L’émirat est partie prenante avec l’Égypte et les États-Unis dans les négociations visant à libérer les otages aux mains des mouvements islamistes palestiniens, en échange d’une trêve dans la guerre entre Israël et le Hamas. Selon l’Unicef, une « tragédie » sanitaire se profile à Gaza.

La rédaction de Mediapart

21 novembre 2023 à 08h40

Les négociations en vue d’une libération des otages retenu·es dans la bande de Gaza après leur enlèvement le 7 octobre en Israël sont dans leur « phase finale », a déclaré mardi un responsable du Qatar, médiateur dans ce dossier. « Nous n’avons jamais été aussi proches d’un accord », a déclaré le porte-parole du ministère qatari des affaires étrangères, Majed al-Ansari.

Le Qatar est partie prenante avec l’Égypte et les États-Unis dans les négociations visant à libérer les otages aux mains des mouvements islamistes palestiniens Hamas et Jihad islamique à Gaza, en échange d’une trêve dans la guerre entre Israël et le Hamas.

Le 7 octobre, le Hamas a mené une attaque d’une ampleur sans précédent contre Israël. Selon les autorités de l’État hébreu, 1 200 personnes, en grande majorité des civils, y ont été tuées et quelque 240 otages ont été emmené·es dans la bande de Gaza, frontalière du sud d’Israël et où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.

Israël, qui a promis d’anéantir le Hamas après cette attaque, bombarde depuis sans relâche la bande de Gaza, où plus de 13 300 personnes ont été tuées, dont plus de 5 600 enfants, selon le gouvernement du Hamas.

Les otages, des Israéliens et des binationaux, sont aux mains du Hamas et du Jihad islamique, autre groupe armé palestinien qui a participé à l’attaque du 7 octobre. Jusqu’à présent, les efforts de médiation ont conduit à la libération de quatre des otages.

« Nous sommes très optimistes et pleins d’espoir », a déclaré Majed al-Ansari aux journalistes lors d’un point de presse à Doha. « Nous souhaitons également que cette médiation aboutisse à une trêve humanitaire », a-t-il ajouté.

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À Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, des bâtiments touchés par les frappes israéliennes, le 17 novembre 2023. © Photo Mohammed Zaanoun / Middle East Images via AFP

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a quant à lui fait état de « progrès », mardi, dans les négociations avec le Hamas concernant la libération des otages. « Je ne pense pas qu’il soit utile d’en dire trop […], mais j’espère qu’il va y avoir de bonnes nouvelles bientôt », a-t-il déclaré sur une base militaire du nord du pays.

Plus tôt dans la journée, un responsable du Hamas a expliqué à la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera que les pourparlers portent sur une trêve temporaire pour organiser l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza et sur un échange d’otages et de prisonniers.

« L’accord attendu comprendra la libération des femmes et des enfants israéliens pris en otage en échange de la libération des enfants et des femmes palestiniens détenus dans les prisons de l’occupation [israéliennes – ndlr] », a-t-il ajouté, accusant Israël de tenter de dicter les termes des négociations tout en continuant à attaquer Gaza afin de « briser la résistance ». « Cela ne se produira pas », a-t-il affirmé.

Des sources au sein du Hamas et du Jihad islamique ont par ailleurs déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) que l’accord de cessez-le-feu envisagé prévoyait la libération de 50 à 100 civils israéliens et internationaux retenus comme otages à Gaza, mais pas de personnel militaire.

En échange, un cessez-le-feu de cinq jours serait mis en œuvre, limitant les opérations aériennes israéliennes au-dessus du sud de la bande de Gaza. En outre, 300 Palestiniens détenus en Israël, dont des femmes et des enfants, seraient libérés, selon l’AFP.

Une « tragédie » sanitaire se profile, selon l’Unicef

Une véritable « tragédie » sanitaire se profile dans la bande de Gaza, en raison du manque de carburant et d’eau, a averti le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) mardi.

« S’il n’y a pas assez de carburant, nous allons assister à l’effondrement des services d’assainissement », a déclaré un porte-parole de l’Unicef, James Elder, lors d’un point de presse en visioconférence depuis Le Caire (Égypte), décrivant la situation comme une « tempête parfaite » causée par l’apparition de maladies.

« Nous manquons cruellement d’eau. Les matières fécales jonchent les zones densément peuplées. Il y a un manque inacceptable de latrines », a-t-il ajouté.

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Le porte-parole a également souligné qu’il était très difficile de pratiquer une hygiène personnelle ou même tout simplement de se laver les mains à Gaza. « Si l’accès des enfants à l’eau et à l’assainissement à Gaza reste limité et insuffisant, nous allons voir une augmentation tragique […] du nombre de décès d’enfants », a relevé James Elder. « Les enfants sont donc confrontés à un risque sérieux d’épidémie de masse », a-t-il insisté.

Un porte-parole de l’OMS, Christian Lindmeier, a indiqué que, pour l’heure, il n’y avait pas de trace de choléra dans la bande de Gaza, où la bactérie qui donne la maladie n’était pas présente avant le déclenchement de la guerre. En revanche, il a souligné que la diarrhée aqueuse dont souffrent des milliers de personnes très diminuées physiquement est tout aussi dangereuse.

La Croix-Rouge rencontre le Hamas

La Croix-Rouge a annoncé lundi soir que sa présidente avait fait le voyage du Qatar pour y rencontrer le chef du Hamas palestinien, Ismaël Haniyeh, afin d’« avancer sur les questions humanitaires liées au conflit armé en Israël et à Gaza ».

« La présidente Mirjana Spoljaric a rencontré Ismaël Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, et séparément les autorités du Qatar », a indiqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un communiqué. Selon le CICR, la visite de Mirjana Spoljaric s’inscrit dans le cadre des efforts pour mener des « discussions directes avec toutes les parties pour améliorer le respect du droit international humanitaire ».

Il souligne que sa présidente a également rencontré « à de multiples reprises ces dernières semaines des familles d’otages détenus à Gaza, ainsi que de hauts responsables israéliens et palestiniens ».

À cet égard, le CICR « insiste pour que [ses] équipes soient autorisées à rendre visite aux otages afin de s’assurer de leur bien-être et pour leur administrer des médicaments, et afin que les otages soient en mesure de communiquer avec leurs familles ».

« Des accords doivent être conclus pour permettre au CICR d’accomplir son travail en toute sécurité. Le CICR ne peut pas pénétrer de force dans les lieux où sont détenus les otages, et nous ne savons pas non plus où ils se trouvent », poursuit le communiqué.

Feu vert de l’UE à la poursuite de l’aide au développement pour les Palestiniens

L’Union européenne (UE) a donné mardi son feu vert à la poursuite de son aide au développement en faveur des Palestinien·nes, après un réexamen qui a montré qu’aucun fond n’avait bénéficié au Hamas. L’UE est le plus important soutien financier aux Palestinien·nes, avec un budget de quelque 1,2 milliard d’euros pour la période 2021-2024.

Le réexamen « n’a identifié aucun élément » montrant que des fonds de l’UE auraient « directement ou indirectement bénéficié à l’organisation terroriste Hamas », a déclaré le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis au cours d’un point de presse à Bruxelles.

« Le système de contrôle en place a fonctionné et, par conséquent, le paiement en faveur des bénéficiaires palestiniens et de l’UNRWA [l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens – ndlr] se poursuivra », a-t-il ajouté.

La Commission a cependant ajouté que des contrôles plus stricts pourraient être mis en place à l’avenir, en particulier liés à d’éventuels cas d’antisémitisme.

Selon un responsable européen, Bruxelles se penche sur des allégations d’incitation à la haine et de glorification du terrorisme dans le cadre de deux contrats, sur un total de 119.

Par ailleurs, des projets pour un montant total de 75 millions d’euros – essentiellement liés à des infrastructures pour la distribution d’eau potable à Gaza – sont désormais impossibles à mener à bien en raison de la guerre en cours, a-t-on précisé de même source.

La question de l’aide européenne au développement pour les Palestinien·nes a mis en lumière de profondes divisions au sein des Vingt-Sept. L’annonce par le commissaire hongrois Oliver Varhelyi d’une suspension de tous les paiements prévus dans le cadre de cette aide au développement avait provoqué un tollé à Bruxelles avant que la Commission ne rectifie le tir et ne souligne qu’il ne s’agissait que d’une révision des programmes existants.

Xi Jinping appelle à une « conférence internationale pour la paix »

Le président chinois Xi Jinping a appelé mardi à une « conférence internationale pour la paix » afin de régler le conflit entre Israël et le Hamas, à l’occasion d’un sommet extraordinaire virtuel des pays émergents des Brics.

« Il ne peut y avoir de paix et de sécurité durables au Moyen-Orient sans une solution juste à la question de la Palestine », a-t-il déclaré par l’intermédiaire d’un interprète.

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Cette conférence permettrait de « travailler vers une solution rapide à la question de la Palestine qui soit globale, juste et durable », a-t-il ajouté.

« Depuis l’éclatement du dernier conflit israélo-palestinien, la Chine s’emploie activement à promouvoir des pourparlers de paix et un cessez-le-feu », a souligné le président chinois dans son intervention.

Pékin « a fourni une assistance humanitaire pour aider à soulager la détresse humanitaire à Gaza » et continuera de le faire, a-t-il assuré.

Deux journalistes et deux civils tués au sud du Liban

Deux journalistes et deux autres civils ont été tués mardi par des frappes israéliennes dans une zone frontalière dans le sud du Liban, ont indiqué l’agence de presse officielle libanaise et la chaîne Al Mayadeen pour laquelle ils travaillaient.

Selon l’Agence nationale d’information (ANI), « trois citoyens – deux journalistes et un autre civil – ont été tués dans un bombardement ennemi » dans la région de Tayr Harfa. Une octogénaire a en outre été tuée et sa petite-fille blessée par une frappe israélienne sur le village de Kfar Kila, d’après la même source.

La chaîne libanaise pro-iranienne Al Mayadeen a annoncé que sa correspondante Farah Omar et son caméraman Rabih Maamari avaient été tués « par une frappe israélienne » alors qu’ils couvraient les bombardements en cours dans le sud du pays.

Ces nouveaux décès portent à cinquante-deux le nombre de journalistes morts depuis le 7 octobre, selon le décompte du Comité pour la protection des journalistes : quarante-cinq à Gaza, quatre en Israël, trois au Liban.

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L’équipe d’Al Mayadeen a été « délibérément visée, ce n’était pas un hasard », a affirmé le PDG de la chaîne, Ghassan Ben Jeddo, dans une déclaration à la télévision. Il a indiqué que le civil tué en compagnie des journalistes était également un « contributeur » de la chaîne, sans précision.

Ghassan Ben Jeddo a souligné que l’incident intervenait après la décision du gouvernement israélien de bloquer les sites internet de sa chaîne.

Depuis le 7 octobre, les affrontements entre Israël et le puissant Hezbollah pro-iranien sont quotidiens.

Le 13 octobre, un journaliste de l’agence Reuters, Issam Abdallah, avait déjà été tué dans un bombardement similaire au cours duquel six autres journalistes – deux de l’AFP, deux de Reuters et deux de la chaîne qatarie Al Jazeera – avaient été blessés. Et un mois plus tard, un caméraman d’Al Jazeera avait été légèrement blessé par des tirs israéliens, alors qu’il couvrait avec d’autres correspondants de presse les bombardements dans le sud du Liban.

Les violences transfrontalières ont fait au moins 92 morts au Liban depuis le 7 octobre, pour la plupart des combattants du Hezbollah, mais aussi au moins 14 civils, selon un décompte de l’AFP. Neuf personnes ont été tuées du côté israélien, parmi lesquelles six militaires, selon les autorités israéliennes.

La rédaction de Mediapart

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