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Publié le 05/07/2023 12:09

Le portrait de Jamil al-Amouri, fondateur du groupe militant palestinien des "Brigades de Jénine", est affiché à l'entrée du camp de Jénine, le 5 juillet 2023. (AHMAD GHARABLI / AFP)
Le portrait de Jamil al-Amouri, fondateur du groupe militant palestinien des “Brigades de Jénine”, est affiché à l’entrée du camp de Jénine, le 5 juillet 2023. (AHMAD GHARABLI / AFP)

C’était l’opération militaire la plus importante depuis plusieurs années en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Les ambulances résonnent à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. Et les enterrements se succèdent dans les larmes et les cris. Mohamed, membre de l’ONG du Croissant rouge palestinien, enchaîne les interventions depuis 48h : “La situation est insoutenable. Tout le monde est une cible potentielle : les enfants, les femmes, les personnes âgées. Tous ceux qui se trouvent ici, sont en danger. Même derrière les murs de votre maison, vous n’êtes pas à l’abri. L’armée d’occupation israélienne est sans pitié.”

>> “Ils ont tiré dans tous les sens” : à Jénine, les Palestiniens enterrent leurs morts après un raid de l’armée israélienne

Lundi 3 juillet, l’armée israélienne a investi la ville de Jénine et le camp de réfugiés au cours d’une opération spéciale ciblant détruire ” une infrastructure terroriste” et ” un centre d’opérations” d’un groupe armé local. ” Nous ne permettrons pas à Jénine de redevenir un refuge pour le terrorisme“, a déclaré le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, depuis une base militaire. En réponse, le Jihad islamique palestinien avait prévenu : ” Toutes les options sont sur la table pour frapper l’ennemi.” Le bilan est lourd : cette opération, qui a pris fin officiellement mercredi, a fait 12 morts et une centaine de blessés côté palestinien. Un soldat de Tsahal est mort mardi, tué par balles, dans ce même camp.

Un véhicule israélien stationne dans une rue de Jenine, en Cisjordanie occupée, le mardi 4 juillet, pendant l'opération militaire menée par l'armée de l'Etat hébreu (JAAFAR ASHTIYEH / AFP)
Un véhicule israélien stationne dans une rue de Jenine, en Cisjordanie occupée, le mardi 4 juillet, pendant l’opération militaire menée par l’armée de l’Etat hébreu (JAAFAR ASHTIYEH / AFP)

“Nous sommes chez nous, on ne bougera pas d’ici”

Cagoule sur la tête, Ayman, jeune palestinien de 18 ans, dit avoir ” défendu” sa ville, montrand des pavés dans ses mains. Des armes dérisoires face à des soldats suréquipés. “Nous sommes chez nous, à Jénine. On ne bougera pas d’ici. Nous sommes des résistants. Cette ville est palestinienne, et le restera. Ils ne parviendront pas à briser notre détermination. Ils peuvent déployer leurs chars, déployer tout leur arsenal militaire, tirer des roquettes et des missiles, ça ne changera rien. On ne quittera pas cette terre, qui est la nôtre.”

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“Ils viennent attaquer nos enfants”

À l’hôpital de Jénine, les blessés côtoient les déplacés. Des femmes, des hommes et des enfants, affirment avoir été chassés de force de chez eux, par l’armée israélienne. L’objectif de ce déplacement forcé de la population, selon eux : inspecter toutes les maisons, et traquer les combattants palestiniens.

Dans la précipitation, Najat a été séparée du reste de sa famille. “Mes enfants, ma famille, ils sont dispersés. Ils ont donné à tous les habitants deux heures pour évacuer le camp. Ils disent que le camp de Jénine est une région terroriste, mais nous sommes les victimes. Ce sont eux qui viennent pour attaquer nos enfants. Ils ont tué des civils de 16, 17 ans.” En 2002, l’armée israélienne avait mené une opération de deux semaines à Jénine, laissant la ville en partie rasée.  Les résidents font face aujourd’hui à des coupures d’eau et d’électricité, affirme le maire de la ville, décrivant  “une situation désastreuse” sur place.

Ces violences ont suscité l’inquiétude de la communauté internationale, comme la Ligue arabe, réunie mardi en urgence sur le sujet, ainsi que du Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme. Selon Volker Türk, les violences en Israël et en Cisjordanie occupée  “doivent cesser”. Depuis le début de l’année 2023, au moins 190 Palestiniens, 26 Israéliens, une Ukrainienne et un Italien sont morts dans des violences liées au conflit israélo-palestinien, selon un décompte de l’AFP.

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