Par Julia Dumont Publié le : 14/05/2021

L’ONG médicale a annoncé jeudi la reprise de ses activités de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale. Médecins sans frontières (MSF) ne déploiera pas cette fois-ci des équipes sur des navires humanitaires d’autres ONG mais affrètera son propre navire, le Geo Barents.

Il y aura bientôt un nouveau navire humanitaire en Méditerranée centrale. L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé, dans un communiqué publié jeudi 13 mai, la reprise de ses activités de recherche et de sauvetage “pour sauver la vie des réfugiés et des migrants qui tentent la traversée en mer depuis la Libye”.

“Notre retour en mer est le résultat direct des politiques européennes irresponsables de non-assistance aux personnes en danger en mer, qui les condamnent à mort”, a déclaré Ellen van der Velden, responsable des opérations de recherche et de sauvetage de MSF.

Contrairement à ses missions en mer précédentes, l’ONG n’enverra pas ses équipes sur les navires d’autres organisations humanitaires mais affrètera son propre bateau, le Geo Barents.

Immatriculé en Norvège, cet ancien navire sismique est affrété par MSF auprès de Uksnøy & Co AS.

Modifications pour les activités de sauvetage

Le bâtiment long de 76,95 mètres a subi des modifications pour répondre aux normes des navires de sauvetage et permettre aux équipes de MSF d’effectuer leurs activités. Le Geo Barents “dispose de deux ponts pour les survivants; un pour les hommes et un pour les femmes et les enfants. Il est doté d’une clinique, d’une salle de soins pour les sages-femmes et d’une salle d’observation pour toutes les activités médicales que les équipes MSF entreprendront”, détaille le communiqué de l’ONG. Le navire est également équipé de deux bateaux de sauvetage rapides (RHIBS) destinés aux activités de secours.

L’équipe médicale à bord sera constituée d’un référent médical, d’un médecin, d’une personnes chargée de la santé mentale, d’une sage-femme et d’une infirmière. Pour faciliter les échanges, deux médiateurs culturels seront également présents. En tout, l’équipage est constitué d’une douzaine de personnes.

Plus de 500 morts depuis janvier

Actuellement au sud de la Norvège, le Geo Barents devrait arriver dans la SAR zone libyenne d’ici une quatorzaine de jours. Une date qui peut être modifiée par les conditions climatiques et de navigation.

Malgré le danger de la traversée, les embarcations de migrants se sont multipliées en Méditerranée en 2020. La tendance se poursuit en 2021. Plus de 500 personnes sont mortes depuis le début de l’année, en tentant de traverser la Méditerranée centrale. Le 22 avril, un terrible naufrage a coûté la vie à au moins 130 personnes. Les autorités libyennes et maltaises sont accusées d’avoir ignorer les appels à l’aide des exilés à bord.

“Au fil des ans, les gouvernements européens se sont progressivement désengagés de la recherche et du sauvetage proactifs en Méditerranée centrale ; ils ont manqué à leur devoir d’assistance aux personnes en danger et ont délibérément entravé, voire criminalisé, le travail indispensable des ONG de recherche et de sauvetage”, a dénoncé Ellen van der Velden, appelant l’Union européenne à créer “un mécanisme de recherche et de sauvetage proactif et dédié”.

Plusieurs navires humanitaires à quai

Parmi les autres navires humanitaires généralement actifs en Méditerranée, plusieurs sont actuellement à quai. L’Ocean Viking de SOS Méditerranée est actuellement en quarantaine à Augusta, en Italie après avoir débarqué le 1er mai 236 migrants.

Le Sea Watch 4, qui a accosté en Sicile le 4 mai avec 455 rescapés, est retenu par les autorités italiennes pour des irrégularités, tout comme l’Open Arms. L’Alan Kurdi de l’ONG Sea-Eye est quant à lui toujours en maintenance en Espagne.

Le Sea Eye 4, lui est arrivé vendredi 14 mai au large des côtes libyennes pour effectuer sa première mission de sauvetage; et l’Aita Mari, parti le 8 mai des côtes espagnoles, est en route vers la SAR zone.

La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires (Ocean Viking, Sea Watch, Mare Jonio….) sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

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