Par Pierre Penin

L’État mobilise plusieurs communes à travers le pays, pour « desserrer » certaines zones. La ville côtière offrira un répit à des exilés, le temps qu’ils formulent une demande d’asile

En 2017, 25 migrants étaient accueillis dans le centre d’accueil et d’orientation de l’Afpa, à Bayonne. © Crédit photo : Archive Jean-Daniel Chopin

Bidart se tient prête à accueillir plusieurs dizaines de personnes migrantes, pour un temps de pause dans « un gîte » de la commune, selon les termes de la préfecture qui confirme l’information de « Sud Ouest ». Plus précisément, l’État indique avoir « réservé » le lieu pour recevoir « jusqu’à 50 personnes ».

Une opération à situer « dans le cadre de la solidarité nationale afin de desserrer des sites sur occupés », ailleurs en France. Les personnes attendues sont très vraisemblablement des exilés parmi les centaines actuellement bloquées à Calais, dans l’attente d’une occasion pour tenter le passage vers l’Angleterre. Sur le même sujet

Bidart compte parmi plusieurs autres destinations envisagées par l’État, pour d’autres opérations de « desserrement ». Les personnes qui accepteront de prendre le car pour la Côte basque auront a priori intégré le fait d’abandonner leur dessein britannique. Ils seront accueillis dans ce que l’État a pu nommer par le passé centre d’accueil et d’orientation (CAO).

Demande d’asile

C’était l’appellation en vigueur en 2013, puis 2017, lorsque Saint-Étienne-de-Baïgorry et Bayonne accueillirent des CAO. Dans le village de Basse-Navarre, il s’agissait déjà de « desserrer » la « jungle » de Calais. Bayonne avait reçu des personnes venues de la cité nordiste de Grande-Synthe.

L’accueil bidartar ressemblera grandement aux expériences locales précédentes. Selon les services préfectoraux, il s’agira là encore de « procéder à l’évaluation de la situation » des migrants, afin de les orienter vers les « dispositifs ad hoc ». Concrètement, leur permettre de formuler une demande d’asile (1), les diriger ensuite vers les structures et organismes en charge de les instruire. En 2013 et 2017, une alternative était possible : bénéficier « l’aide au retour volontaire » dans le pays d’origine (2).

accueillir des personnes fuyant les guerres et les persécutions est avant tout répondre à un impératif humanitaire

Avec Atherbea

À « Baigorri » et Bayonne, l’État s’était appuyé sur le savoir-faire de l’association Atherbea. L’incontournable structure de l’action sociale au Pays basque sera cette fois encore chargée de l’accueil des exilés volontaires, de leur accompagnement. Ceux-ci ne seront pas « retenus », mais hébergés et nourris, libres d’aller et venir.

Les services de l’État dans les Pyrénées-Atlantiques tiennent à souligner qu’ « accueillir des personnes fuyant les guerres et les persécutions est avant tout répondre à un impératif humanitaire ». Le maire de Bidart, Emmanuel Alzuri, use de mots similaires et conçoit “une certaine fierté à être capable d’accueillir cette solidarité-là”. Son équipe municipale en a unanimement validé le principe. “C’était il y a un mois. J’ai parlé avec les élus de ce souhait de l’Etat et j’ai dit que je n’y étais pas défavorable.”

La préfecture parle d’une « mise à l’abri » seulement « temporaire ». Un terme est fixé au 20 février. “Nous avons validé cette période test”, confirme le premier magistrat. Elle correspond à la période de fermeture du centre de vacances que louera l’Etat pour l’opération.

(1) En 2019, avant la crise sanitaire, environ 130 000 demandes d’asile étaient faites à la France. Environ un tiers avaient trouvé une issue favorable. (2) Entre 300 et 650 euros par personne et une assistance administrative.

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