Début de la publication d’une série de 3 articles écrits pour la revue de presse mensuelle, chaque premier vendredi du mois, à laquelle collabore  JF Meekel sur la radio RIG (90.3) en Gironde. Émission enregistrée selon les modalités de distanciation physique et que l’on peut écouter en podcast sur le site de la radio rigfm.fr .

     1 : L’eau en bouteille : un scandale écologique et social

Je voudrais vous entretenir d’un sujet un peu liquide, pas la crise du vin  même si ¼ de la production 2019 de l’appellation bordeaux  n’a pas trouvé de débouché, pas du vin donc  mais de l’eau, ce bien sensé être commun.   

Dans une précédente revue de presse, je vous avais parlé des milliers de litres d’eau qu’il fallait gaspillé, 7 à 10 000 litres,   pour fabriquer un jeans,  en particulier pour blanchir la toile. Dans le même temps, sachons que , parmi les 59 pays les moins développés, seule une moitié de la population possède un accès à l’eau et à l’assainissement, alors que 16% de la population n’a accès ni à des points d’eau améliorés, ni à des installations sanitaires de base. Et pendant ce temps là le marché de l’eau en bouteilles crèvent les plafonds, en particulier dans le contexte de la crise sanitaire. « Un scandale écologique et social » selon Courrier International qui a consacré une enquête au sujet.   

L’eau en bouteille est un marché juteux, que se partage principalement 4 majors : les américaines Pepsi Cola et Coca Cola, le suisse Nestlé et la française Danone. Et ce juteux marché, vous allez voir, commence à susciter des protestations, notamment du fait des dommages environnementaux, ainsi aux Etats-Unis Nestlé fait-elle l’objet d’une enquête lancée par la chambre des représentants.

Citant le quotidien britannique The Gardian, Courrier International rappelle que les plupart des bouteilles d’eau qui sont vendus aux USA proviennent des mêmes sources que l’eau du robinet, or le coût d’achat de » l’eau municipale est extrêmement bas et, une fois mise en bouteille, le prix peut être 133 fois plus élevé”,indique le Guardian.

Mais Nestlé fait encore plus fort, cette fois c’est le New York Time que cite Courrier International . Nestlé donc, détenteur de 48 marques d’eau minérale , puise directement dans la nappe phréatique. Exemple  sur la rivière Santa Fe en Floride où Nestlé jouit d’une autorisation d’extraction qui “permet au groupe d’extraire jusqu’à 3,78 millions de litres par jour, en n’ayant à payer que 115 dollars de frais administratifs”. Ils sont fortiches ces Suisses !!

                                 Mobilisation citoyenne

Scandale écologique: le plastique des bouteille et les quantités astronomiques de pétrole pour les fabriquer, autant pour les recycler, en chine par exemple. Une logique aberrante quand il est prouvé que la qualité de l’eau du robinet est tout à fait comparable à celle de l’eau embouteillée. une eau du robinet qui permet d’économiser environ 10 kg de déchets par an et par personne…

Last but not least, ponctuellement, le pompage industriel des embouteilleurs menace l’équilibre des ressources du sol, ainsi en Floride encore, de 1950 à 2010, les débits moyens des sources  ont diminué de 32 %, alors que l’exploitation des eaux souterraines a augmenté de 400 %. Les prélèvements d’eau souterraine devraient être réduits de 50 % ou plus dans le nord de la Floride pour ramener le débit moyen des sources à 95 % de leur niveau antérieur”.

Des citoyens se mobilisent cependant comme en Californie  où Nestlé extrait de l’eau dans une forêt touchée par une sécheresse importante, l’autorisation accordée à Nestlé de pomper à un rythme de 1 500 litres par minute est contestée devant la justice.

Le 11 juin dernier, la société suisse a finalement annoncé dans un communiqué de presse qu’elle envisageait de vendre ses activités dans les eaux nord-américaines, pour se concentrer sur des produits à plus forte rentabilité (eaux enrichies et marques internationales). Elle a également déclaré s’engager à rendre son portefeuille mondial de l’eau neutre en carbone, à réduire de moitié son utilisation de plastique vierge et à reconstituer les bassins versants d’ici à 2025. Une première victoire pour les communautés locales. Et un premier pas vers la reconnaissance de l’eau comme bien commun ? 

                                     Jean-François Meekel

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