Dans une tribune, une quarantaine de personnalités se démarquent de la sympathie que suscite dans leurs pays d’origine l’aventurisme militaire de Vladimir Poutine.

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Marioupol, en Ukraine, le 9 mai 2022. La ville a été été quasiment conquise par les Russes. STRINGER / AFP

Tribune. Depuis le 24 février, l’oligarchie militaro-industrielle du régime de Vladimir Poutine s’est lancée dans une nouvelle aventure meurtrière contre le peuple ukrainien, après celles de l’invasion de la Tchétchénie, de la Géorgie, et après les massacres commis contre le peuple syrien en soutien à Bachar al-Assad. Actuellement, plus de 4,5 millions d’Ukrainiens ont été obligés de fuir leur pays. Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont péri sous les bombes russes. Des villes et des villages ont été entièrement dévastés. Ces crimes, commis au nom d’un nationalisme russe meurtrier, sont des crimes contre l’humanité

Nous dénonçons cette agression contre l’Ukraine car nous sommes fidèles à des principes aussi fondamentaux que ceux de l’expression démocratique et de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. A notre grand regret, une frange significative des opinions publiques de nos pays semble témoigner une certaine compréhension à l’égard de l’aventure militariste de Vladimir Poutine, promu champion de la lutte contre les Américains et les Occidentaux. En quoi les Ukrainiens devraient-ils payer pour les crimes des interventions américaines et occidentales en Irak ou en Libye ? L’impérialisme des uns ne saurait justifier l’impérialisme des autres. Nous restons fidèles à nos principes, quelles que soient l’identité de l’agresseur et celle de la victime.

Une invasion criminelle

La folie meurtrière qui se déchaîne en Ukraine renoue avec la barbarie des crimes de guerre du gouvernement américain depuis la guerre du Vietnam jusqu’à nos jours, des gouvernements d’apartheid israéliens qui bafouent depuis plus de soixante-dix ans les droits légitimes du peuple palestinien, du régime wahhabite saoudien qui massacre les populations yéménites avec de l’armement fourni notamment par la France. Nous ne sommes pas dupes de ces mêmes gouvernements qui, aujourd’hui, se transforment en colombes donneuses de leçons de paix. Nous refusons le « deux poids, deux mesures » qui consisterait à oublier, à la faveur du drame en cours en Ukraine, d’autres théâtres de guerre et foyers d’injustice.

Face à cette situation porteuse de graves dangers pour la paix et la sécurité du monde, il est plus que jamais nécessaire pour nous – associations, militants et citoyens résidant au Maghreb ou issus de sa diaspora – de nous mobiliser pour soutenir la résistance courageuse du peuple ukrainien face à l’invasion criminelle de son territoire. Il nous faut soutenir toutes les victimes (réfugiés, déplacés) des guerres en cours, sans distinction d’origine. Nous saluons l’élan de solidarité de l’Europe envers les réfugiés ukrainiens, mais nous exigeons dans le même temps l’application des mêmes mesures d’accueil et de solidarité à tous les réfugiés d’où qu’ils viennent.

Cette guerre n’a que trop duré. Nous appelons à son arrêt immédiat. Et nous attirons l’attention sur les conséquences dramatiques de la guerre sur les équilibres socio-économiques, et peut-être politiques, des pays du Maghreb et d’Afrique subsaharienne. Il faut impérativement les aider à surmonter cette crise, notamment en ce qui concerne le manque de produits alimentaires. Nous exprimons enfin notre solidarité avec les artistes et créateurs russes, boycottés dans des manifestations culturelles en Europe.

Fouad Abdelmoumeni, militant associatif, Maroc ; Abderrahim Afarki, bibliothécaire, Maroc/France ; Sanhaja Akrouf, militante féministe, Algérie/France ; Mourad Allal, directeur de centre de formation, Tunisie/France ; Nabil Azouz, enseignant, militant associatif, Tunisie ; Ahlem Belhaj, syndicaliste, féministe, Tunisie ; Bochra Belhaj Hamida, ancienne députée, militante féministe, Tunisie ; Faycal Benabdalah, président de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives, France/Tunisie ; Sana Benachour, juriste, militante féministe, Tunisie ; Tarek Ben Hiba, militant associatif, Tunisie ; Hechmi Benfrej, militant associatif, Tunisie ; Monia Ben Jemia, universitaire, Tunisie ; Mohamed Bensaid, médecin militant associatif, Tunisie/France ; Nadia Chaabane, députée de la constituante, Tunisie ; Khémais Chammari, militant des droits humains, ancien ambassadeur, Tunisie ; Khadija Cherif, sociologue, militante féministe, Tunisie ; Alya Chérif Chammari, militante féministe, avocate, Tunisie ; Hédi Chenchabi, militant associatif, France/Tunisie ; Mouhieddine Cherbib, militant des droits humains, Tunisie/France ; Mohsen Dridi, militant associatif, Tunisie/France ; Didier Epsztajn, animateur du blog « Entre les lignes entre les mots » ; Driss Elyazami, président de la Fondation Euromed de soutien aux défenseurs des droits de l’homme ; Wahid Ferchichi, professeur de droit à l’université de Carthage, Tunisie ; Jacques Fath, militant politique ; Claudette Ferjani, retraitée, France ; Mohamed Chérif Ferjani, professeur honoraire de l’université Lyon-2, Tunisie/France ; Abdelwaheb Fersaoui, militant politique, Algérie ; Khadija Finan, universitaire, Tunisie/France ; Yosra Frawes, féministe, ancienne présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates ; Mgr Jacques Gaillot, évêque ; Najla Gharbi, universitaire, France/Tunise ; Bahey Eldine Hassen, directeur du Centre du Caire des droits de l’homme ; Maher Hanine, sociologue, militant politique et associatif, Tunisie ; Kamel Jendoubi, ancien ministre, militant des droits humains, Tunisie/France ; Lahbib Kamel, militant associatif, Maroc ; Mohamed Khénissi, militant des droits humains, Tunisie ; Michèle Leclerc-Olive, Artess-IRIS-CNRS-EHESS ; Edith Lhomel Jendoubi, militante associative ; Rachid Maalaoui, syndicaliste, Algérie ; Gustave Massiah, économiste ; Umit Metin, militant associatif, Turquie/France ; Messaoud Romdhani, militant des droits humains, Tunisie ; Rami Salhi, militant des droits humains, Tunisie ; Alaa Talbi, militant associatif, Tunisie ; Abdallah Zniber, militant associatif, Maroc/France.

Collectif

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