Activistes, infirmières, gynécologues, maquisardes, dactylos… Pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie, ces femmes de l’ombre ont rempli toutes les fonctions, de la logistique à la médecine en passant par la lutte armée et l’encadrement politique. El Moudjahidate raconte l’histoire de ces femmes peu ou mal connues du public, invisibilisées alors qu’elles ont joué un rôle majeur et déterminant dans la lutte contre la colonisation. Chacun des diptyques photographiques qui composent le projet présente, à gauche une photo d’époque, appartenant aux archives familiales de chaque militante, et à droite, le portrait réalisé par la photographe Nadja Makhlouf. L’ensemble a été réalisé à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. Plusieurs femmes sont aujourd’hui décédées. 

Nadja Makhlouf

20 avril 2022 à 13h03

© Nadja Makhlouf

Elyette Loup, née le 21 janvier 1934 à Birtouta, agent de liaison pour le Parti communiste algérien (PCA). 

Elyette Loup distribue des tracts et fait passer des messages dans la clandestinité pour le PCA. Française, elle n’avait aucun mal à se déplacer à l’intérieur de la ville pour transporter des enveloppes, des tracts ou même des pistolets. Lorsqu’elle est dénoncée pour ses activités clandestines, elle sera recherchée par les « paras ». Tombée dans une souricière en 1957, elle est torturée puis emprisonnée, d’abord en Algérie puis en France, pendant trois ans. Libérée, elle fabrique des faux papiers pour se rendre en Algérie dans la clandestinité jusqu’à la fin de la guerre. En 1962, elle se marie avec un militant algérien.

Elle habite toujours Alger.

© Nadja Makhlouf

Assia Tafat, née le 18 novembre 1946, manifestante. 

Assia vit sa première manifestation, organisée par le Front de libération nationale (FLN), en 1960. Malgré les interdictions de sa mère d’aller manifester, Assia fait le mur pour retrouver sa voisine et sa sœur. Finalement, sa mère, qui refuse de la laisser seule, la retrouve dans chaque cortège. À chaque visite de l’armée française, Assia feint d’être malade pour ne pas répondre à leurs questions et ne pas être repérée. Les autorités algériennes mettront plus de cinquante ans avant de découvrir que c’était elle, « la lycéenne en robe à fleurs ».

Elle vit toujours à Alger.

© Nadja Makhlouf

Fatima Kade est née en 1923, assure l’intendance des armes au maquis. 

Fatima Kade s’occupe de l’intendance des armes et cuisine pour les hommes qui sont au maquis. Elle s’est engagée dans l’armée aux côtés de son mari. Lorsqu’elle est appelée au front, elle laisse ses enfants aux voisins et part « aider l’Algérie à gagner son indépendance ». Elle perd deux de ses enfants – de maladie – ; et son mari – au combat – pendant la guerre.

Elle devient aveugle plusieurs années après la guerre et meurt durant l’hiver 2012.

© Nadja Makhlouf

Gilberte Sportisse, née le 17 septembre 1917 à Alger. Militante communiste algéroise.

Gilberte Chemouilli (son nom de naissance) est née d’un père juif et d’une mère chrétienne. En 1937-1938, elle rejoint les rangs du Parti communiste algérien (PCA), à l’époque où la répression est sauvage. Pacifiste, elle se distingue immédiatement par son antimilitarisme. Elle adhère au parti pour lutter contre le fascisme et les conditions de vie des Algérien·nes, régis par le Code de l’indigénat. Elle est arrêtée dès la fin de l’année 1939 par la police de Vichy, en même tant que de nombreux camarades dont Kaddour Belkaïm, responsable du PCA, mort en déportation.

Gilberte est condamnée à deux ans de prison, où elle subit ses premières tortures. Dès sa sortie, elle épouse un juif communiste, mais cette union ne dure pas et elle divorce. Elle reprend ses activités au sein du parti, où elle rencontre Taleb Bouali, berbère, permanent syndical au PCA, qu’elle épouse après 1945. Devenu secrétaire général, est arrêté et jugé le 17 mars 1951, puis relâché. Lorsque la guerre d’indépendance éclate, Taleb monte au maquis.

Gilberte est arrêtée et expulsée d’Algérie vers la France en 1957. De 1958 à 1962, elle fait partie de la délégation du Parti communiste algérien à Prague, où elle attend la fin de la guerre et le retour de son mari, qui ne reviendra jamais, mort au combat en 1956.

Gilberte regagne l’Algérie indépendante et devient citoyenne algérienne. Elle réintègre son poste à Alger-Républicain (quotidien algérien fondé en 1938) puis épouse William Sportisse, autre figure éminente du PCA. Après le coup d’État de 1965 mené par Houari Boumédiène, le PCA dénonce le coup de force, c’est la répression contre le Parti, Gilberte est de nouveau arrêtée en 1966 et détenue. Libérée en 1967, elle finit sa vie professionnelle en tant que secrétaire à la Sécurité sociale, à Alger.

Menacés par les intégristes religieux, Gilberte et son mari William s’exilent en France en 1994. Gilberte meurt en septembre 2021.

© Nadja Makhlouf

Henda, née le 1er juillet 1927 à Alger. Comédienne dans la troupe artistique du FLN.

C’est à l’école que Henda se rend compte de la différence et de la discrimination entre les Arabes, les juifs et les Européens. Elle entre chez les scouts à la Casbah, en face de la Medersa. Les sœurs blanches lui apprennent le métier d’aide-soignante. Lorsque son beau-frère est arrêté, elle part pour Paris. Elle y rencontre une Tunisienne qui part pour Tunis, non loin de l’Algérie. Henda la suit et y rencontre beaucoup d’Algériens. Très rapidement, elle fait partie du FLN à Tunis. On la contacte pour lui dire qu’une troupe d’artistes du FLN est en train de se créer. Moustapha Kateb, directeur et metteur en scène de la troupe, lui demande si elle sait danser. Elle répond « oui ». Elle est recrutée sur le champ. Elle suit une formation délivrée par les artistes eux-mêmes et entame une tournée dans le monde entier : Égypte, Irak, Chine, Yougoslavie, Libye, Russie, Tunisie… La troupe joue Les Enfants de la Casbah et La Fresque, de Boualem Rais ainsi que Monséra, pièce patriotique espagnole jouée uniquement en Yougoslavie. Des chants patriotiques sont chantés au début et à la fin de chaque pièce. De même, le drapeau algérien est brandi à la fin de chaque représentation. Les spectacles permettent de continuer la lutte autrement que par les armes. Puis la troupe s’installe à la frontière tunisienne de 1958 à 1962. À la fin de la guerre, chacun continue son chemin.

Henda rentre à Alger et exerce un autre métier. Elle y habite toujours.

© Nadja Makhlouf

Malika Lamri, née le 2 mai 1933 à la Casbah. Poseuse de bombe (Seconde relève).

Affiliée à la wilaya 3 (Kabylie), c’est son mari, moudjahid dans le maquis, qui lui demande de participer à la guerre de libération avec une amie, Malika. Elles décident de transporter et de poser une bombe dans la zone autonome d’Alger alors que toutes les « poseuses de bombes » sont à ce moment-là emprisonnées. En 1957, pendant la bataille d’Alger, elle est dénoncée puis arrêtée par les parachutistes, torturée et emprisonnée pendant quatre ans et demi. Elle apprend en prison que son mari est mort au combat.

Leurs enfants sont séparés et envoyés dans différents foyers en France. Après la guerre, elle mettra beaucoup de temps avant de récupérer tous ses enfants et reconstituer la cellule familiale. Certains ne lui pardonneront jamais de s’être engagée dans la guerre au lieu d’avoir été mère au foyer.

Elle est morte au printemps 2013.

© Nadja Makhlouf

 Zoulikha Bekaddour, née le 1er mars 1934 à Tiaret. Trésorière de l’Union générale des étudiants musulmans algériens.

Première élue du bureau exécutif de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema), organe politique qui faisait un travail de fond auprès des étudiants, à l’université d’Alger. Après la disparition de nombreux étudiants, l’Ugema décide de mettre en place la grève du 19 mai 1956. C’est à ce moment-là que Zoulikha Bekaddour décide d’aller au maquis. Elle y reste comme clandestine, chargée de secrétariat à la direction de la wilaya V. Arrêtée et transférée à la prison El Harrach en 1957, elle y reste plusieurs mois. À la fin de 1960, elle s’enfuit en Suisse, près de Lausanne. C’est là que l’Ugema sera reconstituée.

À partir de 1961, elle effectue plusieurs déplacements à Budapest, en Yougoslavie, en Irak et à Vienne lors de congrès internationaux sur la femme dans le monde. Après l’indépendance, elle part et prépare une thèse avec Pierre Bourdieu à Paris. En 1964, elle revient en Algérie et s’occupe de la restitution des fonds des bâtiments universitaires.

Elle vit toujours à Alger.    

© Nadja Makhlouf

Amouche Tasadite, dite Houria Ramel, née le 23 novembre 1933 à Nasana (Kabylie). Éclaireuse et agent de liaison dans le réseau de Bombe.

Houria grandit sans père. C’est sa mère qui s’occupe des enfants. Au retour de celui-ci, la famille s’installe à Alger. À 14 ans, elle épouse Hadji Osmane dit « Ramel », un des chefs de la zone autonome d’Alger. À travers lui, elle est la première femme membre du premier noyau du réseau.

À ce moment, elle est chargée de transporter les armes, du plastique et du courrier. Durant la grève des huit jours, elle mobilise les femmes et intensifie ses activités.

Les arrestations incessantes et le quadrillage d’Alger finissent par la rendre visible aux yeux de la DST. Elle tente de se cacher chez sa belle-famille, mais en 1957 elle est arrêtée par les bérets rouges – qui habitent dans une maison de style mauresque et pratiquent régulièrement la torture et les interrogatoires.

Transférée à la caserne d’Orléans, à Birtraria, à la villa d’El Biar, elle passe d’un interrogatoire à un autre sans jamais avouer qu’elle porte l’enfant de Ramel. C’est lors d’un interrogatoire musclé qu’on lui apprend sa mort et découvre son identité. Les bérets rouges intensifient les tortures et ne la lâchent pas d’une semelle. Ils veulent qu’elle parle du réseau et donne des noms… Elle n’en fera rien.

Malgré les supplices et l’extrême fatigue (elle est de nombreuse fois alitée et on lui interdit de bénéficier de soins à l’hôpital), elle ne perd pas l’enfant. À la prison Barberousse, prise en charge par ses sœurs de dortoir , elle réussit à mener à terme sa grossesse.

Elle vit aujourd’hui à Alger.

© Nadja Makhlouf

Evelyne Lavalette, née 15 juin 1927, à Alger. Agent de liaison et hébergement des dirigeants du FLN.

Issue d’une famille de pieds-noirs de la troisième génération, Évelyne Lavalette a grandi à Roubia. C’est en 1951 qu’elle adhère à l’Association de la jeunesse algérienne pour l’action sociale (Ajaas), association composée de musulmans, catholiques, protestants, juifs et laïcs qui a pour but l’éducation des jeunes. Elle y rencontre beaucoup de jeunes appartenant à différents mouvements : scouts, étudiants, travailleurs, intellectuels. Elle y découvre la vie politique, sociale et économique des populations. C’est à cette époque qu’elle décide de lutter contre le système politique colonial. En 1956, elle s’engage au côté du FLN puis rapidement, le FLN lui demande d’être agent de liaison. Elle imprime des tracts, s’occupe du transport de matériel et de l’acheminement de colis. Elle héberge chez elle à différentes reprises des combattants du FLN, dont le colonel Ouamrane, le colonel Sadek, Krim Belkacem, Ben M’Hidi, Mohamed Seddik Benyahia, Abane Ramdane et Benyoucef Benkhedda. En 1956, au côté de Nassima Hablal et Isa Benzekri, elle participe à l’impression du premier numéro du journal clandestin El Moudjahid, l’organe de communication du FLN. Elle prend une part importante dans la distribution du journal et des tracts du FLN, plus souvent en empruntant le train. Elle livre dans les grandes villes les stencils du journal El Moudjahid ensuite ronéotypés sur place. Elle a dactylographié la lettre à ses parents d’Ahmed Zabana, premier révolutionnaire guillotiné en juin 1956 à la prison Serkadji.

Arrêtée en novembre 1956 par la police française, torturée, détenue à la prison d’Oran de 1956 à 1957, Orléansville, puis à la Centrale de Maison-Carrée, elle est libérée en 1959. À l’indépendance de l’Algérie, elle est élue à l’Assemblée constituante puis à la première Assemblée nationale en 1964. Elle participe à l’étude et à la mise en place du système éducatif. Elle occupe à partir de 1968, jusqu’à sa retraite, diverses fonctions au ministère du travail et dans l’administration locale.

Elle meurt en 2014.

© Nadja Makhlouf

Alice Cherki, née en 1936 à Alger. Psychiatre aux côtés de Frantz Fanon.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Alice Cherki découvre le racisme et la ségrégation. Lorsqu’elle a 3-4 ans, elle est renvoyée de l’école parce qu’on dit qu’elle est juive.

Elle réalise qu’elle grandit dans une société compartimentée : il y a les Européens, les juifs, les Arabes. Pour elle, l’indépendance du pays est inévitable. Elle entre en médecine à 18 ans et se rend compte que la ségrégation y existe aussi. Dès 1955, elle collecte des médicaments pour les maquisards de la wilaya IV. Elle y distribue des tracts. C’est alors que Frantz Fanon, psychiatre et écrivain français martiniquais, engagé pour l’indépendance de l’Algérie, lui propose de travailler à l’hôpital psychiatrique de Blida. Elle accepte. Cet hôpital devient l’un des « nids des fellaghas ». La plupart des internes de Fanon abritent des maquisards, des blessés du FLN. Alice reçoit les blessés de manière clandestine et les soigne. Lorsque Fanon est arrêté et expulsé d’Algérie en janvier 1957, les internes et infirmiers de l’hôpital sont menacés d’arrestation. Alice décide de partir à Paris clandestinement. Elle continue de militer avec la fédération de France, le réseau Jeanson. En 1958, elle rejoint la Tunisie où elle retrouve, entre autres, Fanon. Début 1959, dans le cadre des bourses accordées aux étudiants algériens, elle part en Allemagne de l’Est où elle poursuit sa formation de neuropsychiatre. Elle y reste jusqu’en 1960. On la rappelle de nouveau en Tunisie, elle travaille pour les réfugiés et les traumatisés de guerre jusqu’en mars 1962. Avec Janine Belkhodja, autre figure combattante, elle se porte volontaire pour rentrer en Algérie. Elle travaille à Belcourt et à Kouba. Elle y reçoit les blessés et les malades, qui ne peuvent se rendre dans les hôpitaux d’Alger en raison des attentats de l’OAS (Organisation de l’armée secrète). Quelques mois après l’indépendance, elle revient à Paris. Elle finit sa formation de pédopsychiatre et de psychanalyse et tentera de transmettre son expérience aux jeunes.

Alice habite toujours à Paris.

© Nadja Makhlouf

Janine Belkhodja, née le 2 avril 1928 à Alger. Gynécologue obstétricienne.

Janine Belkhodja travaille comme médecin d’hygiène scolaire à Boufarik, tout en restant en relation avec le PCF-FLN. Elle envoie souvent des médicaments au maquis et distribue des tracts à Alger. Arrêtée puis expulsée en juin 1957, elle y est interdite de séjour. Dès 1958, elle part en Tunisie et est affectée au service chirurgie par le FLN-ALN. Elle y effectue plusieurs missions jusqu’à l’indépendance. En 1967, Avec Laliam et Moatti, elles ouvrent le premier Centre national de régulation des naissances et de planification familiale à l’hôpital Mustapha.

Janine est morte en 2013.

© Nadja Makhlouf

Farida Hamdiyous, née le 28 décembre 1940 à Soukahras (frontière tunisienne). Infirmière.

Farida est la cinquième fille de la famille à être enrôlée dans la guerre. Elle fait un stage d’infirmière pendant cinq mois. Affectée à l’hôpital Abib Thameur pendant un an, elle exerce son métier d’infirmière : elle soigne les blessés de guerre. Elle prodigue des soins aux moudjahidine et se déplace régulièrement de villages en villages près de la frontière tunisienne.

Elle habite aujourd’hui Alger.

© Nadja Makhlouf

Jacqueline Guerroudj, née en 1919 à Rouen. Doyenne des six ex-condamnées à mort.

Jacqueline Guerroudj étudie la philo et le droit quand elle décide de venir en Algérie en 1948, pour être institutrice à Tlemcen. Elle découvre l’Algérie avec son mari Pierre Minne, professeur de philosophie à Tlemcen (avec qui elle aura une fille, Djamila Amrane Minne, née Danièle Minne, combattante et emprisonnée, comme sa mère, pendant la guerre). En 1950, elle se remarie avec Abdelkader Guerroudj, responsable pour Alger des « combattants de la Libération ». Jacqueline devient six ans plus tard son agent de liaison. En 1955, les Guerroudj sont expulsés d’Algérie vers la France, sur ordre du préfet d’Oran, pour « propos antifrançais et troubles à l’ordre public ». Ils vivront quelques mois à Rouen, dans la famille de Jacqueline. Au début de l’année 1956, la famille Guerroudj obtient l’annulation de la décision de bannissement, ils reviennent en Algérie mais sont interdits de séjour dans l’Oranais. Le couple s’installe dans la banlieue est d’Alger. Les activités de Jacqueline se multiplient et elle prend de plus en plus de risques. Elle transmet des instructions, transporte des rapports et des faux papiers, cache des militants, des armes et plus tard des bombes. Elle sera chargée de transporter des bombes préparées par Abderrahmane Taleb (l’artificier du FLN) pour Fernand Iveton dans l’opération de sabotage de l’usine à gaz d’El Hamma. Iveton sera guillotiné en février 1957, sa grâce ayant été refusée par Guy Mollet. La même année, les Guerroudj seront arrêtés et torturés avec Abderrahmane Taleb en pleine bataille d’Alger à la suite de cette affaire. Jacqueline sera condamnée à mort et emmenée tout d’abord à la prison de El Harrach. Le couple sera gracié en 1959 avec beaucoup d’autres condamnés, et leur peine commuée en détention à vie. Jacqueline sera transférée dans les prisons de Marseille, Paris, Toulon, Toulouse et enfin Pau. Libérée en avril 1962, elle retourne en Algérie et travaille à la bibliothèque de la faculté de droit d’Alger, et cela jusqu’à sa retraite.

Elle meurt en janvier 2015.

© Nadja Makhlouf

Aouali Ouici Senouci, née le 14 Mars 1938 à Tlemcen. Contrôleuse.

Très tôt, Aouali Ouici Senouci est consciente de ce que vit le pays. Plusieurs fois son père lui dira : « Le colonisateur est traître, ne lui fais pas confiance. » À la médersa, on lui enseigne l’histoire de l’Algérie et on lui apprend les chants patriotiques. Elle cherche très rapidement à être intégrée dans une cellule. Un camarade lui propose, ainsi qu’à d’autres lycéennes, de venir intégrer le FLN ou l’ALN. Elle accepte de suite et s’en va au maquis. Dans une lettre, une camarade lui écrit « l’amour de la patrie est un acte de foi », elle ne l’oubliera jamais. En 1956, elle part pour Marniya puis Nedroma. Elle est confiée à une infirmière pour suivre une formation paramédicale puis rejoint Oujda où elle sera reçue par le colonel Boussouf.

Là, elle découvre la réalité du terrain.

Le matin, elle suit une formation militaire : maniement des armes, embuscade, tactique de combat tandis que l’après-midi est consacré à la conscientisation politique. Elle devient alors contrôleur.

Elle est chargée de dactylographier les bulletins de guerre et de mener une action psychologique au centre d’écoute et de transmission française. Elle intercepte les messages pour les exploiter et les utiliser. Elle participe à la création du bulletin L’Avenir pour intercepter et stopper la propagande française. Elle rentre à Tlemcen peu après et travaille avec le ministère du tourisme jusqu’à la retraite.

 Elle habite toujours Alger.

  1. © Nadja Makhlouf Zohra Slimi, née le 7 juillet 1936 à la Casbah. Tisseuse de drapeau/ Chant patriotique.Son père, combattant de la première heure au côté de Messali Hadj, donne très tôt une conscience politique à Zohra Slimi. À l’école, elle apprend par cœur des chants patriotiques. Ces chants lui donnent envie de devenir militante. Pour elle, ces chants nationalistes visent à sensibiliser l’opinion publique. A partir de mai 1955, elle se met à confectionner des drapeaux algériens pour les agents de liaison qui les acheminent au maquis. À l’époque, la confection de ces drapeaux pouvait être un motif de torture et d’emprisonnement. Pendant la guerre de libération, beaucoup de militants séjournent chez elle. Sa maison est réputée pour être l’une des grandes cachettes de la Casbah. Lorsque les paras débarquent dans la maison, elle fixe à l’aide d’un crochet les grenades, armes, médicaments, documents autour du puits pour se mettre à l’abri de tout soupçon. Malgré la mort de son père en 1957, assassiné par la DST, elle ne cesse le combat.Elle vit aujourd’hui à Alger.Letravail de Nadja Makhlouf interroge les différents aspects de la mémoire, de l’histoire et de la condition des femmes en Algérie. « Moudjahidate » est le deuxième volet d’une trilogie « Algérie, algériennes », un projet sur la condition des femmes en Algérie, composé d’une exposition photographique et d’un film documentaire.Aujourd’hui, Nadja Makhlouf se concentre sur le troisième volet, cette fois autour des femmes touareg dans le désert algérien. En parallèle, elle entame un travail photographique sur du long court autour des femmes féministes et musulmanes en France.

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