Dans un contexte de politisation et de médiatisation extrêmes autour du sauvetage en Méditerranée, les ONG de sauvetage en mer sont l’objet d’attaques incessantes visant à dénigrer leur action. SOS MEDITERRANEE publie le document « Stop aux fake news sur le sauvetage en mer » et revient sur cinq ans de criminalisation de son action. 


Harcèlement administratif et judiciaire : des navires humanitaires bloqués

Le 11 janvier 2021, l’Ocean Viking repartait en Méditerranée après cinq mois d’immobilisation du navire en Italie. Si les équipes de SOS MEDITERRANEE ont pu satisfaire les nouvelles exigences administratives des garde-côtes italiens, cela n’a pas été le cas de tous les bateaux. Sur les sept navires d’ONG placés en détention en 2020 par les autorités italiennes, seuls deux sont opérationnels aujourd’hui pour mener leur mission de sauvetage : l’Ocean Viking et l’Open Arms. Le Sea Watch 3 qui avait pu effectuer un sauvetage en février est de nouveau immobilisé en Italie, et d’autres restent bloqués par diverses mesures administratives.

À cela s’ajoute une recrudescence de procédures judiciaires menées en Italie à l’encontre des ONG de sauvetage en mer : Médecins Sans Frontières, Save The Children et Jugend Rettet sont actuellement mis en cause pour des faits datant de 2016 ou 2017. Collusion avec les passeurs, mauvaise gestion des déchets à bord des navires… autant d’accusations catégoriquement réfutées par les ONG, alors qu’aucune preuve n’a jamais été établie.
 

Boucs émissaires pour le manque de solidarité européenne

Ces attaques ne sont pas nouvelles : depuis 2017, l’action des ONG de sauvetage en mer fait l’objet d’accusations incessantes. Alors que les États européens abdiquaient ostensiblement leurs responsabilités de sauvetage en Méditerranée et refusaient toute solidarité avec les pays côtiers en première ligne (l’Italie, Malte, l’Espagne, la Grèce…), de véritables campagnes de dénigrement des ONG ont vu le jour en Italie. Colportées d’abord par la fachosphère italienne, nombre de « fake news » faisaient la promotion de la théorie de « l’appel d’air » ou d’une prétendue collusion des ONG de sauvetage avec les passeurs.

Ces campagnes des mouvements d’extrême-droite ont fait leur chemin de manière insidieuse et amené le gouvernement italien, isolé dans la gestion des flux migratoires en Méditerranée centrale, à jeter l’opprobre sur les ONG de sauvetage en mer. Menacée par la montée des mouvements populistes, Rome tentait de reconquérir l’opinion publique en jetant le doute sur la légalité de l’action des ONG dès le printemps 2017.

Attaques sur l’Aquarius et les équipes de SOS MEDITERRANEE

Cette criminalisation ne fait que s’amplifier en 2018. Avec la fermeture des ports italiens à l’Aquarius – premier navire de SOS MEDITERRANEE – en juin 2018, le nouveau ministre de l’intérieur Matteo Salvini inaugure une nouvelle ligne politique dans un bras de fer avec les États européens, au détriment des naufragé.e.s de Méditerranée. Cet événement s’accompagne d’intenses pressions diplomatiques pour obliger l’État du pavillon qui immatricule l’Aquarius (Gibraltar) à exercer un dépavillonnement du navire. Initiative couronnée de succès et répétée avec le nouvel État du pavillon, Panama. Une procédure judiciaire à l’encontre de l’Aquarius est enfin ouverte par un procureur de Sicile en novembre 2018, qui demande la mise sous séquestre du navire. SOS MEDITERRANEE est alors contrainte de mettre fin au contrat d’affrètement de l’Aquarius.

Ces attaques s’exportent en-dehors de l’Italie. En France, des actions répétées des groupes d’extrême-droite visent les équipes de SOS MEDITERRANEE : diffamation envers des membres de l’association, attaque des locaux du siège à Marseille, harcèlement judiciaire à l’encontre des subventions accordées par des collectivités territoriales, perturbation d’événements organisées par les bénévoles… autant de tentatives de déstabilisation et de dénigrement qui nuisent à la mission humanitaire vitale portée par l’association.

Face à ces attaques, inlassablement, SOS MEDITERRANEE réaffirme haut et fort ses valeurs, son positionnement apolitique et non partisan, son strict respect du cadre légal et la transparence de son action. Car quelles que soient les difficultés, renoncer n’est pas une option : il n’est pas et ne sera jamais acceptable de laisser mourir des personnes en mer, aux portes de l’Europe.

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