Des nouvelles de l’Afrique de la pandémie vu depuis l’Afrique nous sont arrivés de la manière la plus humaine et la plus experte à travers les propos du docteur gynécologue congolais Denis Mukwege Prix Nobel de la paix. Ce médecin basé à Panzy en République démocratique du Congo (RDC) se bat contre les mutilations génitales imposées aux femmes, il est désigné comme « le médecin qui répare les femmes ». Il a donné une interview au Monde. Entre parenthèses, notez comment les médias, je ne parle pas de la télé que je ne regarde pas du tout mais les journaux et la radio, France Inter et France Culture en particulier, donnent la parole à des gens qu’on entend  jamais en temps disons normal, comme si l’urgence, la crise venait légitimer des discours d’habitude considéré comme extrémistes, trop complexes, inaudibles, pas aptes à faire de l’audience, tiens, les auditeurs et les lecteurs seraient-ils devenus intelligents tout à coup ?     

                  Mourir de faim confiné ou mourir du Covid 19

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Mukwege et l’Afrique, donc. Il explique qu’au moins 43 pays sur les 54 que compte l’Afrique sont déjà touchés, certains  sont plus frappés que d’autres, notamment l’Afrique du Sud avec plus de 400 cas, l’Algérie avec 230 cas, le Maroc 143 cas, le Sénégal avec 79 cas.

 La RDC, elle, compte déjà une cinquantaine de cas et quatre décès. « La maladie progresse donc extrêmement rapidement et je suis très inquiet dit-il car même si la population perçoit très clairement le danger, la réalité africaine est cruelle : la pandémie nous guette, et le confinement est pratiquement impossible.

Les gens sont pauvres, vivent au jour le jour, et ont l’impérieux besoin de sortir pour s’alimenter. Comment leur demander de choisir entre mourir de faim en se confinant à la maison ou prendre le risque de mourir du coronavirus en sortant pour gagner leur pain ? C’est un dilemme terrible.

Il nous faut à tout prix miser sur la prévention car nous n’avons clairement pas les moyens de faire face au fléau. Les structures sanitaires sont déficientes sur le continent. Nous n’avons pas d’équipement : masques, gants, chlore, désinfectants, respirateurs pour traiter les malades. A Kinshasa, une ville de près de 12 millions d’habitants, il n’existe qu’une cinquantaine de respirateurs. »

                    L’hôpital public 5ème roue du carrosse

Concernant l’usage de la chloroquine dont hélas l’Afrique ne possède pas de réserve , le médecin congolais rappelle que cette molécule a une propriété antivirale scientifiquement reconnue. Alors poursuit-il,  « faute de disposer encore de médicaments ou de vaccins contre le coronavirus, et considérant la létalité de la maladie, il me semble que la communauté scientifique et médicale devrait sérieusement s’interroger sur son usage pour sauver des vies. »

La journaliste du monde Annyck Cojean lui demande pour finir quelles réflexions lui inspire cette pandémie, et le bouleversement du monde qu’elle provoque ?

Réponse

« Cette épidémie montre les limites du système qu’a créé notre génération. Un système qui n’a pensé qu’à l’économique et à la course au profit rapide, au détriment du social et de l’attention aux autres. Un système qui a complètement perdu de vue certaines valeurs comme la solidarité et n’a eu de cesse de penser « global » pour chercher au bout du monde la main-d’œuvre la moins chère possible en dédaignant l’investissement social. Un système où l’hôpital public a été considéré comme la cinquième roue du carrosse alors qu’il devrait être un rempart.

Qui aurait pu imaginer que des malades d’une société riche puissent mourir devant des médecins désarmés et contraints à d’horribles choix ? Qui aurait pu penser qu’au XXIe siècle, des gens seraient abandonnés à leur sort dans des établissements pour personnes âgées, sans qu’on puisse même leur donner une sépulture ? Tout ceci était impensable il y a à peine trois semaines.

Alors j’espère que l’on apprendra de cette pandémie. Que le monde d’après le coronavirus ne sera plus le même. Que l’homme saura retourner vers l’humain. Que seront réhabilitées les notions d’égalité, de dignité et enfin d’empathie. » fin de citation et que le prix Nobel de la paix soit entendu !

                               Jean-François Meekel

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