Le 23 septembre 1919 naissait la résistante française Renée Moreau. D’origine modeste, elle parvint à passer son certificat d’études mais du travailler comme employée de maison puis comme vendeuse avant d’être embauchée dans une manufacture d’armes à Châtellerault. La signature de l’armistice puis l’occupation de la France la poussèrent à s’engager en 1941 dans la résistance en rejoignant l’organisation spéciale, une structure clandestine affiliée au PCF (devenant par la suite les FTP) disposant d’une implantation dans la manufacture où elle travaille. Elle commença à distribuer des tracts clandestins dénonçant l’Occupation et appelant à résister puis pris part à des sabotages tout en s’occupant de la diffusion d’un journal clandestin dans sa manufacture. Elle participa également à un réseau d’accueil et d’aide de résistants à qui elle fournit des faux papiers, du ravitaillement et des cartes de ravitaillements venant de la mairie.

Renée Moreau se fit surtout remarquer pour avoir été à l’origine, malgré son interdiction par l’occupant, d’une manifestation du personnel de la manufacture le 26 novembre 1942 lors de laquelle entre 1 800 et 2 000 personnes se réunirent pour chanter la Marseillaise afin de dénoncer l’envoi de travailleurs en Allemagne. Cette manifestation fut un succès puisqu’elle permit de limiter les envois de personnels vers l’Allemagne. Elle fut cependant dénoncée et arrêtée en février 1943 avec quatorze autres résistants puis déportée au camp de Ravensbrück en Allemagne. Elle parvint néanmoins à s’en échapper en avril 1945 lors de l’évacuation du camp par les nazis fuyant l’avancée de l’Armée rouge et elle put alors rejoindre les troupes alliées et enfin rentrer en France en juin 1945 malgré une condition physique déplorable, ne pesant plus que 38 kg après deux années de camp d’internement. Elle put cependant retrouver la santé et reprit son travail en manufacture et fut par la suite nommée secrétaire départementale de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes qui rassemblent les victimes du nazisme et se livre à plusieurs activités mémorielles, judiciaires et sociales. Renée Moreau s’est éteinte il y a deux jours.

Renée Moreau s’est éteinte à l’âge de 102 ans.
© Photo d’archives Franck Bastard

Ci-dessous l’article que La Nouvelle république lui consacrait dans sa livraison du 25 septembre

Grande figure châtelleraudaise de la Résistance, Renée Moreau s’est éteinte ce vendredi 24 septembre 2021 à l’âge de 102 ans. La disparition d’un des derniers témoins de l’horreur des camps.

Inlassable témoin de l’horreur des camps, Renée Moreau, grande figure châtelleraudaise de la Résistance, s’est éteinte ce vendredi 24 septembre 2021 à la résidence retraite de Senillé, où elle vivait depuis quelques années. Elle venait de fêter ses 102 ans.
Renée Moreau est née en 1919 dans une famille modeste à Buxeuil. Titulaire d’un certificat d’études, elle a travaillé comme employée de maison, puis comme vendeuse à Paris, avant d’entrer à la Manufacture d’armes de Châtellerault.

En 1940, elle est entrée dans la Résistance. Très active, elle a organisé avec d’autres une grande manifestation du personnel de la Manu le 26 novembre 1942 pour protester contre l’envoi de travailleurs en Allemagne. Dénoncée par un collègue, elle a été arrêtée en février 1943 avec quatorze autres résistants de la Manu.

Deux ans en enfer

Tout d’abord incarcérée à la prison de la Pierre-Levée à Poitiers, où elle a été battue au cours de nombreux interrogatoires, elle a été conduite en mars 1943 au fort de Romainville puis à Compiègne et, enfin, déportée au camp de Ravensbrück avec le « convoi des 19.000», où elle a découvert l’insoutenable réalité des camps. Transférée début 44 à Neubrandeburg puis à l’usine souterraine de la Walbau, elle s’est évadée au printemps 1945 à la faveur de l’arrivée de l’Armée rouge. Elle est revenue à Châtellerault en juin de la même année, pesant moins de quarante kilos.

Durant toutes les décennies qui ont suivi, Renée Moreau, qui a entretemps reçu plusieurs distinctions (légion d’honneur, médaille militaire et croix de guerre), n’a eu de cesse de témoigner de l’horreur qu’elle a vécu, notamment auprès des jeunes. «A notre retour, les gens ne voulaient pas nous croire», confiait-elle en 2014 pour expliquer son engagement. Un engagement qu’elle aura tenu jusqu’à ses cent ans au sein de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes, dont elle a été secrétaire départementale.

Ses obsèques auront lieu ce jeudi 30 septembre 2021 à 15h au cimetière de Châteauneuf à Châtellerault.

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