Des milliers de personnes ont manifesté samedi après-midi dans plusieurs villes de France, en solidarité avec les Palestiniens de Gaza. À Paris, le cortège a réuni 60 000 personnes selon la CGT, 19 000 selon la préfecture. Depuis la Jordanie, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a réitéré son appel à des trêves humanitaires.

La rédaction de Mediapart

4 novembre 2023 à 11h57

AuAu 29e jour du conflit au Proche-Orient, samedi 4 novembre, le ministère de la santé palestinien a annoncé une frappe aérienne sur une école gérée par l’ONU, ayant tué 15 personnes et blessé 70 autres dans le nord de la bande de Gaza. Vendredi soir, l’association palestinienne du Croissant-Rouge affirmait qu’un convoi d’ambulances avait été touché par une frappe israélienne, faisant 15 morts et 60 bléssé·es, quand l’armée israélienne assurait avoir ciblé des « terroristes du Hamas qui opéraient dans l’ambulance ».

Selon un dernier bilan du ministère de la santé palestinien, 9 488 personnes dont 3 900 enfants sont mortes côté palestinien depuis le 7 octobre. Le ministère français des affaires étrangères annonce un bilan de 39 Français·es tué·es en Israël lors de l’attaque du Hamas du 7 octobre, ainsi que 9 disparu·es.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, était toute la journée à Amman, en Jordanie, pour rencontrer les dirigeants des pays arabes. Après avoir quitté Israël vendredi soir devant un rejet par Benjamin Nétanyahou d’une « trêve temporaire », il s’est redit favorable à des « pauses humanitaires » et exigé un cessez-le-feu immédiat. Emmanuel Macron a quant à lui annoncé, une « conférence humanitaire » à Paris « parce que la lutte contre le terrorisme ne justifie pas de sacrifier des civils », a-t-il indiqué lors d’une visite en Bretagne, vendredi.

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Des manifestants·es lors de la marche organisée le 4 novembre, à Paris. © Lucie Delaporte

En France, des manifestations en soutien aux Palestiniens de Gaza ont eu lieu dans la plupart des grandes villes, comme à Lyon, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg, Nancy, Grenoble ou Montpellier. À Paris, le cortège a réuni 60 000 personnes selon la CGT, 19 000 selon la préfecture, plusieurs organisations politiques et syndicales – comme La France insoumise (LFI), Les Écologistes ou la CGT – avaient appelé à y participer pour réclamer un « cessez-le-feu immédiat ». Le rassemblement s’est déroulé dans le calme et les manifestant·es se sont dispersés aux alentours de 16 h 30. 

« Gaza, Gaza, Paris est avec toi »

Alors que les rassemblements propalestiniens ont été interdits dans les premières semaines qui ont suivi l’attaque du Hamas le 7 octobre, beaucoup de familles étaient présentes dans celui autorisé samedi, à Paris. « Vous vous rendez compte depuis presque un mois, c’est la première fois qu’on a droit de manifester pour le peuple palestinien. C’est une honte ! », lance Nabil, qui est venu dans le cortège avec ses trois fils adolescents et se réjouit de voir la forte mobilisation.

« Gaza, Gaza, Paris est avec toi »,scandent les manifestant·es dès le départ place de la République, où fleurissent les drapeaux palestiniens. Beaucoup d’organisations ont appelé à manifester pour un cessez-le-feu immédiat – le PS pour la première fois, mais aussi la CFDT –, même s’ils sont finalement assez peu visibles. « Nous étions déjà présents le 7 octobre en soutien aux victimes du Hamas. Aujourd’hui, nous sommes là en solidarité avec le peuple palestinien et contre une forme d’escalade qui ne mène à rien, sinon que le conflit se reproduise de génération en génération », assure le premier secrétaire du PS Olivier Faure, alors que les rangs du parti sont assez clairsemés.

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Dans le cortège parisien, le 4 novembre 2023. © Photo Lucie Delaporte

« Ce qui se passe à Gaza est un génocide, c’est normal qu’on soit mobilisés aujourd’hui », indique Leïla, une étudiante de 22 ans venue avec une amie, qui explique être généralement assez peu politisée. Le terme « génocide » qui a suscité de nombreuses polémiques est présent sur beaucoup de pancartes et dans les slogans repris par la foule. Elle l’assume : « Quand on bombarde une population en continu pendant des semaines, qu’on lâche des bombes sur des hôpitaux, sur des enfants… Qu’est-ce que c’est ? Israël veut détruire le peuple palestinien. »

Engagée dans une association d’aide aux réfugiés, Pauline, 28 ans, estime que la situation humanitaire impose un soutien total au peuple palestinien : « Ce qui se passe là-bas est horrible et je n’ai pas compris pourquoi les médias français ont été aussi déséquilibrés dans leur traitement. J’ai arrêté de les écouter maintenant je ne m’informe que par les réseaux sociaux. »

Alors que la foule chante à intervalle régulier « Israël assassin, Macron complice », la position du gouvernement français et du chef de l’État est dénoncée par nombre de manifestants·e. « Cet alignement total sur la politique menée par Netanyahou, ils vont le regretter »,affirme Gaël Quirante, membre de la direction du NPA, très présent dans le cortège. « Il y a aujourd’hui beaucoup de jeunes, des femmes, des jeunes issus de l’immigration, on voit que la solidarité avec le peuple palestinien est massive dans la société française. Il faut maintenant que les organisations politiques syndicales mobilisent plus »,ajoute-t-il.

Par Lucie Delaporte

En Jordanie, Anthony Blinken continue d’appeler à des « trêves humanitaires »

Le chef de la diplomatie américaine a atterri vendredi soir à Amman, en Jordanie, après une visite en Israël pendant laquelle sa proposition de « trêves humanitaires » a été rejetée par Benyamin Nétanyahou. Antony Blinken s’est entretenu  aujourd’hui avec le roi Abdallah II de Jordanie et a rencontré des représentants d’Égypte, d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Qatar et du Liban, dans une réunion commune. 

Lors d’une conférence de presse, organisée en fin d’après-midi, le secrétaire d’État américain a répété le souhait de Washington de mettre en place des « trêves humanitaires » en soulignant qu’« Israël doit prendre toutes les mesures possibles pour éviter les pertes civiles ». Face à lui, les dirigeants des pays arabes ont demandé un « cessez-le-feu immédiat », comme le ministre jordanien des affaires étrangères, Ayman Safadi, qui a affirmé qu’il existe une « volonté mutuelle d’arrêter ce que nous pouvons décrire comme une catastrophe qui hantera la région pendant une génération entière ».

Dans un communiqué, le président de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a appelé les pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU à « cesser immédiatement cette agression » d’Israël. « La poursuite des combats et des attaques israéliennes, par le bombardement et le blocus, aggrave la situation humanitaire à Gaza et la rend effroyable, ce qui peut être qualifié de guerre d’éradication et de nettoyage ethnique de centaines de milliers de Palestiniens »,a-t-il écrit. 

Face au premier ministre libanais Nagib Mikati, Antony Blinken afait part de sa « profonde inquiétude quant aux échanges de tirs le long de la frontière sud du Liban avec Israël », en soulignant « l’importance de veiller à ce que le conflit entre Israël et le Hamas ne s’étende pas à d’autres zones ».

Au moins 15 morts dans une école des Nations unies à Gaza, selon le Hamas 

Le ministère de la santé palestinien a annoncé qu’au moins quinze personnes ont été tuées et 70 autres blessées dans un bombardement israélien ayant touché une école gérée par l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). L’école, située dans le camp de réfugié·es de Jabaliya, au nord de la bande de Gaza, abritait des déplacé·es. À l’heure actuelle, l’ONU n’a pas communiqué sur l’événement.

15 morts et 60 blessés dans une frappe israélienne sur une ambulance

L’armée israélienne a confirmé avoir mené une frappe sur un convoi d’ambulances devant l’entrée de l’hôpital al-Shifa, dans la bande de Gaza. Selon elle, le véhicule transportait « une cellule terroriste du Hamas ». Selon le ministère de la santé du Hamas et le Croissant-Rouge palestinien, la frappe a tué 15 personnes et fait 60 blessé·es, affirmant dans un post détaillé sur X (ex-Twitter), que le convoi transportait des personnes nécessitant des soins vers le point de passage Rafah, en Égypte. Le convoi a dû arrêter sa course à cause de la frappe.

Le secrétaire général des Nations unies, António Guterrez, se dit « horrifié »,ajoutant dans un communiqué que « les images des corps éparpillés dans la rue devant l’hôpital sont déchirantes ». Plus tôt, c’était le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui annonçait être « totalement choqué » par cette attaque. « Nous le répétons : les patients, les agents de santé, les établissements et les ambulances doivent être protégés à tout moment », poursuivait-il, avant d’appeler à un cessez-le-feu immédiat.

Les accrochages continuent à la frontière libanaise, au lendemain du discours du chef du Hezbollah

Dans un communiqué publié samedi matin, l’armée israélienne annonçait avoir identifié « plusieurs lancements depuis le Liban vers le territoire israélien » et frapper actuellement « un certain nombre de cibles terroristes du Hezbollah au Liban ». D’après le journal libanais L’Orient-Le Jour, en fin de matinée, Tsahal serait « en train de bombarder plusieurs zones dans le Liban-Sud, dans les cazas de Marjayoun, Nabatié et Tyr ».

Au lendemain du discours du secrétaire général du Hezbollah à Beyrouth, les tensions entre le mouvement pro-iranien et l’armée israélienne à la frontière israélo-libanaise continuent après plusieurs semaines. Vendredi, Hassan Nasrallah qualifiait les combats à la frontière « insuffisants » et déclarait vouloir les poursuivre. Cependant, pour la chercheuse Aurélie Daher, son discours prouve le souhait du Hezbollah de ne pas davantage prendre part dans le conflit opposant le Hamas à Israël.

Vendredi, le guide suprême iranien Khamenei mettait en garde Israël sur X dans un message en hébreu : « L’entité occupante [Israël – ndlr] est désormais impuissante et confuse, et sans le soutien américain, elle sera réduite au silence d’ici quelques jours. »

Le président turc Recep Tayyip Erdogan « fait une croix » sur Benyamin Nétanyahou

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé samedi aux médias turcs qu’il rompait tout contact avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, en raison des actions perpétrées par Israël dans la bande de Gaza. « Nétanyahou n’est plus quelqu’un avec qui nous pouvons parler. Nous avons fait une croix sur lui », a déclaré le président turc en précisant que la Turquie ne rompait pas ses relations diplomatiques avec Israël. Antony Blinken a annoncé qu’il se rendrait en Turquie après sa tournée au Proche-Orient.

En début d’après-midi, le ministère turc des affaires étrangères indiquait qu’Ankara avait rappelé son ambassadeur en Israël pour « des consultations en raison de la crise humanitaire et de la poursuite des attaques israéliennes à Gaza ».

L’armée israélienne annonce avoir tué « des terroristes », sans en préciser le nombre

Dans un communiqué publié samedi matin, Tsahal a indiqué que de nombreuses « tentatives d’attaque contre les troupes de Tsahal ont eu lieu depuis des tunnels et des complexes militaires dans le nord de la bande de Gaza ». L’armée israélienne a affirmé avoir « tué des terroristes » dans cette zone – sans en préciser le nombre – et avoir « localisé des armes du Hamas et découvert des tunnels utilisés à des fins terroristes ».Dans le même communiqué, elle a aussi écrit avoir « affronté 15 terroristes dans le nord de la bande de Gaza, tuant plusieurs d’entre eux », sans autres détails et avoir détruit des postes d’observation du Hamas. 

Tsahal a également annoncé être intervenue dans le sud de la bande de Gaza pour « cartographier les bâtiments et neutraliser les engins explosifs ».Elle se serait fait attaquer par des membres du Hamas sortant de tunnels et les aurait « tués » avec des tirs d’obus. 

Lors d’une conférence de presse à Beyrouth samedi, Oussama Hamdan, un responsable du Hamas, a pour sa part affirmé que le groupe terroriste avait « infligé de lourdes pertes à l’armée israélienne » et l’avait « empêchée d’avancer ».

L’Agence France-Presse demande à Israël une enquête après le bombardement de ses bureaux à Gaza 

Dans un communiqué publié samedi, L’Agence France-Presse (AFP) demande à Israël « une enquête approfondie et transparente sur la responsabilité exacte de son armée », après la frappe qui a « gravement endommagé jeudi son bureau de la ville de Gaza ».

L’AFP indique que les déclarations de Tsahal affirmant que les dégâts causés sur ses bureaux sont dus à desdébris d’une « frappe à proximité » sont insuffisantes compte tenu de « l’ampleur des dégâts ».  « Une frappe contre le bureau d’une agence de presse internationale envoie un message inquiétant à tous les journalistes travaillant dans les conditions aussi difficiles que celles prévalant aujourd’hui à Gaza », déclare le PDG de l’AFP, Fabrice Fries, en ajoutant : « il est essentiel que tous les efforts soient faits pour protéger les médias à Gaza ».

Les bureaux de l’Agence France-Presse à Gaza ont été endommagés par une frappe aérienne jeudi. Un acte condamné « avec la plus grande fermeté », avait réagi Fabrice Fries,le PDG de l’Agence France-Presse. « La localisation de celui-ci est connue de tous et a été rappelée à plusieurs reprises ces derniers jours, précisément pour prévenir une telle attaque et permettre que nous puissions continuer de témoigner en images sur le terrain », continuait-il. La frappe n’a fait aucune victime parmi les équipes de l’agence, ayant été évacuées quelques semaines plus tôt vers le sud de la bande de Gaza.

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De son côté, Tsahal a répondu à l’AFP qu’après avoir « vérifié [l’information] à de multiples reprises », il n’y avait « pas eu de frappe de [l’armée israélienne] sur le bâtiment ».

Le Comité de protection des journalistes (CPJ) dénombre 36 victimes parmi les journalistes ou collaborateurs de médias depuis le 7 octobre. Le dernier décès de journaliste en date s’est produit jeudi. Abu Hatab, journaliste pour la télévision palestinienne, a été tué avec 11 membres de sa famille par une frappe israélienne.

Le même jour, l’Institut français de Gaza avait été visé par une frappe israélienne. Le ministère français des affaires étrangères a demandé vendredi aux autorités israéliennes de leur « communiquer sans délai […] les éléments tangibles ayant motivé cette décision », a déclaré le Quai d’Orsay dans un communiqué.

Le Honduras rappelle son ambassadeur en Israël

Le gouvernement du Honduras a annoncé vendredi rappeler son ambassadeur en Israël, « pour des consultations », dans un message publié sur X par le ministre des affaires étrangères du Honduras, Enrique Reina. Cette décision a été prise « compte tenu de la grave situation humanitaire que traverse la population civile palestinienne dans la bande de Gaza », explique le chef de la diplomatie.

L’ambassade avait été ouverte après des pourparlers entamés en 2019 entre le Honduras et Israël, dans une optique de normalisation des relations entre les deux pays.

La rédaction de Mediapart

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