Architecte dintérieur, chorégraphe, chercheuse… Mariette Auvray a sillonné Israël et les territoires occupés à la rencontre de ces militantes.

Par Mouna El Mokhtari Publié hier à 19h00

Safaa Hathot dénonce autant les lois racistes du gouvernement israélien que le patriarcat dans ses morceaux de rap.
Safaa Hathot dénonce autant les lois racistes du gouvernement israélien que le patriarcat dans ses morceaux de rap. DRYADES FILMS

LCP-AN – MARDI 2 NOVEMBRE À 20 H 30 – DOCUMENTAIRE

« Etre palestinien est un fardeau, dans le sens où on doit toujours se défendre, se justifier », constate Ghadeer Dajani. Cette trentenaire, architecte d’intérieur à Bir Zeit, petite ville universitaire proche de Ramallah, en Cisjordanie, présente, sourire aux lèvres, les objets qu’elle fabrique avec ses compatriotes au sein de l’ONG Disarming Design. Un oreiller de voyage aux couleurs palestiniennes et en apparence classique est en fait rempli de pierres qui l’alourdissent. « C’est la sensation qu’éprouvent tout le temps les Palestiniens », explique-t-elle.

En juin 2019, la documentariste Mariette Auvray est allée à la rencontre de huit femmes trentenaires pour raconter la culture palestinienne parce que, dit-elle, « elles en sont pour moi les dépositaires » tout autant que « d’une certaine idée de résistance ».

Après un rapide et utile rappel des faits sur la situation israélo-palestinienne et sa géographie éclatée, le voyage commence. Direction la Galilée, et la ville « mixte » d’Acre, à la rencontre de Safaa Hathot. Dans ses jolis morceaux de rap, la chanteuse dénonce autant les lois racistes du gouvernement israélien que le patriarcat. Des créatrices de mode se réapproprient des motifs traditionnels palestiniens, symbole de résistance, pour fabriquer des vêtements.

Procédé du road trip

Samaa Wakeem, danseuse et chorégraphe, ravive le passé de la ville d’Haïfa, à travers des performances jouées dans la rue. Mirna Barnieh, artiste-chercheuse et chef, dénonce l’appropriation de la cuisine palestinienne par la société israélienne, travaille à la rendre visible et à la faire voyager, quand les Palestiniens sont assignés à une mortelle immobilité.

De Haïfa à Ramallah en passant par Jérusalem, de la mode au cirque, le procédé du road trip et de ses nombreux paysages est particulièrement pertinent pour montrer cette assignation mais aussi l’invisibilisation de la culture et de l’histoire palestiniennes. Face à cette guerre d’usure, où les moindres déplacements sont compliqués, les discriminations légalisées et les espaces publics accaparés, ces huit femmes tracent des lignes d’horizon en créant leurs propres espaces d’expression et de culture, et infligent la défaite aux tentatives de déshumanisation de leurs identités, réinjectant la vie et le mouvement au sein de l’un des plus longs conflits internationaux et de l’occupation.

La diffusion du film est suivie d’un débat animé par Jean-Pierre Gratien avec Inès Abdel Razek, directrice du plaidoyer pour le Palestine Institute for Public Diplomacy, Alexandra Schwartzbrod, directrice adjointe de la rédaction de Libération et ancienne correspondante à Jérusalem, et Georges Malbrunot, grand reporter pour Le Figaro, spécialiste du Moyen-Orient. https://www.youtube.com/embed/HbfXlXLmch0?autoplay=0&enablejsapi=1&origin=https%3A%2F%2Fwww.lemonde.fr&widgetid=1

Palestiniennes, un documentaire de Mariette Auvray (France, 2020, 53 min). Disponible sur LCP. fr jusqu’au 15 novembre 2021.

Mouna El Mokhtari

Images liées:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.