Après l’assassinat de trois membres de la communauté, les kurdes ont exprimé leur colère lors d’un nouveau rassemblement lundi 26 décembre, presque 10 ans après l’attaque mortelle contre trois militants kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan dans le même quartier, le 9 janvier 2013.

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Avec

  • Olivier Grojean chercheur au CESSP et maître de conférence à l’Université Paris I, auteur de « La révolution kurde – le PKK et la fabrique d’une utopie »

A côté d’un centre culturel kurde à Paris, trois kurdes, une femme et deux hommes, on été assassinés dans le 10e arrondissement ce vendredi 23 décembre 2022. Leur meurtrier présumé a été mis en examen pour assassinat avec un mobile raciste. Selon les enquêteurs, le tueur visait des étrangers, mais pas spécifiquement des Kurdes.

L’assassinat de trois femmes kurdes en 2013

Lundi 27 décembre, un nouveau rassemblement de la communauté kurde a eu lieu à Paris pour dénoncer ces meurtres. Les Kurdes sont ébranlés et en colère, car selon Olivier Grojean, il y a “une certaine défiance vis-à-vis de l’état français, notamment lié à l’assassinat des trois militantes du PKK en 2013. La France en 2013 a tout fait pour étouffer l’affaire. Aujourd’hui on n’a toujours pas résolu cette affaire. Les Kurdes se disent qu’ils ne sont pas réellement protéger ici et les autorités françaises ne font pas tout pour solutionner tout ça.”

Le 9 janvier 2013, trois femmes du mouvement kurde sont assassinées rue La Fayette dans un appartement du 10e arrondissement de Paris. Parmi elles, la dirigeante et cofondatrice du Parti des Travailleurs du Kurdistan, abrégé PKK en kurde, Sakine Cansiz, est tuée. Olivier Grojean revient sur cet assassinat : “un auteur est arrêté. On comprend assez vite qu’il a des liens avec le Millî, le service des renseignements turcs et puis il meurt en prison avant que les investigations se terminent. Ca n’est pas la faute de l’Etat mais il y a sans doute des liens qui auraient pu être mis en évidence et qui ont été soit passés sous silence, soit étouffés, alors que la France savait dès le début que les services secrets turcs étaient impliqués.”

Une communauté kurde implantée dans le 10e arrondissement

Les Kurdes sont établis dans le 10e arrondissement depuis longtemps, selon Olivier Gorsjean. “C’est une population qui arrivent dans les années 1960-1970 comme travailleurs immigrés, précise-t-il, Et puis à partir des années 1980 viennent des vagues de réfugiés politiques après le coup d’Etat en Turquie en 1980, avec beaucoup de Turcs et de Kurdes de gauche qui se réfugient en Europe.”

Pour Olivier Grojean, la France aurait étouffé l’affaire à cause de ses liens avec la Turquie. Il livre son analyse : “Les Kurdes qui sont associés au PKK  en Europe sont visés depuis très longtemps. Il se trouve que l’association qui a été visée à paris, le Centre démocratique du Kurdistan est une association liée au PKK, donc pour les Kurdes ce serait très bizarre que ce ne soit qu’une attaque raciste. Même si en Allemagne il y a eu pas mal d’attaques racistes contres des Turcs et des Kurdes dans les années 1990, en France, c’est quelque chose qui n’est jamais arrivée. On a davantage la possibilité de faire le lien avec les assassinats de 2013 qu’avec d’autres types d’expérience.”

photo de tête Marche en hommage et en solidarité avec la communauté kurde à Paris, le 26 décembre 2022. Portraits des victimes des fusillades du 23 décembre 2022 et de 2013 ©AFP – JULIEN DE ROSA

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