Jeudi 7 octobre au matin, sur les 25 mineurs isolés en recours du Kabako, six ont été délogés de leur hébergement d’urgence, normalement assuré par la préfecture jusqu’au 11 octobre. Cette dernière évoque une erreur.

« Ce matin, quelqu’un est venu frapper à la porte de ma chambre pour me dire de partir. Mais je vais où ? Dans la rue ? » Ancien habitant du Kabako, ce jeune migrant était hébergé dans un hôtel à Artigues-près-Bordeaux. Comme lui, cinq autres jeunes, aussi en recours pour faire reconnaître leur minorité, ont été délogés de leurs chambres d’hôtel à la même heure ce jeudi 7 octobre.

À 14h, une délégation composée de membres du collectif Kabako, de Tremplin et de Médecins du monde a été reçue par le Département et la Préfecture. Au terme de la rencontre, la Préfecture a assuré le retour dans l’hôtel des six jeunes expulsés, et ce, jusqu’au 11 octobre. Une possible prolongation des mises à l’abri jusqu’aux audiences de recours est « à l’étude », d’après le collectif du Kabako.

Rassemblement de soutien devant l’Immeuble Solidarité du Département (VB/Rue89 Bordeaux)

« Délogement progressif »

Effectivement, la Préfecture s’était engagée à proposer un hébergement d’urgence, en hôtel, jusqu’au 11 octobre. Des prolongations de mise à l’abri avaient également été mises sur la table, « au cas par cas », selon la date de recours de chacun. Au lendemain de l’expulsion du Kabako, rue Camille-Godard à Bordeaux, les associations étaient même parvenues le vendredi 24 septembre à obtenir des garanties sur la situation des 25 jeunes mineurs isolés, tous en recours auprès du Juge des enfants, après un entretien avec la Département et la Préfecture.

Communiqué du collectif du Kabako, en date du 24 septembre dernier

Noëlla fait partie du collectif :

« Nos membres ont appelé le 115 pour en savoir plus. On leur a répondu qu’il s’agissait d’une consigne de l’État, à savoir d’un délogement progressif. Le premier hôtel aujourd’hui, le second demain, et le troisième lundi. L’engagement n’a pas été tenu. »

Et d’évoquer la question de la nourriture :

« Lors de la première rencontre du 24 septembre, nous avions aussi demandé que la nourriture soit prise en charge par le Département et la Préfecture. Rien n’a été fait. Ce sont les associations bordelaises, notamment Graines de Solidarité et les Restos du Cœur de Eysines, qui ont pris le relai. »

Et après ?

Pour d’autres soutiens présents à la mobilisation, le renvoi de balle entre les différentes institutions sur la prise en charge des mineurs non-accompagnés en recours ne peut plus durer :

« Le Département met en avant la Maison Emmanuelle Ajon. Dans ce foyer, il n’y a pas seulement des mineurs non-accompagnés, il y aussi des mineurs en recours. Ces derniers ont bénéficié d’un référé hébergement auprès du Tribunal administratif. Il n’y a pas que les mineurs reconnus qui peuvent être hébergés, ceux en recours aussi. »

À la sortie de la réunion, dans l’après-midi, les associations ne cachent pas leurs craintes pour l’avenir :

« Nous avons souligné l’urgence de la situation pour les six personnes qui ont été sorties ce matin, pour celles qui vont être sorties demain. Nous pensons que ça peut-être jouable pour ce soir et ce week-end, mais nous ne pouvons rien avancer pour l’après 11 octobre. Et pourtant, nous avons donné les dates d’audience pour les recours… Pour la nourriture, ils ont dit qu’ils avaient oublié de nous recontacter. »

Contactée par Rue89 Bordeaux, la préfecture plaide « l’erreur » concernant les six jeunes délogés ce matin. Elle assure « avoir fait le nécessaire pour qu’elles puissent être relogées jusqu’au 11 octobre comme cela avait été dit », sans plus de précisions. Une information confirmée, en début de soirée, par le collectif du Kabako.

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