L’extension de la trêve, jusqu’à 05H00 GMT jeudi, doit permettre la libération au total de 20 otages et 60 prisonniers supplémentaires, selon le médiateur qatari.

Agence France-Presse

28 novembre 2023 à 09h39

Un nouveau groupe d’otages retenus à Gaza, 10 Israéliens et deux étrangers, ont été relâchés mardi en échange de la libération de 30 Palestiniens emprisonnés par Israël, après la prolongation pour 48 heures de la trêve entre le Hamas palestinien et l’armée israélienne.

Plusieurs femmes accompagnées par des combattants palestiniens masqués du Hamas et du Jihad islamique, deux groupes islamistes palestiniens, ont été remises au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Rafah, dans le sud du territoire palestinien près de la frontière égyptienne, selon un photographe de l’AFP sur place.

Les douze otages libérés, « dix Israéliens et deux étrangers », vont être « emmenés vers des hôpitaux israéliens où ils retrouveront leur famille », a indiqué l’armée israélienne, qui a confirmé leur arrivée en Israël via l’Egypte. Selon le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, les deux étrangers sont de nationalité thaïlandaise.

En échange, 30 prisonniers palestiniens, tous des femmes et des jeunes de moins de 19 ans, ont été libérés, a annoncé l’autorité pénitentiaire israélienne.

Entrée en vigueur le 24 novembre, la trêve dans la guerre entre Israël et le Hamas, a été prolongée jusqu’à 05H00 GMT jeudi. Au total 20 otages israéliens et 60 prisonniers palestiniens doivent être libérés lors de cette extension, selon le Qatar, principal médiateur dans les négociations sur le dossier des otages.

Mais, signe d’une situation précaire, un journaliste de l’AFP dans la ville de Gaza a vu l’armée israélienne tirer trois obus de char en direction de dizaines de civils qui tentaient de regagner le quartier de Cheikh Radwan, et au moins un blessé.

L’armée a affirmé que « des suspects s’étaient approchés de troupes israéliennes » et qu’un char avait effectué « des tirs de sommation », tandis que les mouvements palestiniens ont dénoncé des « violations de la trêve » par Israël.

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Des soutiens des familles d’otages brandissent des affiches avec les images de la famille Kalderon et de Liri Albag le 11 novembre 2023 à Tel-Aviv. © Photo Ahmad Gharabli / AFP

La prolongation de la trêve, entrée en vigueur le 24 novembre, permet en parallèle l’entrée de nouveaux camions d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée et bombardée sept semaines durant par l’armée israélienne en représailles à une attaque sanglante lancée le 7 octobre contre Israël par des commandos du Hamas venus de la bande de Gaza voisine.

Selon les autorités, 1.200 personnes, en grande majorité des civils ont été tuées dans l’attaque, inédite dans l’histoire d’Israël.

En représailles, Israël a promis d’« anéantir » le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël, bombardant sans relâche le territoire palestinien et lançant le 27 octobre une offensive terrestre.

D’après le gouvernement du Hamas, 14.854 personnes, dont 6.150 âgées de moins de 18 ans, ont été tuées dans les frappes israéliennes.

Une joie « incomplète »

L’accord de trêve négocié sous l’égide du Qatar, avec l’appui de l’Égypte et des États-Unis, a permis jusqu’à présent la libération de 50 otages israéliens et de 150 Palestiniens écroués dans des prisons israéliennes.

Dix-neuf otages étrangers, en majorité des Thaïlandais vivant en Israël, ont été libérés hors du cadre de cet accord.

Au cinquième jour de la trêve, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou reste soumis à une très forte pression de l’opinion publique, traumatisée par l’attaque du Hamas et qui exige le retour des otages.

« Nous allons libérer tous les otages », a-t-il lancé mardi. « Nous allons détruire cette organisation terroriste (Hamas) et faire en sorte que Gaza ne soit plus une menace pour l’Etat d’Israël », a-t-il répété.

L’armée estime qu’environ 240 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, où le Hamas avait pris le pouvoir en 2007.

Avant l’aube, onze d’entre elles ont été libérées et ont regagné Israël en hélicoptère. Parmi les ex-otages figurent trois adolescents ayant la double nationalité française, Erez et Sahar Calderon, 12 et 16 ans, et Eitan Yahalomi, 12 ans, enlevés au kibboutz Nir Oz, près de Gaza.

Des images diffusées par l’armée ont montré Eitan, dont le père Ohad a lui aussi été enlevé, retrouvant sa mère qui le serrait contre elle.

Les avocats de la famille Calderon ont exprimé leur « immense joie », mais une joie « incomplète » car le père d’Erez et de Sahar, Ofer, reste lui aussi aux mains du Hamas.

Peu après, Israël a libéré 33 Palestiniens.

« Je ne peux pas décrire ce que je ressens. C’est une joie indescriptible », a déclaré l’un d’eux, Mohamed Abou al-Humus, en rentrant chez lui à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, où il a étreint sa mère, selon une équipe de l’AFP sur place.

Mais à Beitunia, en Cisjordanie occupée, les célébrations ont tourné court : un jeune Palestinien a été tué par balle lors de heurts avec les forces israéliennes, selon le ministère palestinien de la Santé.

Mardi, le même ministère a annoncé la mort de deux autres Palestiniens tués par des soldats israéliens en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Blinken de nouveau en Israël

Peu avant la reconduction de la trêve, le bureau de M. Nétanyahou avait accepté d’inclure « 50 prisonnières » dont Ahed Tamimi, jeune icône de la cause palestinienne arrêtée début novembre, à la liste des Palestiniens susceptibles d’être libérés.

En coulisses, les médiateurs s’activent pour prolonger la trêve au-delà de jeudi et le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken est attendu de nouveau en Israël et en Cisjordanie cette semaine.

Les chefs des services de renseignement américain et israélien se trouvent eux à Doha.

Le gouvernement israélien, qui a approuvé une rallonge budgétaire « de guerre » de 30,3 milliards de shekels (7,5 milliards d’euros), a réitéré ces derniers jours son intention de reprendre les combats à l’issue de la trêve.

« Tout est parti »

Plus de la moitié des logements ont été endommagés ou détruits dans la bande de Gaza durant la guerre, selon l’ONU.

Déjà soumis à un blocus israélien terrestre, maritime et aérien depuis 2007, le territoire surpeuplé a été placé le 9 octobre en état de siège total par Israël, et subit depuis de graves pénuries d’eau, de nourriture, de carburant, de médicaments et d’électricité.

Malgré l’arrivée depuis le 24 novembre de centaines de camions dans le petit territoire où 1,7 des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre, la situation reste « catastrophique », a jugé la directrice du Programme alimentaire mondial (PAM) pour le Moyen-Orient, Corinne Fleischer, estimant qu’« il existe un risque de famine » à Gaza.

L’Organisation mondiale pour la Santé (OMS) a elle constaté une « augmentation massive » de certaines maladies contagieuses.

Des milliers de Palestiniens, déplacés dans le sud de la bande de Gaza, ont profité de la trêve pour rentrer chez eux dans le nord, la région la plus dévastée, ignorant l’interdiction de l’armée israélienne qui y a pris le contrôle de plusieurs secteurs.

« J’essaie de retrouver des souvenirs de ma maison », raconte un Palestinien d’al-Zahra, en montrant les montagnes de décombres, là où se trouvait sa maison, détruite par des frappes israéliennes.

« Al-Zahra était la plus belle ville du monde (…) et maintenant elle a disparu », dit Zein Ashour, une jeune femme qui habitait aussi ce quartier aujourd’hui rasé.

Taghrid al-Najjar, une mère de famille de 46 ans, a trouvé refuge avec sa famille dans une école du sud de la bande de Gaza, avant de rentrer chez elle dans le village d’Abassane, dans le même secteur, et de découvrir sa maison détruite. « Vingt-sept ans pour la construire et tout est parti! »

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