Guerre en Ukraine : le journaliste français Frédéric Leclerc-Imhoff tué à bord d’un bus humanitaire

Un journaliste français a été tué en Ukraine ce lundi près de Severodonetsk, dans la région de Lougansk © Crédit photo : ARIS MESSINIS/AFP Par SudOuest.fr
Publié le 30/05/2022 à 16h49
Le journaliste Frédéric Leclerc-Imhoff a été tué près de Severodonetsk, dans la région de Lougansk. Il avait été formé à l’école de journalisme de Bordeaux

Que s’est-il passé ?

Journée noire pour la presse française. Un journaliste français a été tué en Ukraine ce lundi près de Severodonetsk, dans la région de Lougansk. Le gouverneur de Lougansk, Serhiy Gaïdaï, a d’abord annoncé la triste nouvelle sur Telegram : « Notre véhicule blindé d’évacuation allait récupérer 10 personnes dans la zone et a essuyé le feu ennemi. Des éclats d’obus ont percé le blindage de la voiture, une blessure mortelle au cou a été reçue par un journaliste français accrédité qui faisait des reportages sur l’évacuation. »

Frédéric Leclerc-Imhoff a été victime d’un éclat d’obus alors qu’il suivait un convoi humanitaire à bord d’un véhicule blindé entre les villes de Kramatorsk et Lisichansk.

Frédéric Leclerc-Imhoff a été victime d’un éclat d’obus alors qu’il suivait un convoi humanitaire à bord d’un véhicule blindé entre les villes de Kramatorsk et Lisichansk. Visactu

« Le camion blindé n’a pas été touché directement mais des éclats ont traversé le pare-brise blindé. Un éclat a touché Frédéric », a raconté Patrick Sauce, grand reporter de la chaîne d’info, ajoutant que son collègue avait été blessé et que leur fixeuse ukrainienne « allait bien ».

Les trois membres de l’équipe «ont échangé comme tous les matins : Oksana et Frédéric ont estimé que la mission était suffisamment sécurisée pour pouvoir y aller. Maxime, lui, avait plus de questions, comme il aurait pu en avoir la veille ou le lendemain. Mais (…) c’est aussi ça une équipe de reportage, c’est des gens très soudés, ils ont décidé d’y aller», a exposé Marc-Olivier Fogiel, le directeur général de BFMTV

C’est le président Emmanuel Macron qui a dévoilé l’identité du journaliste en lui rendant hommage. « Journaliste, Frédéric Leclerc-Imhoff était en Ukraine pour montrer la réalité de la guerre. À bord d’un bus humanitaire, aux côtés de civils contraints de fuir pour échapper aux bombes russes, il a été mortellement touché », a écrit le chef de l’État. « Je partage la peine de la famille, des proches et des confrères de Frédéric Leclerc-Imhoff, à qui j’adresse mes condoléances », a-t-il poursuivi.

Ce décès intervient au moment où la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna est en déplacement en Ukraine, à Boutcha. Elle a « exigé » lundi une « une enquête transparente dans les meilleurs délais pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame ». « C’est un double crime qui vise un convoi humanitaire et un journaliste », a-t-elle réagi.

Qui était le journaliste tué ?

Âgé de 32 ans et né à Paris, Frédéric Leclerc-Imhoff était journaliste reporter d’images (JRI) pour France Télévisions et BFMTV depuis sept ans. Il couvrait en tant que pigiste l’actualité générale, politique, sociale, climatique et dernièrement, la guerre en Ukraine. Il a notamment été réalisateur au sein de l’agence Capa presse pendant près de quatre ans. Sur le même sujet

« La rédaction de BFMTV et le groupe Altice média ont l’immense douleur de vous annoncer la disparition de l’un des nôtres », a réagi la chaîne d’information en continu. « Il a été victime d’un éclat d’obus, alors qu’il suivait une opération humanitaire dans un véhicule blindé », a précisé la chaîne.

Formé à l’IJBA, l’école de journalisme de Bordeaux, Frédéric Leclerc-Imhoff a notamment collaboré avec le journal « Sud Ouest » pour lequel il a réalisé plusieurs articles. Il était sorti diplômé de l’école en 2014 pour devenir journaliste reporter d’images. « Frédéric laisse le souvenir d’un étudiant aussi attachant que passionné, rigoureux et sensible. Notre école est en deuil. L’Ijba a une profonde pensée pour ses camarades de promotion et présente ses condoléances à sa famille. Toute la communauté Ijba se rappellera toujours que Frédéric est mort pour nous informer », a rendu hommage l’Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine.

Il s’agissait de la deuxième mission en Ukraine du vidéaste. Le journaliste Maxime Brandstaetter, qui accompagnait le JRI sur ce reportage, a été « légèrement blessé », a indiqué la chaîne.

Combien de journalistes tués en Ukraine ?

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, au moins huit journalistes sont morts sur le terrain dans l’exercice de leur profession, selon un décompte de RSF. Le 23 mars dernier, la journaliste russe Oksana Baoulina a été tuée à Kiev par une frappe de « drone kamikaze ». Le caméraman franco-irlandais Pierre Zakrzewski et la journaliste ukrainienne Olexandra Kouvchinova, qui travaillaient pour la chaîne américaine Fox News, ont perdu la vie le 14 mars lors d’une attaque à Horenka près de Kiev.

La veille, le documentariste Brent Renaud, qui avait collaboré avec le « New York Times », a été tué d’une balle dans la nuque à Irpin. Le caméraman ukrainien Evgueni Sakoun qui travaillait pour la chaîne locale Kyiv Live TV a lui été tué dans le bombardement de la tour de télévision de la capitale le 1er mars dernier.

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