Octobre 2019, “le camion de l’horreur” était découvert à Londres avec 39 migrants vietnamiens décédés à bord. Deux ans après, la Cellule investigation de Radio France a reconstitué leur cauchemar.

Un autel rendant hommage à Nguyen Van Hung, 33 ans, l’une des 39 victimes décédées dans un camion fr
Un autel rendant hommage à Nguyen Van Hung, 33 ans, l’une des 39 victimes décédées dans un camion fr © Maxppp / Luong Thai Linh EPA Newscom

Le 23 octobre 2019, 39 exilés vietnamiens sont retrouvés sans vie, entassés à l’arrière d’un camion frigorifique dans la banlieue de Londres. Ils avaient entre 15 et 44 ans, et avaient quitté le Vietnam pour rejoindre l’Angleterre afin d’y trouver une vie meilleure. Ces huit femmes et 31 hommes sont morts d’asphyxie et de chaleur, suite à l’arrêt du système de refroidissement du camion et à l’absence d’aération.

Les victimes ont emprunté des chemins différents au départ du Vietnam. Certains –dont des mineurs– ont payé à l’avance l’intégralité de leur voyage jusqu’au bord de la Manche. Ils ont pris un avion jusqu’en Russie, puis ont rejoint l’Ukraine, la Slovaquie, la Tchéquie, l’Allemagne pour gagner enfin les Pays-Bas. Tout au long de leur parcours, les exilés marchent des heures dans le froid, sont amassés dans des espaces exigus, encadrés par des intermédiaires vietnamiens armés. Ils ont interdiction de sortir, de partir ou de faire demi-tour.

D’autres passagers du camion “de l’horreur” n’avaient pas payé l’intégralité de leur trajet. Une fois en France, ils ont été exploités par des filières de travail clandestines dans des restaurants, des bars à ongles ou des fermes à cannabis pour payer la suite de leur voyage, mais aussi pour rembourser les taux d’intérêts appliqués par les passeurs, allant jusqu’à 1000%. Dans le meilleur des cas, les exilés pouvaient obtenir 50 euros de salaire par semaine pour survivre en France, pour des journées de 12h, sept jours sur sept.

Une fois au bord du littoral, les candidats à l’exil ont dû à nouveau déverser de grandes sommes d’argent pour traverser vers le Royaume-Uni. Les passeurs proposent des traversées plus ou moins chères et plus ou moins sûres, ils font de fausses promesses à leurs “clients” en leur assurant qu’ils auront un transport individuel.

Deux ans plus tard, le 19 janvier 2022, le chef présumé du réseau a été condamné à 15 ans de prison ferme en Belgique pour avoir joué un rôle clé dans le trafic qui a abouti à la mort de 39 de ses compatriotes. Le chef de la cellule britannique avait quant à lui été condamné à 27 ans de prison en janvier 2021. Le volet français de l’affaire, en revanche, est toujours en cours d’instruction.*

https://www.franceinter.fr/emissions/l-interview

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