Par Benjamin Roullier
Publié le 30/12/2022 à 19h47

Le premier étage de la villa Bedat accueille, depuis le 25 octobre dernier et jusqu’au 4 février prochain, l’exposition d’Alain Coulume intitulée « Vague à l’âme »

Piqûre de rappel pour les personnes qui n’auraient pas pris le temps de se rendre à la villa Bedat, ces derniers jours. De passage à Oloron, jeudi 29 décembre en fin de journée, l’artiste donne quelques clés pour comprendre son travail.

« J’ai fini ma carrière de professeur en Polynésie puis à Mayotte, raconte l’ancien enseignant d’éducation physique et sportive. Là-bas, j’ai vraiment été très sensible à tous les problèmes de migration que connaissait l’île. J’ai aussi été touché par la violence exercée sur certaines populations, le refus d’accueillir les gens, le rejet. C’était une période durant laquelle des familles étaient délogées de chez elles. Les autorités brûlaient leurs maisons, certifie l’artiste. Après ça je me suis rendu en Amérique du Sud, puis en Afrique plusieurs fois. J’y ai découvert une injustice qui m’était parfois presque insupportable. »

Alignement des planètes

De retour en Béarn, à Estialescq, l’Oloronais d’origine confie s’en remettre à la providence. Plus particulièrement pour cette exposition : « Je crois au hasard, aux belles rencontres, aux pensées qui se font à l’unisson. C’est notamment le cas avec Sandrine (Cabané-Chrestia, directrice de la Villa, NDLR) – qui m’a proposé cet espace – ou avec la pianiste Caroline Bentz, qui se trouvait être une amie d’Alain Larribet, que j’avais photographié quelque temps avant et dont la musique accompagne l’exposition. Même chose avec Marc Alexandre Oho Bambe, dont je présente ici des poèmes ici que j’entendais à l’époque dans une émission sur France Inter. Après quelques recherches, je l’ai découvert dans une vidéo accompagné par les deux musiciens que je viens d’évoquer. » Dans ces conditions, on parle souvent d’alignement des planètes, ce à quoi l’artiste souscrit avec un grand sourire.

Le photographe devant la série consacrée aux migrants pris en charge par l’association “Pour” d’Oloron.

Le photographe devant la série consacrée aux migrants pris en charge par l’association “Pour” d’Oloron.

Benjamin Roullier

Vernissage émouvant

Bénévole de l’association Piémont Oloronais Urgence Réfugiés (Pour) depuis quelques années, Alain Couloume revient sur les deux séries de photos. La première, « Canfranc Transit » : « Le modèle de ces photos est Angelo, un Malgache que j’avais hébergé chez moi, il y a deux ans. Un jeune que j’avais d’abord rencontré à Mayotte lorsque j’étais encore professeur et qui, après son bac, est venu suivre ses études agricoles à Oloron. Les clichés datent maintenant d’il y a trois ans. C’est avec cette série, dans les ruines de la gare de Canfranc, que Sandrine Cabané-Chrestia m’a proposé une exposition. »

Une installation de gilets de sauvetage et de chaussures rappelle les difficultés des migrants lors des traversés en mer.

Une installation de gilets de sauvetage et de chaussures rappelle les difficultés des migrants lors des traversés en mer.

Benjamin Roullier

La seconde série, « Résident de l’espoir », s’adresse directement aux migrants de l’association “Pour” à travers une vingtaine de portraits, tous accompagnés d’un texte choisi par leurs soins. L’artiste se souvient d’un vernissage émouvant en leur présence : « À la fin, ce sont eux qui ont lu leurs propres textes, dans leurs propres langues. Des gens ont pleuré. La maire de Saucède, Martine (Mirande, NDLR), est venue me serrer dans ses bras en me disant : ‘Qu’est-ce que c’est beau, qu’est-ce que c’est beau !’ »

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