Manifestation

Encore peu nombreuses, des Afghanes sont descendues ce vendredi dans les rues de Kaboul pour défendre leurs droits. Une autre manifestation avait déjà eu lieu jeudi à Hérat.

A Kaboul, ce vendredi. (Wali Sabawoon/AP)

par Alexandre Liagouras

publié le 3 septembre 2021 à 19h08

Elles n’ont pas peur et veulent le faire savoir. Vendredi, des Afghanes ont pris leur courage à deux mains et ont osé défier les talibans dans les rues de Kaboul. Un rassemblement pour réclamer le respect de leurs droits s’est déroulé devant le ministère des Finances. Plusieurs slogans ont été scandés demandant notamment un gouvernement avec la participation de femmes.

Les talibans ont promis que le nouveau gouvernement, dont l’annonce se fait attendre, serait «inclusif». Mais, dans une interview mercredi, le représentant du bureau politique à Doha, Mohammad Abbas Stanikzai, a aussi déclaré qu’il «pourrait ne pas y avoir» des femmes nommées ministres.

La manifestation organisée ce vendredi par le collectif afghan «Réseau de participation politique des femmes» a rassemblé des dizaines d’Afghanes. Une autre protestation s’est tenue jeudi à Hérat, la troisième ville du pays. «C’est notre droit d’avoir une éducation, un travail, une sécurité», ont chanté à l’unisson quelque 70 femmes, selon un journaliste de l’AFP présent sur place. Les deux rassemblements n’ont certes pas attiré les foules, mais il s’agit d’un premier mouvement de contestation courageux tant la terreur règne dans le pays depuis le retour des talibans. Ces derniers ne sont pas intervenus, la manifestation s’est déroulée sans aucune répression. Un premier signe positif. Il y a vingt ans, un tel scénario se serait terminé par un bain de sang.

Déclarations d’intention

La dernière fois que les talibans étaient au pouvoir entre 1996 et 2001, ils avaient instauré une application très stricte et rigoureuse de la charia. Les femmes avaient disparu de la vie publique, il était strictement interdit aux Afghanes d’étudier, de travailler ou de sortir sans être accompagnées d’un tuteur masculin.

Depuis leur retour au pouvoir, les leaders du mouvement islamiste ont déclaré que la situation ne serait pas la même. Soucieux de ne pas être de nouveau considérés comme des parias par la communauté internationale, les talibans ont multiplié les signes d’ouverture. Leur porte-parole, Zabihullah Mujahid, a déclaré récemment que «le droit des femmes sera respecté». Mohammad Abbas Stanikzai avait même ajouté que les Afghanes pourraient «participer à la politique et faire des affaires». Des déclarations d’intention qui suscitent une certaine méfiance. Un premier élément de réponse est attendu avec l’annonce du gouvernement et la présence ou non de femmes en son sein. La voix des manifestantes sera-t-elle entendue ?

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