Ciblé par une plainte pour travail dissimulé en lien avec la filiale Dépêche News, le fils de Jean-Michel Baylet a vu rouge lorsqu’il a appris que certains journalistes envisageaient de se porter partie civile devant la justice. Il a écrit un mail à l’ensemble des salariés du groupe La Dépêche pour leur annoncer qu’il pourrait remettre en question les règles sociales en vigueur.

Publié le 14.11.2023 à 6h20Lecture 2 minutes Nathalie Gathié

Siège de La Dépêche du Midi, à Toulouse.Siège de La Dépêche du Midi, à Toulouse. © Pascal Pavani / AFP

Jean-Nicolas Baylet sort les griffes. Alors que le parquet de Toulouse doit dans les prochains jours statuer sur l’opportunité de poursuivre – ou pas – La Dépêche du Midi dans la plainte pour travail illégal qui la vise depuis janvier, le directeur général du quotidien ne cache pas son exaspération. Au fil d’un mail comminatoire que La Lettre a consulté, le fils de Jean-Michel Baylet pourfend la déloyauté d’une frange de ses troupes, coupable à ses yeux d’avoir confirmé à l’inspection du travail les soupçons de “délit de marchandage” qui pèsent sur l’entreprise (LL du 15/02/23).

Dans un épais PV d’infractions transmis cet été à la justice, l’inspection s’appuie en effet sur les témoignages d’une trentaine de journalistes victimes de l’inégalité de traitement à l’origine de la procédure : recrutés au rabais par Dépêche News, une filiale du groupe de presse régional, tous effectuaient – ou effectuent encore – les mêmes tâches que leurs collègues de La Dépêche du Midi, avantages sociaux en moins.

Une fonction, deux statuts

Deux statuts pour une même fonction : cette entorse au Code du travail, devenue la règle au journal depuis 2015, a convaincu les représentants du Syndicat national des journalistes (SNJ) et plusieurs rédacteurs de répondre favorablement à l’inspection du travail qui, en juin, les avait invités par courrier à se constituer partie civile si des poursuites étaient engagées. Selon nos sources, l’Ursaff pourrait bien les imiter. 

De quoi électriser la hiérarchie. Dans son courriel en date du 7 novembre, Jean-Nicolas Baylet fait part de sa volonté de “dénoncer certains accords d’entreprise qui concernent les journalistes sous statut Groupe La Dépêche du Midi” : volume de jours de congé, RTT, critères de progression de carrière devraient ainsi être rediscutés, au grand dam du SNJ, qui voit là une attaque virulente et inédite dans l’histoire d’un journal vieux de 150 ans. Jean-Nicolas Baylet assume sans ciller sa posture au parfum de représailles : “avant l’été 2023, le point de non-retour a été atteint lorsque le SNJ a ouvertement encouragé des journalistes à porter plainte contre leur employeur”, écrit-il dans son message à la rédaction.

Sidérés par la brutalité de ces intentions qu’ils qualifient de “projet de démantèlement social”, le SNJ et plusieurs élus du CSE entendent mobiliser les effectifs du siège et des agences locales via des assemblées générales à venir. La première doit se tenir ce mardi 14 novembre à Toulouse. S’ils se disent déterminés à ne pas faire les frais de “l’inconséquence de la direction” et de ses “aménagements” avec le droit du travail, cette dernière, elle, campe, sur ses positions. Et vient d’annoncer l’ouverture de quinze mois de négociations sociales qui, promet-elle avec un rien de provocation dans le propos, seront dictées par les valeurs d’“humanisme” chères à La Dépêche du Midi.

Nathalie Gathié

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