Publié hier à 02h03, mis à jour à 10h43

300 kilomètres séparent la Libye de l’île de Lampedusa et de l’Europe. Une traversée de la Méditerranée périlleuse, que des dizaines de milliers de migrants tentent chaque année. Depuis 2017, lorsqu’ils sont repérés en mer, une partie d’entre eux est rapatriée en Libye, où ils peuvent subir tortures, viols et détentions illégales. Des exactions régulièrement dénoncées par les Nations unies.

L’Union européenne a délégué à la Libye la responsabilité des sauvetages en mer dans une large zone en Méditerranée, et apporte à Tripoli un soutien financier et opérationnel. Selon les images et documents collectés par Le Monde, cela n’empêche pas les garde-côtes libyens d’enfreindre régulièrement des règles élémentaires du droit international, voire de se rendre coupables de violences graves.

Surtout, l’enquête vidéo du Monde révèle que, malgré son discours officiel, l’agence européenne de gardes-frontières Frontex semble encourager les rapatriements de migrants en Libye, plutôt que sur les côtes européennes. Les données de vol du drone de Frontex montrent comment l’activité de l’agence européenne se concentre sur la zone où les migrants, une fois détectés, sont rapatriés en Libye. Entre le 1er juin et le 31 juillet 2021, le drone de Frontex a passé 86 % de son temps de vol opérationnel dans cette zone. Sur la même période, à peine plus de la moitié des situations de détresse localisées par l’ONG Alarm Phone y étaient enregistrées.

Arthur Carpentier, Marceau Bretonnier et Service vidéo du Monde

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