Au troisième jour de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, 14 otages israéliens – dont un possède la nationalité russe – et trois Thaïlandais ont été échangés contre 39 prisonniers palestiniens. Une petite fille américano-israélienne de 4 ans, Avigail Idan, dont les parents avaient été tués lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre, a été libérée.  

La rédaction de Mediapart

26 novembre 2023 à 18h55

Une nouvelle journée de trêve, la troisième, a eu lieu dimanche, dans la bande de Gaza, conformément aux engagements pris par Israël et le Hamas. Si le transfert des otages aux mains du Hamas avait été retardé la veille, tout s’est déroulé normalement.

Quatorze otages israélien·nes – dont un ayant également la nationalité russe – ont été libéré·es, ainsi que trois Thaïlandais. Dans ce groupe figure Avigail Idan, qui a eu 4 ans vendredi dernier et détient la nationalité états-unienne. Elle est devenue le symbole des enfants kidnappés par le Hamas depuis que Joe Biden avait évoqué son sort à plusieurs reprises. Elle avait été enlevée à son domicile dans le kibboutz Kfar Aza. Ses parents, Roee et Smadar Idan, ont été tués, et son frère et sa sœur aînés, Michael (9 ans) et Amalya (6 ans), ont survécu en se cachant dans les placards de leur chambre pendant quatorze heures. S’exprimant dimanche, le président états-unien s’est réjoui de sa libération. « Ce qu’elle a enduré est inimaginable », a-t-il dit.

Ont également été libérées Dafna, 15 ans, et Ella, 8 ans, les deux filles de Maayan Zin, que Mediapart avait rencontrée (lire l’article de Célia Mebroukine ici).

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Un véhicule de la Croix-Rouge internationale transportant des otages thaïlandais libérés par le Hamas se dirige vers le poste frontière de Rafah, en Égypte, avant leur transfert vers Israël, le 26 novembre 2023. © Photo Mahmud Hams/AFP

Selon le Qatar, qui fait office d’intermédiaire entre Israël et le Hamas, 39 prisonniers et prisonnières palestiniennes devraient recouvrer leur liberté.

Par ailleurs, quelque 200 camions d’aide humanitaire, avec de la nourriture, de l’eau et du matériel médical, sont entrés à Gaza par le poste de Rafah, à la frontière avec l’Égypte, selon l’organisme israélien Cogat (Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires). Ils doivent se rendre dans le nord de l’enclave.

Il y a eu beaucoup trop de souffrances ici à Gaza, et il faut trouver une solution politique.

Pascal Hundt, directeur des missions de crise du CICR à Gaza.

Interrogé par L’Orient-Le Jour, le directeur des missions de crise du CICR à Gaza, Pascal Hundt, s’est réjoui du respect de la trêve, jugeant que « c’est un véritable soulagement pour la population ». « Je peux vous raconter ce qu’on a vu à Gaza dans les yeux des otages et j’imagine que c’est la même chose pour les prisonniers palestiniens : beaucoup d’espoir, de gratitude et de soulagement. Ils ont été rassurés par la présence de la Croix-Rouge. Ils voyaient enfin que la fin du calvaire était proche. »

Il estime cependant que l’aide humanitaire représente « une goutte d’eau dans un océan de besoins ». « Mais nous essayons de faire le maximum, a-t-il ajouté. La situation est extrêmement difficile, je n’ai pas de mots pour la décrire, et pourtant, cela fait bientôt trente ans que je travaille pour le CICR. Ici à Gaza, la souffrance de la population, physique, psychologique, est vraiment indescriptible. » Il insiste : « Il y a eu beaucoup trop de souffrances ici à Gaza, et il faut trouver une solution politique. »

De son côté, Joe Biden a dit souhaiter que la trêve soit prolongée : « C’est mon objectif et notre objectif de faire en sorte que cette pause se poursuive au-delà de demain afin que nous puissions voir d’autres otages relâchés et plus d’aide humanitaire ».

Netanyahou à Gaza

En visite à Gaza, pour la première fois depuis le déclenchement de l’offensive israélienne contre le Hamas, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a cependant déclaré vouloir continuer la guerre « jusqu’au bout, jusqu’à la victoire ». « Rien ne nous arrêtera, et nous sommes convaincus que nous avons la force, la puissance, la volonté et la détermination d’atteindre tous nos objectifs de guerre, et c’est ce que nous ferons », a-t-il dit, après avoir rappelé les trois objectifs d’Irsaël : « éliminer le Hamas, faire revenir tous [les] otages et faire en sorte que Gaza ne redevienne pas une menace pour l’État d’Israël ».

Dans le nord du pays, son ministre de la défense, Yoav Gallant, a indiqué, alors qu’il reste une journée de trêve, avoir « demandé aux forces de défense israéliennes de se préparer à un retour à des combats très intenses ». « Nous reprendrons le combat et frapperons le Hamas dès que la pause temporaire destinée à ramener les otages sera terminée », a-t-il souligné.

La pause sera prolongée d’un jour pour chaque dizaine d’otages supplémentaires libérés par le Hamas au-delà des 50 prévu·es par l’accord, a déclaré Israël, mais le Hamas ne s’est pas prononcé. En vertu de l’accord, Israël devrait libérer trois prisonniers ou prisonnières palestiniennes pour chaque otage israélien·ne enlevé·e le 7 octobre.

Dimanche, l’aviation israélienne a pris pour cible l’aéroport de Damas, le rendant hors d’usage quelques heures après une reprise des vols à la suite d’une attaque similaire le mois dernier, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Le raid a visé les pistes, selon l’OSDH, qui fait état en outre de bruits d’explosion provenant d’un aéroport militaire dans un autre secteur de la capitale.

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Israël a mené des centaines de frappes aériennes dans la Syrie voisine depuis le début en 2011 de la guerre civile dans ce pays, ciblant des positions de l’armée syrienne et des groupes affiliés à l’Iran, tel le Hezbollah libanais. Ces frappes se sont multipliées depuis le début le 7 octobre de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, déclenchée par une attaque sanglante du mouvement islamiste sur le sol israélien. Des raids sur les aéroports de Damas et Alep (Nord) les 12 et 22 octobre ont mis les deux infrastructures hors d’usage.

Les vols avaient été déviés vers l’aéroport de Lattaquié, sur la côte ouest, après les frappes du 22 octobre.

Israël commente rarement ses attaques en Syrie mais dit vouloir empêcher l’Iran, son ennemi juré, de s’implanter à ses portes.

La rédaction de Mediapart

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