Alors que l’Afghanistan subit les rigueurs de l’hiver, les femmes risquent de ne pouvoir satisfaire aux conditions les plus élémentaires de l’hygiène.

Par Bruno Philip Publié aujourd’hui à 10h46

Manifestation d’Afghanes pour protester contre les restrictions imposées aux femmes par les talibans. Le 28 décembre 2021 à Kaboul.
Manifestation d’Afghanes pour protester contre les restrictions imposées aux femmes par les talibans. Le 28 décembre 2021 à Kaboul. ALI KHARA / REUTERS

Les talibans viennent de prendre une nouvelle mesure destinée à restreindre un peu plus l’espace dévolu aux femmes dans leur vie quotidienne : la branche locale du ministère du vice et de la vertu de la province de Balkh (Nord) a fait savoir en début de semaine que les bains publics seraient désormais fermés aux Afghanes. La mesure se limiterait pour le moment à cette province et à celle d’Hérat, située dans l’Ouest. Mais il se pourrait que cette nouvelle disposition s’étende à d’autres régions de l’Afghanistan.

La mesure ne concerne que les bains publics, les hammams privés étant encore ouverts aux Afghanes. Mais le représentant de ce ministère qui décide de ce qui est islamiquement correct ou non a précisé que les clientes devront porter le voile dans les bains…

La nouvelle réglementation est d’autant plus dure que l’Afghanistan est entré dans les rigueurs de l’hiver et que beaucoup de gens ne disposent ni d’eau courante ni des moyens d’acheter du bois de chauffage. Ce seront donc les femmes qui feront les frais d’une mesure qui va leur rendre difficile de satisfaire à des conditions d’hygiène élémentaires.

Appel à l’aide

Les hommes ne sont pas oubliés par la pudibonderie talibane et vont être soumis à des impératifs plus stricts dans les bains publics : selon Rumi Nematullah Abu Tariq, conseiller pour les affaires religieuses de la province de Balkh, cité par l’agence de presse pakistanaise IG News, les « parties intimes des hommes doivent être cachées dans les hammams ». Etant entendu, a-t-il précisé, que les dites « parties » vont « du bas du nombril jusqu’au dessous du genou ».

Pendant que les mollahs se concentrent sur ces débats essentiels à la vie en société, la situation alimentaire se dégrade dans tout le pays : l’ONU prédit que « 97 % des Afghans » risquent de vivre « sous le seuil de pauvreté d’ici le milieu de l’année ». Selon l’ONG International Rescue Committee, plus de la moitié des 39 millions d’Afghans feront face en 2022 « à de sérieux problèmes alimentaires », neuf millions d’entre eux se retrouvant dans des conditions « proches de la famine ».

La situation est si alarmante que le vice-premier ministre taliban, le mollah Abdul Ghani Baradar, a appelé à l’aide la communauté internationale dans un communiqué diffusé le vendredi 7 janvier : « Le monde doit soutenir le peuple afghan sans aucun parti pris politique et s’acquitter de ses obligations humanitaires. » L

Bruno Philip

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