactement ce que je ressentais à l’époque, se souvient-elle. Souleymane, un jeune Africain, venait d’être envoyé en rétention après son interpellation pour avoir grillé un feu rouge, alors qu’il effectuait une course à vélo. J’étais dans la colère, la sidération. Mais plutôt que le renoncement, j’ai poussé un grand cri. J’ai vu tellement de jeunes se battre pour s’intégrer, apprendre le Français en un temps record, trouver une formation et continuer à aimer ce pays d’accueil, malgré toutes les galères qu’ils rencontrent. Tant de vies suspendues à l’urgence et aux incertitudes. » Sans tomber dans la culpabilisation ou l’angélisme, cette professeure de français basée à Châlons témoigne des parcours, des rencontres et des combats menés depuis des années pour accompagner ces étrangers, le plus souvent mineurs. Elle évoque également ses premiers pas avec Réseau éducation sans frontières (RESF). Les mobilisations pour la famille Gashi, expulsée en 2012 au Kosovo trois jours avant l’opération programmée à Reims du petit Blendon, hémiplégique. Les parrainages pour aider et héberger les jeunes à la rue. Leurs exfiltrations via l’association Éole, qu’elle a co-fondée et préside. Les batailles juridiques pour faire valoir leurs droits face aux portes closes des institutions. Les projets artistiques et collectifs grâce auxquels ils ont pu s’évader. Et les régularisations, car il y en a eu. « J’ai voulu apporter une vraie analyse à ces réflexions, tout en me mettant à la place des lecteurs, explique Marie-Pierre. J’utilise un langage volontairement abordable, sans faire de généralités. L’accueil de personnes étrangères, ou de l’autre plus globalement, pose des questions. C’est un livre sincère, une sorte d’étape pour moi. »
Ouvrir le débat et les esprits
Forcément, il s’agrémente de passages plus personnels, sur son enfance et les moteurs de son engagement, son rapport à la religion, sa vision du militantisme de terrain et la place qu’il a pris au sein de sa propre famille. « Je parle du burnout militant, de nos doutes, notre découragement parfois, mais aussi de l’impérieuse nécessité que les nouvelles générations s’emparent de ses sujets. L’exil est une aventure vertigineuse pour ceux qui la vivent. » L’auteure voit cet ouvrage comme « un pavé dans la mare, un outil de lutte » et le dédie « à tous les enfants, d’ici et d’ailleurs, et au monde qu’ils vont construire ». Elle espère qu’il permettra d’ouvrir le débat, les esprits, et de faire la lumière sur des initiatives citoyennes devenues ordinaires, car de plus en plus nombreuses ou organisées dans l’ombre. Alors qu’elles sont extraordinaires. Sonia Legendre

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