Afrique XXI publie cette semaine un article sur Camp de Thiaroye, un film qui raconte le massacre des tirailleurs « sénégalais » par l’armée française en décembre 1944. Réalisé par Ousmane Sembène et Thierno Faty Sow, ce film est sorti en 1988. Seize ans plus tard, Ousmane Sembène réalisait Moolaadé.


Dans la tranquillité d’un village sénégalais, tout le monde attend Ibrahima. De retour de France, il doit prendre pour épouse Amsatou. Mais le père du fils revenu au pays les poches pleines d’argent s’oppose à ce mariage. Amsatou, parce qu’elle n’est pas excisée, est une « bilakoro » (une « impure »). Et jamais un homme n’a épousé une « bilakoro ».

Collé, la mère d’Amsatou elle-même excisée, s’est opposée à « la purification » de sa fille unique. Elle a mis au monde deux bébés mort-nés, et l’infirmière a dû la « déchirer » du pubis jusqu’au nombril pour que naisse Amsatou. Pour Collé, la soumission au devoir conjugal est une souffrance.

Et c’est parce que Collé a refusé ce rite barbare pour son unique fille que quatre fillettes, qui veulent échapper au rite de « purification », se rendent chez elle pour qu’elle leur accorde le moolaadé, ce droit d’asile inviolable.
 

On regarde Moolaadé comme on lirait un conte. Le rythme est lent, et malgré quelques scènes explicites, pas de rage, pas de jugement hâtif ni de misérabilisme, mais le récit de deux camps qui s’affrontent. D’un côté, les hommes, tenants du maintien d’une tradition patriarcale ancestrale, si violente soit-elle. De l’autre, les femmes, qui prennent conscience de la barbarie de cette pratique.

Ousmane Sembène ne nous conte pas le combat des femmes contre les hommes. Il nous conte le combat de femmes, rejointes par quelques hommes, pour le respect de leur intégrité physique.

Le 8 mars n’est pas la « fête des femmes », mais la Journée internationale des droits des femmes. Instaurée par les Nations unies en 1977, cette journée est l’occasion de faire le point sur leur situation, partout dans le monde. Et force est de constater que, quarante-six ans plus tard, le chemin qui reste à parcourir pour l’égalité homme-femme est encore long.

Difficile de chiffrer les cas de mutilations génitales féminines dans le monde (l’Unicef estime à 200 millions le nombre de filles et de femmes victimes de mutilations génitales, très souvent avant l’âge de 15 ans), mais António Guterres, secrétaire général des Nations unies, déclarait en février 2020 qu’elles sont une manifestation flagrante de l’inégalité entre les sexes, une violation des droits humains et une forme extrême de violence à l’égard des femmes.

Moolaadé, d’Ousmane Sembène, 2005, 1h59. Disponible en location sur la boutique Arte.

Images liées:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.