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Du Sam 28 août au Ven 3 Sep | 14:00-18:00

Entrée libre
Pass sanitaire obligatoire pour les plus de 18 ans

Pour moi la photo est un moyen d’expression destiné à partager un point de vue sur le monde qui m’entoure et dont l’humain est au centre. C’est pourquoi, quand Le Labo Photo révélateur d’images, association dont je fais partie, a proposé le thème de « la rive droite, entre deux ponts », je suis allé à la rencontre des gens et particulièrement vers ceux qui ont échoué sur cette rive, après une traversée plus ou moins difficile : ceux qu’on appelle « les migrants ».

J’ai rencontré quelques personnes dans un petit squat, près de la place Stalingrad. J’ai fait des portraits et Valbona, une jeune femme albanaise, m’a dit : « il faudra revenir après l’école pour photographier mes enfants. » Je suis revenu, elle avait déménagé. Je l’ai retrouvée dans un grand squat qui venait d’ouvrir à Cenon, une ancienne résidence pour personnes âgées destinée à être rasée pour un futur projet immobilier, où environ 80 familles avaient trouvé refuge, soutenues par différentes associations, collectifs et autres citoyens bénévoles.

J’ai photographié les enfants de Valbona, leurs ami.e.s, les voisin.e.s, j’ai ramené des tirages, j’ai bu des cafés, mangé des pâtisseries, découvert des familles. Et puis, il y a eu des fêtes, des concerts et d’autres photos. Et à chaque fois, j’étais frappé par la vie, l’énergie et la beauté de toutes ces personnes qu’on ne voudrait souvent nous montrer que dans la tristesse et la grisaille d’un flux indifférencié de « migrants ». J’ai aussi été admiratif devant l’humanité et les efforts des bénévoles pour écouter, prendre en charge, résoudre les conflits et gérer au mieux ce lieu pour en faire un village accueillant.

Et puis, il y a eu les premières alertes concernant une possible expulsion. « Pas d’expulsions sans relogements ! » La vie a continué, jusqu’à ce jeudi 11 février à 6 h du matin. La Zone Libre était cernée. En plein hiver, en pleine pandémie, sans brutalité mais avec une grande violence, toutes les personnes présentes (certaines avaient quitté le lieu plus tôt) ont été délogées et invitées à monter dans des bus pour être dispersées dans différentes villes de la région Nouvelle Aquitaine. Certains sont partis, d’autres sont restés. Tous sont redevenus des « migrants ».

Maurice Lafaye

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