Si je reconnais une qualité à Facebook, c’est celle d’être un bon outil de communication, mais aussi de témoignage. Celui dont je vous fait part ici se rapporte à la nuit que nous avons passée à la Zone Libre de Cenon et à l’expulsion de 80 familles dont 110 enfants, tôt ce matin. Je dirai tout d’abord que les familles n’ont été prévenues de leur expulsion que quelques heures auparavant, ce qui ne leur a pas laissé le temps de rassembler leurs affaires. Certaines familles ont dû quitter les lieux plus tôt en raison de leur situation administrative. Dans cette froide soirée d’hiver, il règne une fébrilité silencieuse où chacun et chacune s’affaire et prépare son départ. Les enfants remplissent des sacs de leurs trésors qu’ils ne pourront finalement pas emporter. Nous découvrons des appartements vidés de leurs occupants mais encore emplis de ce qui a fait leur vie de ces derniers mois. Sur la table se trouve encore l’assiette du repas du soir…Cette situation nous bouleverse et extrait de notre mémoire de tristes images de guerre de familles qui avaient dû tout abandonner. Est-ce à cela que ressemble notre État? Je le crois puisqu’il est capable de faire abstraction de toute humanité et qu’il trouve tolérable qu’une famille soit jetée à la rue en plein hiver, ou qu’une maman se sauve avec son bébé de 1 mois en pleine nuit pour échapper à la police…J’ai donc pris des photos de ce qui m’a émue et je les dédie à ces hommes, ces femmes et ces enfants dont j’ai partagé quelques heures de leur vie. Tous ces objets n’existent déjà plus puisque la préfecture, sitôt l’expulsion terminée, a fait venir les tractopelles pour tout détruire. Une manière pour elle, outre la possibilité d’accélérer les profits d’un quelconque promoteur, d’effacer ce qui fut l’existence en ce lieu de toutes ces familles. Honte à la préfète Buccio! Honte à nos gouvernants et à celles et ceux qui les soutiennent!

Isabelle Bettinger-Théaud

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