Le ferry qui reliait Dakar à la Casamance sombre au large de la Gambie. Peu de passagers survivront…Il y a 19 ans de cela.

C’était le jeudi 26 septembre 2002. Plein à craquer, le Joola appareille de Ziguinchor, capitale de la Casamance, dans le sud du Sénégal. Le bateau vient de reprendre du service après une année d’immobilisation due à des avaries mécaniques. Il paraît moins dangereux, même si un seul des deux moteurs fonctionne et malgré la gîte, cette gîte qui colle au ferry depuis si longtemps. Officiellement 809 passagers et les 52 militaires de l’équipage pour une capacité de 580 personnes.

A Karabane, seule escale du voyage située à l’embouchure de la Casamance, aujourd’hui abandonnée faute de structure portuaire, les pirogues apportent, encore, de nouveaux passagers et de nouvelles marchandises. Il est 18 heures et le Joola quitte l’île de Karabane, avec à son bord officiellement 1 046 passagers munis de billets. Mais c’est sans compter les enfants de moins de 5 ans qui voyagent gratuitement, comme les membres des familles des militaires et leurs amis, et les resquilleurs de tout poil.

La dernière vacation radio du Joola a lieu à 22 heures. Vers 23 heures, à une quarantaine de milles des côtes de la Gambie (75 km), la pluie et les bourrasques de vent redoublent. Les passagers des ponts veulent s’abriter et se précipitent, nombreux, sur bâbord. En quelques minutes, le bateau, qui porte le nom d’une grande ethnie du sud du pays, les Diolas (phonétiquement proche de « joola »), va se retourner. Peu de passagers survivront. Les plus chanceux sont ceux des ponts ; les autres demeurent coincés dans la coque, leur linceul de métal. Rares sont ceux qui parviennent à se hisser sur la coque retournée ou à monter sur le seul canot de sauvetage disponible.

64 rescapés

Selon les chiffres publiés par l’Etat sénégalais, le naufrage du Joola a causé la mort de 1 863 personnes. Le Collectif de coordination des familles des victimes du Joola (CCFV-Joola) en dénombre 1 953, car certaines familles se sont fait connaître après la parution du bilan officiel, le 3 février 2003. Seules 64 personnes ont survécu et 608 corps ont été retrouvés. La région de la Casamance a particulièrement été touchée : 1 340 victimes, dont 971 rien que pour la ville de Ziguinchor. Il s’agit de la plus importante catastrophe maritime civile connue.

Le 7 août 2003, l’Etat sénégalais prend la décision de classer sans suites pénales le dossier. Issa Diarra, commandant du navire disparu durant la catastrophe, est déclaré seul responsable. Le 12 août, le général Babacar Gaye, chef d’état-major des armées, est relevé de ses fonctions. Six autres hauts gradés suivent le 18 août. Le rapport de la commission militaire est édifiant : « Le retard dans le déclenchement des alertes, l’absence de l’avion SAR [service de recherche et de sauvetage] dans les recherches, l’inadéquation des moyens nationaux mis [en] œuvre ont entraîné un manque d’efficacité dans l’assistance et les secours. »

Aujourd’hui, dix-neuf ans jour pour jour après la tragédie, le souvenir est toujours vif. Après le projet un peu fou d’un renflouement de l’épave, qui repose sur un fond sablonneux à une vingtaine de mètres de profondeur, probablement disloquée par la grande houle océane.

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